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Sangsue
Sangsue médicinale
Utilisée en médecine depuis le IIe millénaire avant notre ère, la sangsue est aujourd’hui en voie d’extinction. Parmi les 800 espèces de sangsues existantes, Hirudo medicinalis, la sangsue médicinale, est une véritable alliée pour notre santé.
Les propriétés anticoagulantes et anti-inflammatoires de sa salive sont utilisées dans différents domaines de la médecine.
Comme de nombreux animaux et plantes, cette sangsue est au bord de la disparition alors que son intérêt sur le plan médical est évident.
Caractéristiques de la sangsue
Sorte de ver vivant dans l’eau douce, la sangsue absorbe le sang des vertébrés. Sangsue de très grande taille (7 à 9 cm), Hirudo medicinalis possède un corps bleuté rayé longitudinalement de rouge et de noir.
Il existe d'autres espèces de sangsues médicinales en Amérique du Nord et en Asie.
La sangsue médicinale, originaire d’Europe, a toujours
été l’espèce la plus recherchée.
La sangsue possède une ventouse à chaque extrémité.
Elle absorbe le sang après avoir pratiqué une incision
dans la peau, grâce à trois mâchoires entourant
sa bouche.
Bouche d'une sangsue médicinale . © Lionel Mendez
Elle conserve ce sang dans un tube digestif dilatable. Il peut contenir 55 grammes de sang.
Une fois repue, la sangsue relâche sa proie.
Les anciennes civilisations et la sangsue
On attribuait autrefois la maladie à une mauvaise répartition
des principaux liquides organiques du corps, ou humeurs.
Le traitement consistait donc à se débarrasser de
l’excédent de sang ou d’humeur.
Une sangsue bien accrochée à un doigt. By Charles Haynes
On pratiquait la saignée soit en incisant une veine à l’aide d’une lame ou d’une aiguille et en appliquant des ventouses, soit en utilisant des sangsues.
Une des peintures décorant les murs du tombeau d’un
scribe égyptien dénommé Userhat, mort en 1308
avant notre ère, représente un malade en consultation.
Assis sur un tabouret, le patient se penche vers le médecin,
qui lui applique des sangsues sur le front.
La sangsue est utilisée en médecine depuis la nuit des temps. By Ryan Wick
L’une des plus anciennes ordonnances qui nous soient parvenues remonte au IIe siècle avant notre ère. Elle fut émise par le médecin grec Nicander, qui préconisait la pose de sangsues contre les morsures venimeuses.
D’autres praticiens les prescrivaient pour lutter en particulier contre l’épilepsie, la migraine, la pleurésie, la gangrène ou la goutte.
Dans la plupart des cas, les sangsues ne firent probablement ni bien, ni mal aux patients.
La sangsue et la médecine moderne
Les sangsues peuvent rendre de précieux services dans certaines
opérations délicates telles les greffes d’oreilles,
de doigts ou de peau.
Avant que la circulation ne se rétablisse normalement, le
sang stagne dans l’organe greffé, tuméfiant
les tissus.
Appliquées sur la greffe, les sangsues apportent un soulagement
immédiat et accélèrent la guérison.
Les enzymes qu’elle injecte stimulent la formation de nouveaux
capillaires sanguins que les chirurgiens sont incapables de réparer.
De plus, elle diminue le risque de rejet du greffon.
En outre, elles injectent un anticoagulant qui induit un léger saignement.
Il reste peu de sangsues médicinales à l'état sauvage en Europe. © Lionel Mendez
Encore remboursée en France par la Sécurité
sociale dans les années 1970, l’utilisation d’Hirudo
medicinalis en médecine générale est aujourd’hui
anecdotique.
Cependant, elle redevient à la mode.
On l’utilise notamment pour les phlébites, le syndrome du gros bras (après un cancer du sein), ou encore l’arthrose du genou.
Elle est également utilisée en chirurgie cardiaque. Un élevage de sangsues au pays de Galles fournit chaque année des dizaines de milliers de sangsues aux chirurgiens du monde entier.
