OuistitiParmi
tous les singes, le ouistiti est l’un des
plus petits et des plus domestiqués au
monde. Doté d’un pelage exceptionnellement
coloré, ce singe a acquis très tôt
une grande popularité. Pourtant, le ouistiti
demeure assez mal connu. |
Le ouistiti : un singe du Nouveau Monde Les singes du Nouveau Monde, plus précisément ceux vivant en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, se répartissent en deux familles :
Sapajou capucin ou singe capucin (Cebus capucinus) . By g-na . (CC BY-NC-ND 3.0)
Tamarin empereur (Saguinus imperator). By Tim Ellis . (CC BY-NC-ND 3.0) Le tamarin de Goeldi (Callimico goeldi) est classé dans un genre à part, Callimico, dont il constitue la seule espèce. En effet, contrairement aux autres ouistitis et tamarins, il possède 36 dents au lieu de 32. Il pèse 400 à 530 g. Ce tamarin vit dans les forêts du Brésil, de Bolivie, du Pérou et de Colombie. Il est à noter que la femelle ne met au monde qu'un seul petit à la fois. De plus, les mâles s'impliquent peu dans l'éducation des petits. Tamarin de Goeldi . By Lemai 13 . (CC BY-NC-ND 3.0) Minuscules singes arboricoles, les Callitrichidae vivent essentiellement en Amérique du Sud. Avec leur fin pelage soyeux, leur longue queue et toute une gamme de touffes, de crêtes, de crinières ou de moustaches, cette famille comporte les singes les plus colorés du monde. Ouistiti argenté (Callithrix argentata). By Lil Butcher . (CC BY-NC-ND 3.0) Cette famille présente des caractères extrêmement particuliers qui la distinguent nettement des autres primates :
Les Callitrichidae se distinguent des Cébidés par la possession de griffes à tous les doigts, sauf au gros orteil, pourvu d’un ongle. C’est parmi cette famille que l’on trouve l’un des plus petits singes du monde : le ouistiti mignon (Callithrix pygmaea) qui ne dépasse pas 25 cm pour moins de 150 grammes. Ouistiti pygmée ou mignon. By Marko K . (CC BY-NC-ND 3.0) Le record est tenu par le galago de Demidoff, un prosimien, qui pèse 100 grammes. Parmi les huit espèces de ouistitis, les plus répandus sont :
Les petits vampires de la forêt Fruits
ou petites proies, les puissantes mâchoires
des ouistitis s’accommodent de la diversité.
La forêt équatoriale leur fournit
un aliment de choix : les gommes. Ce
sont les seuls primates à pratiquer régulièrement
des incisions dans les arbres gommeux. Leurs incisives
développées ont la forme d’une
gouge de menuisier : outil courbe, à bout
tranchant et creusé d’un canal. Le ouistiti mignon passe jusqu’à 2/3 de son temps d’alimentation à racler les arbres. Le ouistiti possède de puissantes mâchoires. By Joachim S.Müller . (CC BY-NC-ND 3.0) Ces sécrétions résineuses sont riches et très appréciées de tous les ouistitis. C’est pourquoi, les différentes espèces n’occupent jamais les mêmes aires forestières et évitent ainsi la concurrence. Les ouistitis sont très friands d’insectes. Avec divers fruits tendres, ces deux aliments constituent la base de leur menu. Tamarin lion doré (Leontopithecus rosalia). By Jan Tik . (CC BY-NC-ND 3.0) Ils
ont une manière particulière de
tuer leurs proies. Ils tiennent fermement l’insecte
par le cou et percent sa boîte crânienne
d’une morsure rapide. Un singe arboricole Souples
et légers, les ouistitis bondissent de
branche en branche. Contrairement à de
nombreux primates arboricoles, ouistitis et tamarins
n’ont pas de pouce opposable. De ce fait,
ils ne peuvent s’accrocher aux grosses branches. Ouistiti de Geoffroy. By Brunkford braun . (CC BY-NC-ND 3.0) Dans
la forêt chaude et humide d’Amazonie,
où les cimes des arbres atteignent 10 mètres,
toute une végétation intermédiaire
se développe. Le ouistiti est arboricole. By Sarah and Lain . (CC BY-NC-ND 3.0) Bien
que dépourvus de queue préhensile,
les ouistitis comptent parmi les primates les
mieux adaptés à la vie arboricole. Des barrières infranchissables La forêt amazonienne n’est pas un gigantesque espace uniforme. Elle est traversée de chaînes de montagnes, de forêts sèches et même de terres désertiques. Ces habitats sont de piètre qualité pour les ouistitis. Ouistiti argenté (Callithrix argentata). By Rehavish . (CC BY-NC-ND 3.0) De même, ils peuvent difficilement traverser les fleuves et en tout cas, détestent l’eau. C’est pourquoi une espèce particulière peut coloniser une berge du fleuve tandis que, sur la rive opposée, vivent des ouistitis d’un tout autre type. La diversité des espèces au sein des Callitrichidae et leur répartition discontinue s’expliquent donc entièrement par les transformations du milieu ambiant. Une vie communautaire Ces singes vivent par petits groupes très hiérarchisés, au sein desquels la toilette collective et la protection du territoire constituent des activités sociales rituelles. Ces petits groupes familiaux de 12 à 15 individus sont dirigés par un seul couple dominant. En captivité, ils préfèrent pourtant vivre en couple. Ouistiti pygmée . By Kevin Sanjvanislands . (CC BY-NC-ND 3.0) Le mâle plus âgé qui conduit le groupe dispose d’un droit de préséance sur la nourriture. Les mâles adultes et mariés se dirigent en premier vers les insectes ou les fruits. Puis, c’est au tour des épouses après lesquelles les jeunes mâles non mariés peuvent manger, et enfin les femelles non mariées et les juvéniles. Les
ouistitis marquent leur rang social par des gestes
d’intimidation ou un comportement dominateur.
