OurLa cité. Les tombes royales. Rites funérairesEn 1927-1928, dans les ruines de l’ancienne capitale d’Our, des archéologues anglais retrouvent seize tombes royales des dignitaires de la Ier dynastie d’Our (entre 2600 et 2400 avant notre ère). |
La cité d’Our La fondation de la cité remonte à la période d’El-Obeid (4500-4000 avant notre ère). Elle se présente à l’époque comme un village bien organisé, presque exclusivement dédié à l’agriculture et à l’élevage. Ziggourat d'Our. By M. Lubinski . (CC BY-SA 3.0) Vers 2300 avant notre ère, le roi sémitique Sargon fonde le royaume d’Akkad, ville plus au nord, et conquiert le territoire du golfe Persique. Our va demeurer pendant deux siècles un lieu de culte important du dieu lunaire Nanna. La ziggurat (ou ziggourat) d’Our faisait partie du temple du dieu de la Lune. Elle comprenait probablement trois étages. Aujourd’hui, seul subsiste le premier niveau. Ruines de la ville. By Danielle Kellogg . (CC BY-SA 3.0) Our parvient à son apogée grâce au commerce florissant. Des navires partent de la cité vers les côtes arabes, l’Iran et dans la vallée de l’Indus. Les marchands qui arrivaient à Our devaient franchir les immenses murailles de briques crues. L’Euphrate baignait les murs de la ville, sans doute amené jusque là par des canaux. On a retrouvé les traces de deux ports avec des docks, des entrepôts et des quais. By Danielle Kellogg . (CC BY-SA 3.0) Sous le règne d’Our-Nammou, la ville couvrait une superficie de plus de 60 ha et protégeait une population d’environ 24 000 personnes. Vie quotidienne à Our Les habitants les plus pauvres occupaient des maisons modestes alors que les plus riches possédaient des maisons avec de nombreuses pièces et même une chapelle privée. L’ameublement semblait plutôt sommaire : tabouret, table, coffre en bois. La plupart des gens dormaient sur des nattes bien qu’on ait retrouvé des lits.
Les tablettes d’argile gravées nous permettent de bien connaître la vie quotidienne à Our. L’organisation sociale est très hiérarchisée et non égalitaire, ni entre les sexes, ni entre les couches sociales. Le père jouit d’une position très privilégiée au sein de la famille, selon le code détaillé instauré par Our-Nammou et ses successeurs. Le système social étant patriarcal, tous les avantages sont accordés à l’homme :
Seuls les enfants des familles aisées vont à l’école appelée « maison des tablettes ». Il leur fallait apprendre les 600 signes qui composent l’écriture cunéiforme sumérienne. Ecriture cunéiforme. (Musée de Bagdad). By Woodiefish . (CC BY-NC-ND 3.0) Les enfants des familles plus pauvres travaillent aux champs ou des dans les ateliers dès leur plus jeune âge. Parfois, les pères les vendaient comme esclaves. Les femmes travaillaient essentiellement dans la filature. La laine était l’une des plus importantes industries. Les artisans étaient regroupés par corporation et par quartier. Ils étaient, pour la plupart, payés mensuellement en ration de nourriture, l’orge par exemple. Au plus bas de l’échelle sociale se trouvaient les esclaves, prisonniers de guerre, enfants vendus ou hommes endettés. La ziggourat d’Our Cette ziggourat, commencée par le roi Ur-Nammu (ou Our-Nammou) et achevée par son fils Sulgi, constituait le lien entre la Terre et le ciel, entre l’Homme et son dieu. L’enceinte sacrée abritait des ateliers, des réserves de nourriture, du bétail. Ces offrandes étaient destinées à Nanna. Ziggourat d'Our. By M. Lubinski . (CC BY-SA 3.0) Il y a avait également des quartiers royaux utilisés pour les cérémonies. La ziggourat repose sur un socle de 60 m sur 45. De larges escaliers conduisent du rez-de-chaussée jusqu’au temple du dieu Lune Nanna. Les tombes royales et les rites funéraires Les seize tombes royales comprennent un ensemble de six fosses sans caveau et dix tombes contenant un caveau à une ou plusieurs chambres.
Celle de la reine Puabi, qui vécut aux environs de 2500 avant notre ère, abritait un char de bois décoré d’une mosaïque de pierres de couleur et de nacre blanche. Harpe ouvragée. (British Museum). By Kevin Saff . (CC BY-NC-ND 3.0) On a exhumé des coiffes en lapis-lazuli, ornées de feuilles en or, des poignards en or, des tables de jeu faites de carré de coquillages, des couronnes de feuilles d’or qui étaient le symbole de la puissance. La plus grande des sépultures était vide car elle avait été pillée mais il y restait ce que l’on a appelé « l’étendard d’Our ». "Etendard 'Our" (vers 2600 avant notre ère. British Museum). By Seriykotik 1970 . (CC BY-NC-ND 3.0) Il s’agit d’une mosaïque composée de coquille marine, de lapis-lazuli et de cornaline, incrustée sur une boite de 45 cm de long. "Etendard 'Our" (vers 2600 avant notre ère. British Museum). By Seriykotik 1970 . (CC BY-NC-ND 3.0) Les chercheurs découvrirent également les traces de rites funéraires assez macabres. Les monarques étaient enterrés avec leur entourage. A côté de chaque victime, on a retrouvé une petite coupe ce qui laisse supposer une mort par empoisonnement, peut-être volontaire. Our, patrie d’Abraham ? « Térakh engendra Abram, Bahkor et Aran, Aran engendra Loth. Et Aran mourut en présence de Térakh, son père, dans le pays de sa naissance, à Our des Chaldéens […] Térakh prit Abram, son fils, et Loth, le fils d’Aran, son petit-fils, et Sarah, sa belle-fille, la femme de son fils Abram, et ils quittèrent ensemble Our des Chaldéens, pour se rendre dans la terre de Canaan, et ils arrivèrent à Harran, où ils s’établirent » (Genèse, XI, 28, 31). Ainsi commença, à partir d’Our, la migration de la tribu de Térakh, dont descend le peuple d’Israël. Vers le milieu du IXIe siècle, des chercheurs découvrirent que certains passages des Ecritures se rapportaient à des évènements et des lieux ayant existé. Ornementation félin retrouvée dans une tombe royale. By Brendan Adkins . (CC BY-NC-ND 3.0) Si la famille d’Abraham a vécu à Our, elle n’y est pas restée longtemps. En effet, Abraham est décrit comme un Sémite nomade vivant sous une tente. La tribu d’Abraham était peut-être l’une de celles qui migraient des déserts d’Arabie vers des terres plus fertiles. Our, victime du Déluge ? Dans la mythologie sumérienne, le Déluge est décrit exactement comme dans la Bible. Seul le nom de l’élu change et Noé devient Outa-napishtim. Lors de l’excavation du cimetière royal, l’archéologue Wooley mis au jour une couche d’argile épaisse de 3 m. Elle contenait des débris d’embarcation datant de 4000 ans avant notre ère. V.Battaglia (06.11.2007) Naissance de l'écriture . Mésopotamie ancienne Références bibliographiques Les premières civilisations : la Mésopotamie. L’histoire du Monde N°2 ; éditions Larousse 1993 |