Le mai parisien est rentré dans l’histoire
après que la France ait frôlé
la révolution. Si mai 1968 est le symbole
de la contestation étudiante, ce phénomène
en cette année agitée, n’est
pas exclusivement français.
Presque partout dans le monde, la jeunesse bouge
en 1968.
Ces contestations peuvent surprendre alors qu’en
1968 l’ensemble du monde occidental est riche.
C’est le résultat des « trente
glorieuses » c’est-à-dire des
30 années de l’après-guerre.
Jusqu’à présent inébranlable,
le général de Gaulle, en ce mois de
mai 1968, va se retrouver débordé
par des étudiants en pleine révolte
et des manifestations ouvrières sous l’emblème
du drapeau rouge.
Le déclenchement de
mai 1968
Bien que la Ve République soit stable, les 10 ans de pouvoir absolu
du général de Gaulle commencent à peser
lourd.
Déjà en 1965, de Gaulle avait été
mis en ballottage aux élections présidentielles
face à F.Mitterrand.
La croissance économique est forte mais l’essoufflement
se fait sentir depuis 1967. Le déficit américain,
né de la guerre du Viêt-Nam, relance l’inflation
mondiale. On se dirige tout droit vers la crise de 1973.
En mai 1968, Paris est recouvert
d'affiches
Enfin, les 9 millions de bébés nés dans les
10 ans qui ont suivi 1945 forment une jeunesse nombreuse qui
engorge le système scolaire.
Les universités n’arrivent plus à absorber
tous ces jeunes. Les étudiants sont en effet deux fois
plus nombreux en 1968 qu’en 1960.
Les étudiants craignent également de ne pas
trouver de travail à la fin de leurs études.
On manque de tout : locaux et enseignants.
1968 est également un tournant politique décisif.
Le communisme traditionnel ne fait plus recette et l’URSS
n’est plus un modèle.
L’époque est au romantisme révolutionnaire.
Les nouveaux héros sont Mao, Trotski ou Che Guevara.
Les jeunes refusent les contraintes du passé et les
règlements désuets comme le refus de toute mixité
dans les cités universitaires.
Les brigades spéciales
d'intervention poursuivent les étudiants
L’euphorie n’est donc qu’apparente et cache
un profond malaise social et politique.
L’université de Nanterre a été
créée en 1963 pour désengorger la Sorbonne.
Mais, elle est isolée en banlieue parisienne et jouxte
un bidonville.
Cette université devient en 1968 le symbole des injustices
sociales. Diverses tendances « gauchistes » s’unissent
autour d’un étudiant en sociologie, d’origine
allemande, Daniel Cohn-Bendit.
Selon ses propres termes : » on veut casser le système
universitaire, pilier de la société bourgeoise
».
Chronologie du mois de mai 1968
Mercredi 1er : En France, les
défilés de la CGT et du PCF (parti communiste
français) se déroulent sans incident
Jeudi 2 : Organisation d’une
journée anti-impérialiste à l’université
de Nanterre
Vendredi 3 : La police fait évacuer
la Sorbonne. Les premières grenades lacrymogènes
sont lancées
Lundi 6 : La fermeture des facultés
met 49 000 étudiants à la rue. L’effectif
des forces de police atteint 20 000 hommes en région
parisienne.
Des barricades sont élevées au Quartier Latin.
Il y a des heurts violents qui font 945 blessés.
Mardi 7 : 30 000 étudiants
font une marche dans Paris. On chante l’Internationale
autour de la tombe du Soldat inconnu
Mercredi 8 : Les contestataires
sortent le journal Action. Des défilés d’étudiants
se font dans le calme
Jeudi 9 : l’agitation gagne
d’autres villes universitaires : Strasbourg, Nantes,
Rennes et Toulouse. A Lyon et à Dijon, les ouvriers
se joignent aux étudiants
Vendredi 10 : Un défilé
se heurte à la police. Des barricades sont élevées
entre le Panthéon et le Luxembourg. La police en vient
à bout mais avec de nombreux matraquages et 500 arrestations.
Les CRS attaquent à la grenade rue Gay-Lussac. Au matin,
on compte 720 blessés légers et 367 graves dont
251 policiers.
L’opinion s’indigne et des slogans abusifs naissent
: »CRS. SS »
Dimanche 12 : Georges Pompidou,
Premier ministre, déclare à la télévision
: »J’ai décidé que la Sorbonne serait
réouverte dès demain »
Lundi 13 : Grève générale
à l’appel des principaux syndicats. 800 000 manifestants
défilent
Mardi 14 : La Sorbonne est décrétée
commune libre et Nanterre, faculté autonome. A Nantes,
2 000 ouvriers de Sud-Aviation séquestrent leur directeur
Jeudi 16 : Les usines de la Régie
Renault sont en grève. A Flins, flotte le drapeau rouge.
