Le
Cambodge des Khmers Rouges
Quand à Noël 1978,
les Vietnamiens envahissent le Cambodge, ils découvrent
un spectacle hallucinant. Aucun mot ne pourra
jamais relater le cauchemar que les Khmers Rouges
ont fait subir aux Cambodgiens. |
En 1954, à la fin de la guerre d’Indochine, alors que la plupart des militants communistes se réfugiaient au Viêt Nam du Nord, un certain nombre d’entre eux décident de résister au régime du Prince Sihanouk. La plupart des chefs de ces partisans ont fait leurs études
à Paris. Par exemple, l’un des principaux dirigeants
de la résistance, Khieu Samphan, a soutenu en France sa thèse
dans laquelle il prônait un développement autarcique
du Cambodge, fondé sur l’agriculture. Il écrivait
que les citadins n’étaient que des parasites qu’il
fallait affecter aux champs et aux usines. Les opposants au régime officiel constituent, à partir
de 1963, des maquis autour d’un chef, Saloth Sar, dit «
Pol Pot ». Victimes du génocide des Khmers Rouges. (Musée du génocide des Khmers rouges). By tkelly7029 . Licence A partir de 1970, le prince Sihanouk est renversé par un
coup d’état proaméricain du maréchal
Lon Nol.
Malgré tout, les Khmers rouges éliminent dans les régions qu’ils contrôlent les partisans du prince puis les exilés revenus du Viêt Nam, pourtant également communistes.
Le noyau militaire du mouvement, l’Angkar qui signifie «
L’Organisation », exige une discipline aveugle. Sa réputation
de cruauté se répand très rapidement. Pol Pot dirige le gouvernement. Dès lors les frontières se ferment et une expérience démentielle commence. Salle de torture à Tuol Sleng. By tkelly7029 . Licence Immédiatement, toutes les villes doivent être évacuées. Un missionnaire français rapporte ces propos d’un commissaire politique : « Il faut que les gens apprennent qu’ils naissent du grain de riz. En suant pour défricher, pour semer, planter, récolter, l’homme connaît la vraie valeur des choses. La ville est mauvaise, non pas les gens : car les gens sont réformables, mais pas la ville ; c’est en ville qu’on trouve l’argent et la corruption ». Sur cette base incroyable, tous les signes d’une société dite décadente sont abandonnés : vêtements de couleur, machines à écrire, électrophones, radios, automobiles, télévisions, écoles, postes, eau courante et jusqu’aux hôpitaux et aux marchés.
Le pays est ramené à l’époque du Néolithique. Toute la population est employée à la riziculture et à des travaux d’irrigation épuisants. Dès l’âge de huit ans, les enfants travaillent 10 heures par jour pour un bol de soupe et deux bols de riz par jour. Les organismes épuisés et sous-alimentés ne résistent pas à la maladie. La malaria fait rage et aucun médicament ne doit être demandé à l’étranger. La vie privée n’existe plus et les familles sont séparées. Témoignage d’un rescapé des camps : Depuis le jour où il a quitté Phnom Penh jusqu'à
son passage en Thaïlande, l'histoire de Pin Yatay et des siens
est une suite de déplacements, de labeur forcé, de
privations et de drames. Ils vont d'un " karatan " (chantier
de travail) à l'autre, dans un pays qui en est couvert, selon
Radio-Phnom-Penh. Homme de bureau, Pin Yatay s'initie aux travaux
de la terre dans le village de Koh-Tom, au sud de la capitale. C'est
un village du " peuple ancien " qu'il convient donc de
" purifier " de ses " souillures impérialistes
", " capitalistes ", " coloniales " et
" féodales ". " C'est un peuple inférieur,
nous étions tout juste des bêtes de somme ".
En dehors des dirigeants, ceux qui ont été en contact avec l’Occident sont éliminés. Porter des lunettes c’est-à-dire avoir l’air d’un intellectuel est synonyme de condamnation à mort immédiate. Pour survivre, les enfants doivent dire qu’ils étaient trop pauvres pour aller à l’école. L’Angkar a le droit de vie et de mort sur chacun. Par souci d’économie, les exécutions se font
à coup de manche de pioche ou par étouffement dans
un sac en plastique. Le régime créé une milice
constitué de jeunes paysans, des enfants qui n’ont
rien connu d’autre que la guerre et la torture. Victimes du génocide des Khmers Rouges. By Adam Carr . Licence Selon Pol Pot, « il suffit de 1 à 2 millions de jeunes
Khmers rouges pour faire le Cambodge de demain ». Le Cambodge ne fait que le tiers de la France. Avant l’arrivée
des Khmers, la population était d’environ 9 millions
d’habitants, à 90% Khmers.
Les Vietnamiens prennent Phnom Penh, la capitale, le 7 janvier
1979. Pol Pot s’enfuit à l’étranger devant
l’avancée des troupes en avril. Il sera condamné
à mort par contumace pour génocide en août 1979. Le cauchemar n’est pas fini. La famine règne dans
le pays. La Croix-rouge met en place un vaste programme d’aide
pour sauver plus de 2 millions de personnes dans une situation critique. V.Battaglia (04.2005) Références The Pol Pot Regime: Race, Power, and Genocide in Cambodia under the Khmer Rouge, 1975-79. Professor Ben Kiernan and Ben Kiernan. 2002 < Histoire |