La sangsue médicinale en danger
Jusqu’à la fin du 19e siècle, plus de 50 millions de sangsues médicinales peuplaient les mares et les étangs français.
Aujourd’hui, elles sont au bord de l'extinction, en France, à l’état sauvage. L’assèchement des marais a fait énormément de tort à l’espèce.
Hirudo medicinalis. By Ian boyd
La pollution, les engrais, les pesticides et herbicides ont fini de l’achever.
Il en reste encore une petite population dans les lacs d’Asie centrale et certaines zones marécageuses du sud de la Russie.
Une sangsue non médicinale agrandie au microscope. By Bissmbnn
Il existe deux solutions pour ménager les populations sauvages : limiter le commerce des sangsues médicinales et les faire reproduire en élevage.
Par contre, ces solutions ne peuvent pas restaurer l’espèce.
Hirudo medicinalis est protégée par la convention de Washington depuis 1981.
Aujourd’hui, quatre entreprises dans le monde (Russie, France, Allemagne et Pays de Galles) font l’élevage de cet animal.
Sangsue médicinale. By Pavla Tochorová (Domaine public)
La réintroduction de l’espèce dans son environnement
se heurte à la répulsion qu’elle inspire. C’est
d’ailleurs l’inconvénient majeur de son utilisation
en médecine.
Cependant, quelques centaines de sangsues pourraient bientôt
rejoindre, sous contrôle, certains étangs des Landes
(France).
Si ce test s’avère positif, le projet de réintroduction
s’étendra sur le reste du territoire Aquitain, puis
à d’autres régions.
Cette sangsue nous est trop utile pour que nous la laissions disparaître et les résultats sont beaucoup plus efficaces avec des sangsues sauvages.
D’autres remèdes d’antan
Dans les remèdes d’autrefois, certains avaient réellement des vertus thérapeutiques et sont encore prescrits aujourd’hui. Mais, la plupart étaient nocifs ou inefficaces et d’une manière générale plutôt repoussants.
Les excréments de mouches, de crocodiles, de pélicans et même d’hommes étaient recommandés contre les maux les plus divers.
Sangsue médicinale. Biopix . (CC BY-NC 3.0)
Ainsi, un médecin égyptien traitant la cécité versait-il un liquide extrait de l’œil d’un porc dans l’oreille du patient. A cette époque lointaine, on pensait qu’il existait un conduit reliant l’oreille à l’œil.
Néanmoins, certains de ces remèdes plutôt écoeurants
donnaient des résultats positifs. Par exemple, les Chinois
traitaient les maladies oculaires avec de la crotte de chauve-souris,
censée être efficace dans le cas d’héméralopie.
Des analyses ont en effet montré que les excréments
de chauves-souris contenaient beaucoup de vitamine A, principe actif
toujours utilisé aujourd’hui par les ophtalmologistes.
Les excréments de chauve-souris ont été utilisés en médecine. By Lee Carson
En Inde, autrefois, un bon chirurgien disposait toujours d’une
poignée de grosses fourmis noires.
Dans un traité médical datant de 2 000 ans, le savant
Sushruta mentionnait l’utilisation des fourmis en chirurgie.
Elles servaient à suturer les blessures abdominales.
« D’après certains médecins, écrivait-il, les grosses fourmis noires devraient également être utilisées dans les perforations intestinales. Dès que leurs mandibules se sont refermées, les corps seront minutieusement détachés des têtes. Il suffira ensuite de remettre soigneusement les intestins en place ».
Cette tradition a longtemps subsisté, notamment en Amérique du Sud, où l’on utilisait les guerrières de l’espèce Eciton bruchelli. Ces grosses fourmis noires sont dotées de puissantes mandibules recourbées qui transpercent aisément les chairs et ne lâchent pas prise.
Classification: Animalia. Annelida. Clitellata. Hirudinea.
Arhynchobdellida.
Hirudinidae.
Hirudinariinae.
Hirudo
V. Battaglia (23.11.2005). M.à.J 02.2009
Sur le Net
Une page très instructive sur la place des sangsues dans la vie de nos ancêtres au 19e siècle