Momie en Egypte
L’Egypte est sans conteste la terre des
momies. Loin des villes, les embaumeurs momifiaient
tous les corps, du paysan au pharaon ainsi que
de nombreux animaux. L’histoire est truffée d’anecdotes
assez stupéfiantes. Les ressuscités
du vendredi saint en font partie. |
« Tous les morts enterrés dans ce cimetière sortent toute la journée de leurs tombeaux, demeurent immobiles et privés de sentiments au regard de tous et, la solennité terminée, rentrent dans leurs sépulcres. Le phénomène se reproduit tous les ans et il n’y a pas d’adulte au Caire qui l’ignore. » C’est ainsi qu’en 1483, un Européen, B. de Breydenbach, rapporte les fantastiques évènements qui se produisent chaque année au Caire. La résurrection intervient le jour de la fête du saint à qui est dédiée la mosquée située à proximité. Du 15e au 18e siècle, le miracle est régulièrement
rapporté par les voyageurs occidentaux. Selon les époques,
son emplacement change, les ressuscités sont musulmans, chrétiens
ou des Egyptiens de l’Antiquité. Vue du Caire. Gravure de 1810 Les voyageurs recueillent les faits ou en sont témoins : « Les cadavres surgissent brusquement de la terre, restent en surface sans bouger, pendant un instant, puis sont à nouveau engloutis par les sables. » Pour assister à ce spectacle, le public vient en masse, toutes confessions mêlées. Juifs, chrétiens et musulmans prient et passent la nuit sur place au cours de laquelle de grandes réjouissances sont organisées.
Au Caire, on rapporte que les morts qui quittent leur sépulture
sont des sceptiques qui ne croyaient pas à la résurrection. Momie égyptienne. © dinosoria.com Quelques mauvaises langues font part de leurs doutes et parlent même de supercherie. Nous laisserons à cet évènement sa part de mystère et de mysticisme.
Si les Egyptiens vénèrent leurs morts, les Européens
en font le commerce dans le même temps. A la fin du Moyen
Age, un remède miracle appelé « mummie »
est censé soigner toutes sortes de maux : douleurs gastriques,
blessures. A l’origine, cette substance est fabriquée à partir des corps desséchés d’antiques momies. Le remède parvient chez les apothicaires sous trois formes :
Certains fabricants égyptiens considérant que la recherche de momies est trop fastidieuse, trouvent plus commode d’utiliser des cadavres plus récents et nettement plus frais. Corps desséché naturellement (Egypte ancienne) . © dinosoria.com Ce remède a tant de succès que le roi de France lui-même, François Ier, ne se déplace jamais sans sa mummie. Ce sinistre commerce reste florissant en Europe jusqu’à la fin du 17e siècle. A ce moment là, les fabricants sont lourdement imposés en Egypte et finissent par cesser cette activité.
Il est évident que les anciens Egyptiens n’ont pas
embaumé leurs parents et leurs pharaons pour guérir
les problèmes gastriques des Occidentaux. C’est Hérodote qui a rédigé la première
description connue de la méthode de momification des anciens
Egyptiens. Masque funéraire. © dinosoria.com Dès 3000 avant notre ère, l’Egypte affirme sa croyance en une vie future. Elle pense que la préservation du corps humain dans son intégrité est indispensable pour accéder à cette nouvelle existence. C’est pourquoi, elle invente la momification. Momie de Ramsès II. By Boston Public Library . (CC BY-SA 3.0) (Tupper Scrapbooks Collection. 1860-1890) Pour les Egyptiens, la vie après la mort est bien plus importante que la vie terrestre. La personne comprend un corps auquel sont associés plusieurs principes spirituels qui, libérés après la mort, restent liés au cadavre. L’ »akh » est un principe immortel, une force
divine représentée par un ibis, que seuls possèdent
le roi et les dieux. Vignette du Livre des morts. Le ka est représenté sous la forme d'un oiseau (Musées royaux du Cinquantenaire, Bruxelles). © dinosoria.com Les prêtres embaumeurs utilisaient des crochets qu’ils passaient dans les narines du mort. Ils retiraient d’abord le cerveau qui était traité à part. En effet, les Egyptiens pensaient alors que le coeur était l'organe principal "le centre de contrôle". Ils jugeaient par contre le cerveau inutile et le jetaient. Momie . © dinosoria.com Avec un couteau de silex, ils incisaient le corps du côté gauche et enlevaient les viscères. Les poumons, l'estomac, les intestins et le foi étaient conservés dans les vases canopes (urnes). Vases canopes qui contiennent les organes momifiés. By mamamusings . (CC BY-SA 3.0) Après l'éviscération, commençait l'étape
de la dessication. Le dieu Anubis prépare la momie de Sennedjem (Thèbes ouest). © dinosoria.com Le corps était alors entouré de longues et fines
bandelettes de toile trempées dans une résine odorante. On plaçait souvent de faux yeux dans les orbites et une perruque sur la tête. Le masque placé sur la momie n'était pas censé être ressemblant. Il montrait plutôt ce à quoi le défunt voulait ressembler dans sa nouvelle vie. © dinosoria.com Pendant tout l’Ancien Empire, seuls les pharaons avaient droit à la momification. Les dignitaires y accédèrent ensuite ainsi que les paysans et les artisans. Cette tradition qui a toujours fasciné les Occidentaux n’est certainement pas étrangère au mythe des ressuscités du Caire. V.Battaglia (11.2004) |