Sphénodon
Véritable fossile vivant venu tout droit de la préhistoire, le sphénodon ou tuatara est aujourd’hui l’unique représentant de l’ordre des rynchocéphales.
Les sphénodons ou rhynchocéphales constituent un groupe ancien de lépidosaures. Ils représentent une lignée à part dans l’évolution des diapsides qui a conduit aux lézards et aux serpents.
Le seul survivant des rhynchocéphales est le tuatara, Sphenodon punctatus, que l’on trouve uniquement dans une trentaine de petites îles au large de la Nouvelle-Zélande.
Ces îles n’ont jamais été colonisées par des lézards de grande taille qui auraient pu le concurrencer.
On a identifié une autre espèce de sphénodon sur l’île North Brother, dans le détroit de Cook : Sphenodon guntheri.
L’évolution du sphénodon
La lignée évolutive qui a conduit aux lépidosaures
actuels, les nombreuses espèces de lézards et serpents
modernes, prend naissance chez un ancêtre de type éosuchien
au Permien inférieur.
Un troisième groupe de lépidosaures, les sphénodons,
n’a pas rencontré un tel succès.
Les lépidosauriens forment l’immense majorité des reptiles actuels, soit près de 6 000 espèces. Les plus connus sont les lézards et les serpents, et le plus rare, le sphénodon.
Les sphénodontiens ou rhynchocéphales sont apparus
au Trias supérieur et bon nombre d’entre eux évoluèrent
pendant le Jurassique.
Ils ont été florissants pendant tout le mésozoïque
et ils ont occupé des niches écologiques variées.
Certains étaient insectivores, d’autres de plus grande
taille pouvaient brouter la végétation.
Par la suite, ces membres commencèrent à décliner,
reculant face aux véritables lézards, déjà
bien implantés à l’époque.
Les vrais lézards, apparus au Jurassique, se sont différenciés
rapidement. Dès le Crétacé, on retrouve des
groupes qui seront à l’origine des familles actuelles.
Le sphénodon est endémique à la Nouvelle-Zélande. © dinosoria
Le sphénodon est protégé, notamment du kiore, un rat, Rattus exulans, introduit par l’homme. On sauvegarde également cette espèce grâce à l’incubation artificielle.
Morphologie du tuatara
La robe du sphénodon peut être grise, olive ou rouge brique. Le mâle peut mesurer jusqu'à 60 cm de long tandis que la femelle ne dépasse pas 40 cm. Le poids varie de 400 g à 1 kg. Le mâle affiche une crête dorsale ainsi que sur le cou. Elles sont beaucoup moins développées chez la femelle.
Il possède des caractères anatomiques que l’on
retrouve chez les lézards primitifs. Le plus surprenant est
ce troisième œil.
En effet, on remarque, au sommet de son crâne, un petit orifice
qui correspond à un troisième œil. Aujourd’hui,
cet œil n’est sans doute plus fonctionnel.
La pupille forme une fente verticale comme chez tous les animaux nocturnes. © dinosoria
L’autre particularité du sphénodon est qu’il
ne respire généralement que toutes les 7 secondes.
Au repos, il peut retenir sa respiration pendant une heure.
Le sphénodon est encore appelé hattérie ponctuée. D’apparence massive, il évolue la tête haute. Sa crête dorsale et cervicale, constituée d’écailles cornées mobiles, lui a valu le sobriquet de tuatara (porteur d’épines) par les Maoris.
Le sphénodon est dépourvu d’oreilles externes et possède de chaque côté du crâne deux grandes ouvertures.
Comme les lézards, le sphénodon est capable de laisser sa queue à un prédateur. Mais la partie qui repousse est plus courte que le bout de queue perdu et sa couleur est différente ainsi que le dessin.
Mode de vie. Alimentation de Sphenodon punctatus
Les îles qui abritent le sphénodon sont fréquemment exposées à des vents violents. Les températures sont froides et le taux d'humidité très élevé. Cependant, ce reptile est plus à l’aise avec des températures comprises entre 10 et 15°C. C’est le reptile le plus actif quand les températures sont basses.
Nocturne, ce reptile passe la journée dans un terrier. Il
occupe généralement l’un des terriers abandonnés
par les pétrels qui vivent à proximité.
La vie du sphénodon est très influencée par
les pétrels. Ces oiseaux de mer creusent des terriers et
retournent le sol pour y déposer du guano, riche en minéraux.
Le guano constitue une bonne part du régime alimentaire du
sphénodon.
Le sphénodon est un solitaire. © dinosoria
La nuit venue, il sort de son repaire pour chasser les arthropodes, les vers de terre, les escargots, les oeufs d'oiseaux, les petits oiseaux, les grenouilles et les lézards Il fait preuve de patience et dès qu’une proie passe à sa portée, la saisit avec sa langue.
Il broie et dépèce les coléoptères
de petite taille. Pour les plus grosses proies, il les embroche
avec ses incisives osseuses.
Sa mâchoire supérieure est équipée de
deux rangées de dents et sa mâchoire inférieure
en contient une.
Il peut également se repaître d’œufs ou de poussins. Il n’hésite pas à manger ses jeunes.
Reproduction du sphénodon
La maturité sexuelle n'intervient qu'entre 10 et 20 ans. Le cycle de reproduction du sphénodon est le plus long connu de tous les reptiles.
Le mâle n’a pas de pénis. La fécondation s’effectue uniquement par le contact entre les cloaques des deux partenaires.
La femelle ne se reproduit qu'une fois tous les 4 ans. L'accouplement a lieu entre janvier et mars et les oeufs sont pondus entre octobre et décembre de l'année suivante. L'incubation dure donc entre 12 et 15 mois selon la température extérieure. Le développement de l'embryon s'interrompt pendant les mois d'hiver.
La femelle creuse une cuvette
dans le sol pour y déposer de 5 à 18 œufs. Elle
les recouvre de terre et les abandonne.
Les jeunes se développent très lentement. Leur taux
de croissance dépend de la température. Plus il fait
chaud, plus le sphénodon grandit vite.
Sphenodon punctatus. © dinosoria
Sur les territoires des mâles qui sont deux fois plus gros,
vivent plusieurs femelles. Si un autre mâle s’aventure
à tourner autour des femelles, les combats sont inévitables.
Le plus rapide saisit l’autre à la tête et au
cou pour l’entraîner dans un combat au sol. La lutte
s’accompagne de cris rauques et de blessures allant jusqu’à
la fracture des mâchoires.
Le métabolisme du sphénodon est très lent. Il n'est pas rare que des individus vivent plus de 100 ans. La longévité moyenne est de 60 ans environ.
Protection du sphénodon
Dès 1895, la Nouvelle-Zélande accordé une protection juridique très stricte au sphénodon. L'accès aux îles est d'ailleurs très réglementé. Toute détention d'un sphénodon par un zoo fait l'objet d'une procédure particulière.
Cette espèce est inscrite à l'Annexe I de la CITES.
On évalue à une centaine de milliers la population des sphénodons.
Classification: Animalia. Chordata. Reptilia. Rhynchocephalia. Sphenodontidae. Sphenodon
V.Battaglia (18.07.2005)
Histoire et évolution du serpent
Références
Newman, Don. 1987. "Tuatara." Endangered New Zealand Wildlife Series. John McIndoe, Limited. Dunedin, New Zealand.
Spénodon, éditions Prixma 2001
Sphénodon, Encyclopédie Larousse des Animaux, 2006
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