Prédateurs marins de la Préhistoire
Les Monstres du Fond des Mers
La BBC nous a offert un spectaculaire documentaire/fiction sur M6 en décembre 2003 : Les monstres du fond des mers.
Vous êtes nombreux à avoir réagi à cette émission.
A travers ce dossier, vous allez retrouver dans l’ordre chronologique tous les terribles prédateurs marins auxquels a été confronté notre explorateur Nigel Marven.
Première étape : l’ordovicien
La chasse aux grands prédateurs démarre à l’ère paléozoïque pendant la période de l’ordovicien ( 438 – 505 millions d'années avant notre ère).
Durant l’ordovicien, les animaux se développèrent dans les mers peu profondes. Au début de cette période, la vie animale n’existait d’ailleurs que dans la mer. Ce n’est qu’à la fin de l’ordovicien que certains animaux firent leurs premiers pas sur la terre ferme.
Cette période est caractérisée par l’absence de plantes et d’herbe. De ce fait, le gaz carbonique n’est pas recyclé et l’oxygène est insuffisant.
A la fin de l’ordovicien, le climat devint froid ; ce changement climatique entraîna la disparition de 50% des espèces animales.
Lors de ce premier périple, Nigel rencontre les deux principaux prédateurs de l’ordovicien : Le Nautiloïde Orthocère et les Scorpions de mer.
Nigel face à un Nautiloïde Orthocère géant
Les Nautiloïdes sont des mollusques proches des Nautiles nacrés d’aujourd’hui. Ils pouvaient rester immobiles sur les fonds marins pour attendre une proie ou sillonner les mers à grande vitesse.
C’est la forme originale de leur coquille qui leur permettait ce nouveau mode de vie.
Conique ou enroulée, elle possédait plusieurs chambres internes dont certaines étaient creuses et remplies de gaz.
Grâce à cet ingénieux système, le nautiloïde pouvait contrôler ses montées et descentes comme un sous-marin. Il lui suffisait de lâcher une certaine quantité de gaz.
Les nautiloïdes étaient les plus grands animaux marins de l’ordovicien. Certains atteignaient 5 m de diamètre. Ils possédaient une bouche munie d’un bec corné très puissant.
Les scorpions de mer
Les Euryptérides (ou scorpions de mer) sont les plus grands arthropodes qui ont jamais existé. Ils font partie des chélicérates « pinces qui mordent », groupe qui inclut les scorpions et les araignées actuelles.
Les scorpions de mer ont vécu de l’ordovicien au permien.
Ceux présentés dans le documentaire sont de taille assez modeste proches d’Eurypterus.
En savoir plus sur les scorpions de mer
Mais, Perygotus rhenanius atteignait près de 3 m de long. C’était une véritable menace pour la faune. Il avait de grands yeux perçants qui lui permettaient de repérer les poissons cuirassés.
Il enserrait sa proie entre les deux branches d’une grande pince dont les parois internes étaient couvertes d’épines.
A cette époque, les scorpions de mer étaient des chasseurs très répandus des mers peu profondes.
Certains sortaient même de l’eau et respiraient grâce à des « poumons spéciaux ».
Deuxième étape : le Dévonien
Le dévonien est l’âge des poissons. Cette période a débuté il y a 408 millions d'années environ. Le climat était chaud. C’est à la fin de cette période que les premières forêts ont fait leur apparition.
Ce qui caractérise le dévonien est l’apparition des premiers amphibiens.
Cette deuxième exploration permet à Nigel de rencontrer le plus grand prédateur marin du dévonien : Dunkleosteus
Ce poisson fait partie du groupe des placodermes. Les placodermes possédaient de puissantes mâchoires. Des boucliers recouvraient la tête et la partie avant du corps.
Vers la fin du dévonien, certains placodermes devinrent de véritables prédateurs.
C’est le cas du Dunkleosteus qui mesurait de 3 à 5 mètres de long. Ses plaques buccales pouvaient facilement couper un poisson en deux.
En savoir plus sur Dunkleosteus
Un Dunkleosteus s'intéresse d'un peu trop prêt à Nigel
Les placodermes partageaient les mers avec d’autres groupes de poissons : les requins.
