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En 622, Mohammed (Mahomet en Occident) suivi de ses compagnons, les musulmans « celui qui remet son âme à Allah", se réfugient dans l’oasis de Yathrib qui deviendra Médine.
La hijra « l’émigration » marque l’an I de l’ère musulmane (ou hégire). Le Coran va rapidement devenir le texte sacré que les musulmans apprennent par cœur. Mohammed va également instituer une doctrine et la loi islamique.

La première république islamique

A Médine, le Prophète s’efface derrière l’homme politique. La communauté s’organise, et Mohammed donne à la cité ses lois sociales et juridiques.
C’est la naissance de la première république islamique.

Yathrib prend le nom de Madimat al-Nabi, la ville du Prophète ou Médine.

Ce chef religieux devient un chef de guerre. Il signe avec les autres groupes un pacte, appelé « Constitution de Médine », que certains considèrent comme un traité international exemplaire pour l’époque.

Afin de consolider son pouvoir et le jeune Etat musulman, Mohammed attaque à plusieurs reprises des tribus juives.

Mahomet

Mohammed, représenté par une flamme, et les premiers califes, ses successeurs directs (Miniature persane, Bibliothèque nationale, Paris)

Parallèlement, entre 619 et 629, il contracte 11 mariages et prend deux concubines, la juive Raihana Bint Zaid, et Maria, une copte (chrétienne) d’Egypte.

Dans la plupart des cas, mis à part l’exception d’Aïcha, la « Bien-aimée », Mohammed conclut, grâce à ses épouses, des alliances politiques.

La nouvelle communauté combat pour sa foi et les minorités juives et chrétiennes sont converties ou éliminées de la région.

Les batailles contre les habitants de La Mecque se succèdent. Il gagne le combat de Badr (624) mais subit une cuisante défaite à Ohoud (625).
Il prend sa revanche à la « bataille du fossé » en 627, fossé qui a été creusé pour protéger Médine.

Mosquée Faisal au Pakistan

Mosquée Faisal d'Islamabad, capitale du Pakistan. By M.Omair . (CC BY-SA 3.0)

Le 11 janvier 630, Mohammed entre victorieux à La Mecque. Il fait aussitôt détruire les idoles et donne un sens nouveau aux anciens symboles.

La Kaaba devient la « maison de Dieu » et les rites du pèlerinage musulman remplacent ceux des païens.

Il créé la umma qui institue aide et protection entre les musulmans. Le jihad « combat contre soi-même pour devenir meilleur selon la volonté de Dieu » se transforme en guerre sainte contre les infidèles et abolit la razzia.

La nouvelle religion

L’influence du Prophète grandit dans la péninsule arabique dans les années 630-631. A cette date, Mohammed revient à La Mecque pour y effectuer le pèlerinage de « l’adieu ».

La Mecque

Grande Mosquée de la Mecque. Au centre, la Kaaba. La Kaaba est un sanctuaire cubique dans lequel est scellée la Pierre noire. Les pèlerins doivent en faire sept fois le tour. La Pierre noire a été apportée par l'ange Gabriel. Initialement immaculée, elle est censée avoir été noircie par le péché humain . By Al- Fassam . (CC BY-SA 3.0)


De cette époque date la dernière révélation, la dernière sourate : »Aujourd’hui, j’ai parfait votre religion, j’ai accompli sur vous ma grâce et il me plaît que l’islam soit votre foi. »

De retour à Médine, il est pris de fièvre et meurt le 8 juin 632, dans les bras d’Aïcha, son épouse préférée.

Depuis sa mort, le pèlerinage se déroule du 7 au 13 du mois dhu al-hijra, le dernier de l’année hégirienne.

Rituel de purification musulman

Avant la prière, les musulmans se livrent à des ablutions rituelles pour se purifier (XVe siècle, Bibliothèque nationale, Le Caire)

Chaque musulman a l’obligation d’effectuer, au moins une fois dans sa vie, le pèlerinage. Il y répète pieusement les gestes du Prophète, drapé de deux pièces d’étoffe blanche sans couture, symbolisant la pureté et l’égalité des croyants devant Dieu.