La paralysie guette le pays
Vendredi 17 : Les syndicats réclament
une augmentation des salaires et une réduction du temps
de travail. Une négociation aboutira, entre autres,
à une hausse de 35% du salaire minimum. Le parti communiste
prêche le retour au calme mais la base refuse. La crise
devient politique et le régime semble menacé.
Parallèlement, une partie du pays s’alarme
d’un désordre qu’elle ne comprend pas et
qui la prive d’essence et de denrées alimentaires
Dimanche 19 : Alors qu’il
y a 2 millions de grévistes, de Gaulle rentre de Bucarest
et fait sa célèbre déclaration : »La
réforme, oui ; la chienlit, non ! »
Lundi 20 : Ebullition ouvrière
générale avec 4 millions de grévistes
Mardi 21 : Effondrement du franc.
La France est paralysée avec 8 à 10 millions
de grévistes dans tous les secteurs
Mercredi 22 : Amnistie pour les
actes commis pendant les manifestations. Cohn-Bendit est interdit
de séjour en France
Vendredi 24 : Emeutes à
Lyon. C’est le premier mort : le commissaire Lacroix,
écrasé par un camion lancé par les manifestants.
A 20 h, de Gaulle annonce un référendum. A Paris,
il y a de nombreux heurts qui font 456 blessés
Mercredi 29 : Le général
de Gaulle disparaît. En fait, on apprendra plus tard
qu’il est à Baden-Baden où il a rencontré
le général Massu, commandant des forces françaises
en Allemagne. A-t-il voulu s’assurer de l’appui
de l’armée ?
Jeudi 30 : Retour de de Gaulle.
Dissolution de l’Assemblée et élections
prévues en juin. Suite au référendum,
un million de Parisiens disent « oui » au général.
L’après mai 1968
Le 30 juin 1968, le parti gaulliste remporte la victoire
très largement. Le réflexe conservateur des
Français se fait alors sentir.
Les Français aspirent à un retour à
la normale. Les législatives sont un véritable
triomphe pour le gouvernement.
Mai 68 entre au musée des souvenirs. Une fois le calme
revenu, la crise a permis de prendre conscience de la fossilisation
qui figeait la société française.
En mai 1968, comme cela se reproduit aujourd’hui, les
structures traditionnelles, quelles soient sociales ou politiques,
n’arrivent pas à s’adapter à la
réalité moderne.
Au cours de ce mois de mai, il y a eut 5 morts dont un lycéen
de 17 ans.
Les événements marquants
dans le monde en 1968
Etats-Unis : La guerre du Viêt-Nam
s’enlise. Après l’offensive du Têt
et l’attaque de l’ambassade américaine
à Saigon, c’est l’escalade de l’horreur
dans les deux camps.
4 avril 1968 : Assassinat du pasteur
Martin Luther King. Le leader du mouvement pour les droits
civiques des noirs est abattu par un blanc à Memphis.
La nouvelle de son assassinat provoque des réactions
de colère qui feront 46 morts et des centaines de blessés.
6 juin 1968 : Assassinat de Robert
Kennedy à Los Angeles par un jordanien, Sirhan Bishara
Sirhan, natif de Jérusalem.
20 août 1968 : C’est
le Printemps de Prague. La Tchécoslovaquie est envahie
par les troupes de l’Union Soviétique. Les chars
sont à Prague.
Cette invasion met un point final à la tentative du
gouvernement tchécoslovaque de mettre en place un socialisme
« à visage humain ».
Les combats font 50 morts et plus de 300 blessés.
Septembre 1968 : Génocide
au Biafra. Au Nigeria, la guerre civile qui fait rage depuis
un an a pris l’allure d’une extermination des
populations.
Le Nigeria réprime la sécession du Biafra par
les armes mais surtout par un blocus qui génère
la famine.
8 000 à 10 000 personnes, selon la Croix-Rouge, meurent
chaque jour au Biafra dans les camps de réfugiés.
Les enfants sont les premières victimes de cette tragédie.
Octobre 1968 : J.O de Mexico.
Au moment où résonne l’hymne national
américain, Tommie Smith, médaille d’or
du 200 m et John Carlos, médaille de bronze, baissent
les yeux et tendent leurs poings gantés de noir, insignes
du Black Power.
Novembre 1968 : Election de Richard
Nixon. Il devient le 37e président des Etats-Unis.
Décembre 1968 : Trois américains
font le tour de la Lune avec Apollo 8. C’est le premier
vol habité à survoler la Lune.