Le
sac de Nankin
Ce qui a été
appelé le « sac de Nankin »
est sans aucun doute la plus grande tragédie
du conflit sino-japonais. |
La Seconde Guerre mondiale et le conflit sino-japonais qui a commencé juste auparavant (1937-1945) ont donné lieu à de terrifiantes exactions en Chine et dans toute l’Asie du Sud-Est. Quand les premiers soldats japonais entrent le 13 décembre 1937 à Nankin, la capitale de la Chine nationaliste a été évacuée le mois précédent par le général Tchang Kaï-chek (surnommé le " Gimo "). Abandonnée par une grande partie de sa population, la métropole a en revanche accueilli des centaines de milliers de réfugiés. Cela fait cinq mois que la guerre sino-japonaise fait rage. Les Japonais, malgré la résistance chinoise, sont entrés en force pour occuper sa capitale historique - Pékin, alors appelée Peiping, la " Paix du Nord " - sa capitale économique, Shanghai, et Canton, la capitale du Sud. La violence avait déjà régné lors de la longue bataille pour Shanghai, l'armée japonaise écrasant civils et militaires sous un déluge de feu. Mais c'est pendant ce que l'on a appelé le " sac de Nankin " - en anglais, on dit avec plus de réalisme le " viol de Nankin " - que l'horreur a atteint son paroxysme. Au cours du mois de juillet 1937, les armées japonaises qui envahissent la Chine, obtiennent des victoires foudroyantes : Pékin, la Mongolie et le nord du pays tombent au mois d’août. L'armée japonaise défile devant l'empereur avant d'envahir la Chine Quand les Japonais franchirent les hautes murailles construites par les empereurs Ming autour de Nankin, rares étaient ceux qui s'attendaient au pire. Le général Tang Seng Shih, commandant de la place, s'était enfui et son armée avait jeté armes et uniformes dans les rues. Les tracts lancés par avion prêchaient le calme : " Les troupes japonaises s'appliqueront à protéger les bons citoyens et à leur permettre de vivre en paix, dans l'exercice normal de leurs occupations ", assuraient-ils.
La ville fut mise à sac, incendiée par des soudards ne respectant ni hôpitaux, ni écoles, ni églises, ni locaux couverts par l'immunité diplomatique. Le 13 décembre 1937, les troupes japonaises entrent dans Nankin Ce massacre gratuit a été d’autant plus facile que les soldats chinois ont livré à l’ennemi 500 000 personnes sans aucun moyen de défense. De plus, à aucun moment, leur commandement ne cherche à limiter leurs débordements.
Les témoignages des rares étrangers restés sur place sont terribles : viols, exécutions, massacres en masse... Les femmes étaient violées sur place, écolières dans leurs dortoirs, infirmières dans les hôpitaux, Volonté d'humilier tout un peuple, obsession sexuelle d'hommes soumis à une violence institutionnalisée, qui traumatisèrent toute une ville, tout un peuple. Enfants et vieillards sont sauvagement massacrés ainsi que
les quelques rares soldats restés dans la ville. Après quelques jours de cette tuerie, les artères
de la ville sont jonchées de monceaux de cadavres Des témoins ont évoqué le raffinement des
supplices que les Japonais faisaient subir à leurs victimes. Sur cette photo d'archives, des chinois sont enterrés vifs La boucherie fut bien organisée : au cours du " recensement " de la population, raconte H.J. Timperley, " on annonça à la foule que s'il y avait parmi elle d'anciens soldats et qu'ils sortaient des rangs, ils auraient la vie sauve et on les emploierait comme travailleurs. Deux cent quarante sortirent des rangs... Deux ou trois survécurent pour narrer leur sort... L'un des groupes avait été mitraillé, l'autre, entouré de soldats, fut employé comme objectif pour l'escrime à la baïonnette ". D'autres, ficelés ensemble, furent arrosés d'essence et brûlés vifs, noyés ou utilisés pour l'exercice au sabre par les samouraïs en folie... Soldats, fonctionnaires furent massacrés systématiquement.
Après la bataille de Shanghai, le " sac de Nankin "
a été le révélateur d'un nouveau nationalisme
chinois.
Récemment, les jeunes chinois ont exprimé leur colère
en constatant à quel point les autorités japonaises
minimisaient leurs exactions dans leurs livres d’histoire. V.B (Avril 2005) Références bibliographiques Reader's Digest Sélection, Iris Chang Et L'horreur Du Massacre De Nankin "Elle N'oubliera Jamais" N° 626 < Histoire |