Clé de la Kaaba

Clé de la Kaaba. C'est l'un des nombreux objets porte-bonheur liés au pèlerinage à la Mecque (XVe siècle, Musée du Louvre, Paris)

La loi islamique classe les activités humaines en cinq catégories :

  • Activités autorisées
  • Activités recommandées
  • Activités obligatoires
  • Activités détestables
  • Activités interdites

Par exemple, le mariage est un devoir. Le Coran tolère que l’homme ait quatre épouses. Il peut les répudier mais la femme conserve alors la dot (mahr).
L’adultère est interdit et le châtiment réservé aux deux coupables est de 100 coups de fouet.

Celui qui aura fait une fausse accusation sans produire les quatre témoins prévus par le Livre doit être puni de 80 coups de fouet. De nombreuses sociétés ont conservé l’ancienne coutume de la lapidation.

En cas de vol, le Coran ordonne de trancher la main du coupable.

Le port du voile, pour les femmes, est recommandé mais non obligatoire.

Le musulman est également soumis à des restrictions alimentaires. Il ne doit pas manger de porc, ni de viande d’un animal déjà mort ou qui n’aura pas été égorgé pour être vidé de son sang.

Le Coran ne prévoit pas de sanctions pour l’interdiction de boire du vin ou des boissons fermentées. En revanche, les interdictions de la sunna sont plus catégoriques, et les juristes-théologiens ont prévu 80 coups de fouet.

Les bijoux précieux sont défendus aux hommes, mais pas les parfums, dont le Prophète était grand amateur.

Toutes les actions nobles, manger, écrire …, sont réservées à la main droite, les autres à la gauche.

La figuration d’Allah et de Mohammed est totalement interdite. C’est pourquoi, l’islam apporte un soin particulier aux manuscrits. Le calligraphe concentre tout son art sur les lettres et les couleurs.

Les cinq piliers de l’islam

Tout musulman est astreint à cinq obligations, également appelées « piliers » ou arkan. Ces cinq obligations sont les suivantes :

La profession de foi (chahada) qui s’exprime ainsi : « J’atteste qu’il n’y a de Dieu qu’Allah et que Mohammed est son Prophète. » La récitation de cette formule en public, prononcée trois fois de suite, constitue l’acte de conversion à l’islam.

La prière (salat) : les cinq prières rituelles portent le nom de l’heure à laquelle elles doivent être récitées. Les musulmans doivent d’abord se mettre en état de pureté rituelle par des ablutions.
La prière communautaire s’effectue dans une mosquée chaque vendredi.

Le jeûne (siyam) dure tout le mois du Ramadan, le neuvième mois de l’année islamique. Il doit être absolu de l’aube à la tombée de la nuit.

L’aumône (zakat) est un impôt religieux payé par les riches. Payer l’aumône légale signifie que l’homme n’est que le dépositaire des biens d’ici-bas ; seul Dieu en est le propriétaire.

Le pèlerinage de La Mecque (al Haji) qui est un acte essentiel du culte islamique. Tout croyant doit le faire au moins une fois dans sa vie s’il en a les moyens.
La Mecque, qui se trouve en Arabie Saoudite, est un territoire interdit à tout non-musulman.

Le Coran

La religion musulmane ne comporte ni sacrément, ni clergé. Les dogmes, peu nombreux, disent aux fidèles ce qu’il faut croire, tandis que la charia (voie à suivre), ou loi islamique, lui prescrit ce qu’il doit faire pour être un bon musulman.

La charia est fondée sur le Coran, sur la sunna (tradition), recueil des « faits et dits » (hadith) du Prophète, et sur le fiqh, droit musulman, qui est en fait la science religieuse élaborée par des juristes-théologiens.

Coran de l’arabe al-Quraan, « la lecture » ou, plus précisément, « la récitation déclamatoire »), représente pour tous les musulmans le texte sacré par excellence.
Il est en effet la parole de Dieu devenue Livre.