Par exemple, les mâles dominants tournent
le dos aux autres mâles et lèvent
la queue en montrant leurs organes génitaux. Tamarin lion . By Joachim S.Müller . (CC BY-NC-ND 3.0) L’épouillage
mutuel ou « grooming » est le comportement
social le plus évident. Il assure la cohésion
entre membres et conforte la hiérarchie.
Il limite également l’agressivité
des ouistitis. La défense du territoire et la communication Le ouistiti est très territorial. Les femelles sont particulièrement agressives à l’encontre des groupes rivaux. La taille du territoire varie selon les espèces : 5 000 m² maximum pour le ouistiti mignon et de 10 à 40 hectares pour les autres ouistitis. Ouistiti pygmée. © dinosoria (CC BY-SA 3.0) Le
marquage du territoire s’effectue en émettant
des sécrétions issues de glandes
logées dans la gorge et la région
génitale. Une communication orale, à base de cris suprasoniques inaudibles à l’oreille humaine, complète les marques territoriales. En cas de rencontre entre groupes rivaux, les ouistitis se lancent dans diverses poursuites et parades. La reproduction du ouistiti Fait
unique chez les singes, tous les membres du groupe
prennent soin des jumeaux et de leurs parents. Seul
le couple dominant et monogame peut se reproduire.
La femelle met au monde dans 90% des cas des jumeaux. Un bébé ouistiti. By Leo Reynolds . (CC BY-NC-ND 3.0) Les petits ont un poids élevé, entre 20 et 25%, de celui de la mère. Quand
les jeunes atteignent 7 à 10 jours, le
père les porte sur son dos jusqu’à
l’âge de 6 ou 7 semaines. Les petits
tètent leur mère durant 15 à
30 minutes toutes les 2 ou 3 heures. C’est
le seul moment où elle prend les petits
avec elle. Un couple de tamarin empereur. By Joachim S.Müller . (CC BY-NC-ND 3.0) A partir de 3 semaines, les jeunes commencent à explorer leur environnement. Dès 4 semaines, ils mangent des aliments tendres bien qu’ils ne soient pas encore sevrés. Ils atteindront leur taille adulte à 2 ans. Le ouistiti à toupets blancs ou ouistiti commun C’est le singe le plus domestiqué au monde. Chaque année, c’est par milliers qu’on les capture. Ils sont envoyés en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Des conventions internationales ont été instaurées pour empêcher ce commerce massif et protéger les espèces. Ouistiti à toupets blancs. By Ennor . (CC BY-NC-ND 3.0) Ce ouistiti se reconnaît à ses longues touffes de poils blancs (les toupets) sur les oreilles. Il possède également une flamme blanche sur le front. Très
actif, il se déplace sur les branches avec
une agilité d’écureuil. C’est
le plus répandu parmi toutes les espèces. Le ouistiti commun n'est pas un animal de compagnie. By Madveggie . (CC BY-NC-ND 3.0) Le ouistiti commun est en aucun cas un animal de compagnie malgré le commerce dont il fait l’objet. Il mesure de 18 à 20 cm pour un poids de 200 à 300 grammes. Ouistitis en danger Le domaine vital des ouistitis, aussi bien que de toutes les autres espèces vivant dans la forêt amazonienne, ne cesse de se restreindre. Ouistitis et tamarins sont fortement menacés par la destruction croissante des forêts. Les petits-singes lions brésiliens sont au seuil de l’extinction, victime du déboisement et du trafic illégal. Tamarin lion. © dinosoria (CC BY-SA 3.0) D’ailleurs, si le déboisement se poursuit au même rythme, l’Amazonie ne sera plus, dans 50 ans, qu’un immense désert. Outre les conséquences catastrophiques pour le climat mondial, la faune, très riche, disparaîtra. Actuellement, les ouistitis du Sud et du Sud-Est du Brésil risquent de disparaître rapidement si la destruction du « poumon de la Terre » n’est pas arrêtée. V.B (13.10.2005) M.à.J (05.2007) |