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L’Opus Dei est une puissance controversée au sein même de l’Église. Mais, l’œuvre de Dieu mérite-t-elle l’appellation de « sainte mafia » ?
Peut-on affirmer qu’elle défend un catholicisme sectaire ? L’Opus Dei a bénéficié en tout cas du soutien du pape Jean Paul II qui a béatifié son fondateur.

La création de l’Opus Dei

L’Opus Dei naît en 1928 en Espagne, sous le nom de Société sacerdotale de la Sainte Croix et Opus Dei.
Son fondateur, Josemaría Escrivá de Balaguer, est un jeune prêtre qui décide que l’idéal de sainteté, en principe réservé aux prêtres, peut être atteint par des laïques dans l’accomplissement de leurs devoirs familiaux et sociaux.

Cela suppose bien sûr une grande discipline de vie.

Opus Dei

Sceau de la Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei

L’Opus Dei, ou Œuvre de Dieu, dispense la formation spirituelle nécessaire à ses membres. Elle les recrute dans les milieux plutôt aisés, intellectuels, universitaires mais séduit également des hommes d’affaires catholiques par son message de sanctification par le travail.

L’organisation de l’Opus Dei

Les « numéraires » observent le célibat, tandis que les surnuméraires peuvent se marier et vivre en famille.
Tous partagent le même objectif : atteindre la sainteté personnelle par des pratiques ascétiques.

Pour adhérer à l’Opus Dei, il faut passer par une période de probation, suivie d’une oblation de cinq ans et enfin s’engager à vie.

Josemaría Escrivá de Balaguer

Josemaría Escrivá de Balaguer

L’organisation est très hiérarchisée. Les fidèles sont suivis par un conseiller spirituel. Ils doivent assister tous les jours à la messe, prier et dire quotidiennement le chapelet, et bien sûr se confesser régulièrement.

  • Les numéraires sont des clercs ou des laïcs célibataires, qui font vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance ainsi que de vie commune.
  • Les numéraires auxiliaires sont des femmes chargées des tâches ménagères dans les résidences de l’œuvre.
  • Les agrégés ont les mêmes engagements que les numéraires excepté la vie commune.
  • Les surnuméraires sont des laïcs mariés qui contribuent financièrement à l’œuvre.
  • Les coopérateurs sont des sympathisants, pas nécessairement chrétiens.

Depuis sa création les dirigeants de l’Opus Dei sont :

1928-1975 Josemaría Escrivá de Balaguer
1975-1994 Alvaro del Portillo
Depuis 1994 Monseigneur Echevarria

Monseigneur Echevarria

Monseigneur Echevarria

La puissance de l’Opus Dei

Les préceptes du fondateur de l’Institution sont rassemblés dans un livre publié en 1934, El Camino (Le chemin).
L’ouvrage est vendu à des millions d’exemplaires. Peu après sa création, l’Opus Dei va recruter des membres en Espagne, au Portugal, en Italie et plus tard dans le monde entier.

L’Opus Dei compterait environ 90 000 membres dont environ 2 000 prêtres répartis dans une soixantaine de pays. Certains occupent des postes très influents au Vatican.

L’œuvre contrôle des associations, des fondations, des universités comme celle de Pampelune, en Espagne, créée en 1952 et qui jouit d’une renommée mondiale.

En France, une quinzaine de centres réunissent environ 1 500 membres.

L’Opus Dei sera approuvé par Rome en 1950. Pie XII récompense l’œuvre en reconnaissant son statut d’institut séculier.
Elle bénéficie depuis 1982 du statut nouveau de « prélature personnelle », qui en fait une sorte de super diocèse directement rattaché au Pape.
Ce statut est d’ailleurs tout à fait unique dans l’Eglise catholique.

Il semble que l’esprit conservateur de l’Opus Dei plaise au Pape. Peut-être a-t-il voulu également récompenser l’Institution de son soutien financier au syndicat polonais de Lech Walesa, Solidarité.

Une Eglise dans l’Eglise ?

L’indépendance et la puissance de l’Opus Dei suscitent critiques et controverses. Évêques et théologiens s’affrontent à son sujet.
Mais de quoi l’accuse-t-on finalement ?

Tout d’abord d’avoir soutenu les régimes militaires d’Amérique latine et plus largement de sympathies pour l’extrême droite.

Mais, face à ces accusations, les dignitaires de l’œuvre opposent un démenti catégorique.

Effectivement, dans les années soixante, le général Franco a choisi plusieurs de ses ministres dans les rangs de l’Opus Dei. Cependant, certains historiens soulignent que ces ministres ont joué un rôle positif dans le développement du pays.
De plus, les relations entre Franco et l’œuvre ont souvent été tendues.

Basilique Saint-Pierre

Prélats et dignitaires lors de la cérémonie de béatification devant la basilique Saint-Pierre

Le deuxième reproche est l’implication de l’Opus Dei dans des scandales financiers comme celui de la banque Ambrosio en 1982.

Enfin, divers témoignages font état de la difficulté pour les membres de quitter l’Institution et de l’éloignement forcé des jeunes recrues de leur famille.
Ces accusations rappellent les pratiques couramment employées par les sectes.

En Belgique une commission parlementaire a défini l'organisation comme un mouvement sectaire. Selon certains témoignages, cette organisation pratiquerait le recrutement de mineurs.

Béatification et évangélisation

Les dignitaires de l’Opus Dei rejettent toutes ces calomnies et affirment :

« Puisqu’elle n’impose aucun choix politique ou idéologique à ses membres, l’œuvre ne saurait être incriminée pour leurs agissements ; elle n’est pas responsable de leurs choix personnels ».

Cautionnée par le Pape, l’Opus Dei a acquis une certaine respectabilité et l’on ne parle plus aujourd’hui de « sainte mafia ».
Le 17 mai 1992, son fondateur a été béatifié par le Pape devant 200 000 personnes réunies place Saint Pierre à Rome.

Photo prise le 17 mai 1992 sur la place Saint Pierre

Le décret concernant les miracles attribués à son intercession a été promulgué en présence du Pape le 20 décembre 2001 et ce dernier a canonisé le fondateur en 2002.

Le pape a fait l’éloge du fondateur de l’œuvre : « Un prêtre exemplaire qui a réussi à ouvrir de nouveaux horizons apostoliques aux activités missionnaires et d’évangélisation ».

En 2005, le pape Benoît XVI a béni une statue de Josemaría Escrivá de Balaguer, installée dans une niche extérieure de la basilique Saint-Pierre.

V. Battaglia (10.2005)

 

Références et Liens

Bénédicte Des Mazery & Patrice Des Mazery. L'Opus Dei : Enquête sur une église au coeur de l'Eglise. Flammarion 2005
Dominique Le Tourneau. L'Opus Dei.Que sais-je ? 1998
Site officiel de l'Opus Dei
Opus Dei Awareness Network. Un site créé par d'anciens membres de l'Opus Dei aux Etats-Unis