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Métro parisien . Incendie de 1903
Inauguré officiellement le 19 juillet 1900, le métropolitain est alors considéré comme un moyen de transport révolutionnaire à Paris.
Appelé depuis plus communément « métro », ce dernier a connu une véritable tragédie en 1903. L’incendie qui fit de nombreuses victimes déclencha une panique chez les usagers de tous les métros du monde et révéla également les lacunes en matière de sécurité.
Un moyen de transport révolutionnaire à Paris
À l’approche du 20e siècle, Paris ne cesse de s’étendre et sa population double tous les 30 ans. Les grands axes réalisés par le Baron Haussmann sous le Second Empire ne suffisent plus à assurer la fluidité du trafic dans la capitale.
De plus, une foule considérable de visiteurs est attendue en 1900 pour l’Exposition universelle.
Il devient donc urgent de choisir, parmi les multiples projets, un moyen de transport qui permettrait de désengorger la ville.
L’idée d’un chemin de fer souterrain avait déjà effleuré l’empereur Napoléon III en 1855. En 1871, on avait envisagé un chemin de fer aérien, posé à sept mètres du sol.
Charles Tellier avait même proposé une voie construite sur un viaduc qui surplomberait la Seine sur toute sa longueur et traverserait ainsi la capitale.
En 1896, Paris opte pour un chemin de fer à traction électrique composé de cinq lignes formant un réseau de 75 km environ.
L’étude de ce projet est confiée à l’ingénieur Fulgence Bienvenüe.
Avec l'ouverture des travaux, les sous-sols de Paris se transforment en un gigantesque chantier
En 1898, le projet est déclaré d’utilité publique et une loi approuve la convention passée entre la ville et la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris.
Les travaux commencent immédiatement, car le métropolitain doit être une des gloires de l’Exposition universelle et le délai de deux ans est très court.
L’inauguration du métro à Paris
Malgré les nombreuses difficultés, le métropolitain de Paris est ouvert au public le 14 juillet 1900 et inauguré officiellement le 19.
L’Exposition universelle dure d’avril à novembre.
Illustration de 1900 de la première rame de métro mise en service
Les dix kilomètres qui séparent la porte Maillot de la porte de Vincennes sont parcourus en 16 stations et une demi-heure.
La place coûte 25 centimes en première, 15 en seconde et un tarif aller-retour de 20 centimes est accordé aux ouvriers.
La conception des entrées est l’œuvre du décorateur Hector Guimard. Il utilise la fonte pour créer ses portiques constitués d’enchevêtrements végétaux qui deviennent rapidement le symbole du métro.
Tout d’abord une curiosité, le métro devient rapidement un outil de transport quotidien.
L’incendie du métro parisien
En 1903, le métro connaît sa première tragédie. Dans la nuit du 10 au 11 août, l’incendie de deux trains provoque une coupure de courant généralisée.
Plusieurs centaines de personnes sont bloquées par les flammes et la fumée empêche les sauveteurs d’approcher.
Le feu gagne plusieurs voitures alors en bois.
Quand enfin les pompiers peuvent intervenir, 77 personnes sont mortes asphyxiées ou brûlées.
Les premiers secours (Journal l'Illustration du 23 août 1903)
Les wagons en bois ont été une des causes de la propagation de l’incendie. À partir de 1907, le métro est muni de voitures entièrement métalliques. Ce sont ces fameuses longues caisses vertes et rouges de 13,5 m qui ont équipé le métro et sont restées en service sur certaines lignes jusqu’en 1983.
Après la tragédie, des mesures de sécurité sont décidées :
- Avertisseurs d’incendie en relation avec les casernes de pompiers
- Éclairage de secours indépendant
- Robinets à fort débit dans chaque gare
- Construction de zones de dégagement
La fatalité n’est pas la seule responsable du drame. De nombreuses négligences ont été commises.
Un membre du Conseil municipal de Paris lance : » si les Parisiens doivent faire leur testament chaque fois qu’ils iront prendre le métro, il serait intéressant de le savoir. »
Évacuation des blessés (Illustration de 1903)
Le nombre de voyageurs du métro parisien s’effondre totalement. La panique gagne également les métros européens. À Londres, le « tube » est déserté pour les omnibus.
L’idée d’être enfermé et brûlé vif réveille toutes les hantises claustrophobes du public. Le moindre incident technique déclenche une peur panique dans le métro.
Il est vrai que la forme oblongue des wagons les fait ressembler à des corbillards.
Couverture du journal satirique l'Assiette au beurre
Cependant, c’est surtout la nouveauté qui rend le métro suspect. Sa commodité viendra rapidement à bout des peurs et les Parisiens ne pourront plus se passer du métro.
À la veille de la Première Guerre mondiale, le métro transporte un million de voyageurs chaque jour.
« Il n’y a plus d’aube sans métro », chantera Aragon.
En 1988, un drame similaire s’est produit dans le métro londonien. Un incendie a provoqué la mort de 31 personnes. Des escaliers en bois étaient encore en fonction à cette date ce qui est assez surprenant.
V.Battaglia (15.09.2005)
Références et lien
L'incendie du métro parisien. Les grandes tragédies. Mémoire de l'humanité. Editions Larousse 1994
Chronique du 20e siècle. Éditions Chronique 2000