Le Coran

Le Coran. L'alphabet s'écrit de droite à gauche et ne comporte que des consonnes et des demi-consonnes (XVIe siècle, Bibliothèque de l'Arsenal, Paris)

Les compagnons du Prophète apprenaient par cœur les révélations au fur et à mesure que ce dernier les leur transmettait. Ils les transcrivaient également sur des pierres plates, des omoplates de chameau et des morceaux de cuir.

En 652, le calife Uthman, troisième successeur du Prophète, donna l’ordre de réunir tous les textes. Cette version, considérée comme définitive, est toujours en vigueur dans le monde musulman.

L’importance accordée par les musulmans au texte sacré explique la place qu’occupent la calligraphie, l’enluminure et la reliure des corans dans l’art islamique. Seul le décor abstrait y est admis, à l’exclusion de toute représentation de la vie.

Le Coran est composé de 114 sourates (chapitres), elles-mêmes divisées en 6 243 versets, ou ayats. Les versets sont classés selon un ordre de longueur décroissante. On peut les regrouper chronologiquement selon quatre périodes successives :

L’apostolat du Prophète. Le thème du premier groupe est la purification, la charité, l’unicité divine, le rejet du paganisme, la création et la résurrection.

Le thème du deuxième groupe est la réaffirmation de l’unicité divine, la lutte contre le polythéisme, le prophétisme de Mohammed, les récompenses et châtiments dans l’au-delà.

Les troisième et quatrième groupes comprennent les révélations faites à Médine, à une époque où le Prophète élargit et organise solidement la communauté : Mohammed reprend et accentue les thèmes essentiels de toute sa prédication. La « liminaire », ou fatiha, est la plus courte et la plus dense invocation au Seigneur, que tout musulman connaît par cœur.

Le musulman doit croire aux anges, aux prophètes, aux livres révélés et au jugement dernier.

Les anges sont faits de lumière et n’ont pas de sexe. Les prophètes, supérieurs aux hommes, sont des hommes envoyés par Dieu pour révéler ou rappeler la religion.
Certains, comme Moïse avec la Torah et Jésus avec l’Evangile, sont porteurs de livres révélés. C’est pourquoi juifs et chrétiens sont appelés « gens du Livre » dans le Coran.

On y retrouve les prophètes de la Bible, notamment Noé, Abraham, Moïse, David, Salomon, Joseph ou Elie.

Coran

Coran miniature, Collection privée

Jésus (Issa ou Aïssa) est tenu pour un très grand prophète par ce qu’il a accompli des miracles. Il occupe une place privilégiée dans le Coran. C’est également le cas de la Vierge Marie (Maryam).
Mais, pour l’islam, Jésus n’est pas le fils de Dieu et il n’est pas mort sur la croix.

Chrétiens et juifs ont dénaturé leur révélation, et Mohammed, envoyé pour la corriger, est considéré par les musulmans comme le « sceau des prophètes », le dernier de la lignée.

Le jugement dernier est longuement abordé dans le Coran. Les créatures seront nues, debout devant Dieu, brûlées par le soleil. Chacune présentera le livre du compte de ses actions, lesquelles seront pesées sur une balance.

Mohammed intercédera en faveur des pécheurs mais ne pourra pas tous les sauver.

Les bons iront au paradis, la Janna (le Jardin), les autres seront condamnés au feu éternel, Nar, qui désigne l’enfer.

Les élus du paradis disposeront de houris, jeunes filles vierges, ainsi que de mets et de boissons délicieux.

En 632, quand meurt Mohammed, l’influence de la nouvelle religion se limite à l’Arabie. Pourtant, dès cette année-là, l’empire musulman va rapidement s’étendre. Pourquoi les Arabes ont-ils abandonné leur désert pour conquérir le monde ? La puissance de la foi est-elle une explication suffisante ? Les historiens s’interrogent encore.

V.Battaglia (04.05.2006)

 

Références bibliographiques

Mahomet, la naissance de l’islam, éditions Larousse 1994. Atlas des Religions, Plon Mame 2005