Dans le documentaire, on voit brièvement l’un d’entre eux : le requin enclume ou Stethacanthus qui signifie « thorax épineux ».
Ce petit requin portait une étrange tourelle sur le dos dont le haut était plat et recouvert d’une rangée d’épines. Une autre excroissance épineuse se situait sur le dessus de sa tête.
Troisième étape : Le Trias
Au début du Trias, les terres formaient un seul grand continent : la Pangée.
Le niveau de la mer était très bas et le climat était chaud et sec. Les premiers dinosaures apparurent à la fin de cette période dont l’Eoraptor.
Eoraptor reconstitué par la BBC
Des géants marins parcouraient les mers. Nigel fait la connaissance du Cymbospondylus et du Tanystropheus.
Nigel face au Cymbospondylus
Dans ces mers, on trouvait les nothosaures qui furent les premiers reptiles marins à s’adapter réellement à la vie sous-marine. C’était des prédateurs amphibies dotés d’un long cou et de dents fines et pointues.
Les Ichthyosauresdont fait partie le Cymbospondylus étaient aussi bien adaptés à la vie marine que nos dauphins actuels.
Un Nothosaure vu par la BBC
Shonisaurus est l’un des plus grands reptiles marins avec un poids évalué à 20 tonnes.
Au crétacé, les ichthyosaures devinrent rares et disparurent bien avant la fin du Mésozoïque et donc de la disparition des reptiles marins.
Tanystropheus appartenait lui au groupe des prolacertiformes qui disparurent à la fin du Trias. Sa tête était petite mais son cou mince était plus long que le reste de son corps.
Son cou n’était pas très souple. La plupart des fossiles ont été retrouvés dans des roches marines. On pense donc qu’il pêchait depuis le bord de l’eau.
On voit Nigel arracher le bout de la queue d’un Tanystropheus. Et expliquer que comme les lézards, elle repoussera.
Nigel à la poursuite d'un Tanystropheus
Effectivement, on a constaté sur des squelettes que les vertèbres de la queue étaient parfois fracturées. Cela suggère qu’elle pouvait se détacher si des prédateurs la mordaient.
Quatrième étape : Le Jurassique
Pendant cette période, la Pangée commença à se morceler. Le climat devint plus humide et le niveau des mers s’éleva.
Les dinosaures étaient devenus les animaux terrestres dominants.
Dans les mers, de nouveaux prédateurs apparurent. Nigel fait la connaissance avec le plus impressionnant d’entre eux : le Liopleurodon
Sa chasse au Liopleurodon lui permet également de croiser le Methriorynchus.
Liopleurodon (© BBC)
Les pliosaures furent les meilleurs des prédateurs marins du jurassique inférieur au crétacé.
Avec leurs puissantes mâchoires, ils pouvaient attaquer des proies aussi grandes qu’eux et leur arracher des morceaux de chair comme le font aujourd’hui les requins.
L’aboutissement de leur superbe évolution fut sans conteste le Liopleurodon.
On évalue sa taille entre 12 et 20 m pour un poids d’au moins 100 tonnes.
Ses dents coniques mesuraient plus de 30 cm de long soit deux fois celles d’un Tyrannosaurus Rex.
Elles étaient plantées à l’avant de la mâchoire et dirigées vers l’extérieur.
Ses mâchoires mesuraient plus de 4 m.
Le Methriorhynchus était, lui, un crocodile marin de 3 m de long. Les doigts de ses pattes antérieures et postérieures étaient palmés. Sa mâchoire fine était garnie de dents petites et pointues.
Cinquième étape : Le Crétacé
Au début du Crétacé, les dinosaures vivaient déjà depuis plus de 80 millions d'années. Le célèbre Tyrannosaure fit son apparition pendant cette période. Ce fut la dernière période de domination pour les dinosaures, reptiles marins et volants qui disparurent lors de la grande extinction de la fin du crétacé.
A ce moment là, les plus grands prédateurs marins étaient les mosasaures, des lézards marins gigantesques.
Nigel va d’ailleurs en faire la dangereuse expérience en se frottant d’un peu trop prêt à ces monstres marins.
Il rencontrera également le Xiphactinus qui pouvait avaler des proies aussi grandes qu’un être humain.
Enfin, il verra évoluer les graciles Elasmosaurus au cou interminable.
Les Mosasaures
Les mosasaures furent les derniers venus des reptiles marins du Mésozoïque. Contrairement aux autres reptiles marins, ils appartenaient à la même lignée que les varans d’aujourd’hui. Ils font partie des prédateurs marins les plus terrifiants qui ont jamais existé.
En haut, Globidens; en bas, Plotosaurus
Parmi les plus grands mosasaures, on trouve le Tylosaurus de 11 m de long, le Mosasaurus et le Protosaurus.
Un mosasaure vu par la BBC
Les Téléostéens
Xiphactinus était un téléostéen primitif du crétacé supérieur. Il mesurait plus de 4 m de long. Ses dents coniques proéminentes pouvaient attraper des proies de près de 2 m de long.
Sixième étape : L’Eocène
C’est au début du tertiaire (Paléocène et Eocène) que les formes modernes de la faune marine apparurent.
Les poissons acquirent leur morphologie actuelle. Les mammifères colonisèrent les milieux aquatiques avec l’apparition des premières baleines : le Basilosaurus
Nigel est prudent et ne nage pas en compagnie de cet ancêtre de la baleine. Il reste prudemment dans sa cage pour l’observer.
Il a d’ailleurs raison car si nos cétacés sont pour la plupart très pacifiques, ce n’était pas le cas de ce prédateur de près de 20 m de long.
Comme la plupart des autres baleines primitives, le Basilosaurus avait encore de petites pattes postérieures articulées au niveau du genou. Ses pattes étaient munies de pieds à trois doigts.
Le Basilosaurus avale l'émetteur de Nigel
Septième étape : Le Pliocène
Le Pliocène marque la fin de l’ère Tertiaire et le début de l’âge glaciaire. C’est durant cette période que vécut le gigantesque Megalodon « grande dent ».
Carcharocles Megalodon est sans aucun doute le plus grand poisson de tous les temps. Il est apparu au Miocène, il y a 23 millions d'années, pour disparaître à la fin du Pliocène, il y a 5,3 millions d'années.
Nigel est en mauvaise posture face au terrible Megalodon
On estime sa taille à environ 15 m de long.
Son arrivée dans les mers tempérées du miocène est sans doute liée à l’essor des mammifères marins, ses proies favorites.
Contrairement à ce qui est dit dans le documentaire, le Megalodon n’est pas l’ancêtre du requin blanc.
Les paléontologues sont à peu près certains que le requin blanc descend d’une autre grande espèce fossile du miocène, ancêtre du mako ou requin taupe bleu.
La théorie sur la disparition du Megalodon
Le Megalodon était comme tous les grands prédateurs en haut de la chaîne alimentaire. Il se nourrissait surtout de mammifères marins dont la baleine.
Au Pliocène, un isthme se forma entre les deux Amériques. Cela bloqua les courants chauds de l’Atlantique et du Pacifique.
La mer se refroidit et les espèces durent s’adapter aux eaux froides. Ce fut le cas de la baleine qui, grâce à son épaisse couche de graisse, put migrer vers les eaux glacées.
Comme tous les requins, le Megalodon vivait en eaux tempérées. Privé de sa proie favorite, le Megalodon s’éteignit.
Cette théorie est tentante.
Cependant, le Megalodon a côtoyé le Grand Blanc. Or, le requin blanc a perduré jusqu’à aujourd’hui.
Certes, sa taille est beaucoup moins imposante et ses proies plus petites.
Cependant, à cette époque, la plupart des cétacés modernes étaient déjà présents dont les dauphins ainsi que les calamars géants des grands fonds.
Ces proies auraient-elles été insuffisantes pour ce monstre marin ? Nous n’en saurons probablement jamais rien.
De même que le mystère de l’extinction des dinosaures reste insoluble, celui de la disparition de ce superbe prédateur fera encore couler beaucoup d’encre. Alors pourquoi ne pas rêver et imaginer notre Megalodon chassant ses proies préférées dans les grands fonds océaniques …
V.Battaglia (12.2003)