Jeux VidéoLa guerre est-elle un jeu ?Les jeux vidéo font l’objet de nombreux débats souvent houleux. Les médias ont montré du doigt le célèbre Grand Theft Auto IV, accusant ce jeu de tous les maux.
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Grand Theft Auto IV GTA IV est un jeu d’action-aventure qui propose au joueur d’incarner Niko Bellic qui arrive à Liberty City, bien décidé à s’élever dans l’échelle sociale, et cette ascension se fera par tous les moyens. Et par définition, on ne devient pas riche et puissant en étant philanthrope. Pour atteindre l’objectif, le joueur doit accomplir de nombreuses missions et accepter de participer à des actions souvent illégales : vol de voiture, trafic de drogue, corruption de personnalités. C’est d ‘ailleurs la grande force de GTA IV. Les chemins ne sont pas balisés et le scénario n’est pas "scripté". Bienvenue à Liberty City ! Pour y avoir joué, je peux affirmer que ce jeu n’a rien de nocif dans la mesure où les bas-fonds de Liberty City reflètent parfaitement la triste réalité des ghettos américains qui n’a pas grand chose à voir avec la Petite maison dans la prairie. C’est d’ailleurs sans doute là que le bât blesse. Les ligues bien pensantes américaines n’ont pas choisi le bon combat. Petite scène quotidienne pour se mettre en forme Quel est le vrai problème ? Qu’un jeu dénonce les conditions de vie des classes les plus défavorisées ou que la première puissance du monde possède une face cachée digne des pires favelas brésiliennes ? Dans GTA IV, certaines scènes sont dignes d'un film de Bruce Willis La réalité ferait-elle peur à certains ? En France, chaque nuit, de nombreuses voitures sont brûlées et malgré toutes les promesses électorales, il n’est pas conseillé de se balader à minuit dans certaines banlieues. Qui se préoccupe vraiment de la souffrance au quotidien de celles et ceux qui vivent dans ce que nous appelons poétiquement « quartiers sensibles » ? Dans GTA IV, le rêve américain est à portée de main Si un combat doit être engagé, ce n’est certainement pas contre ce jeu vidéo, mais contre le laxisme des gouvernements qui ne parlent d’insécurité qu’au moment des élections. Quand la guerre devient un jeu La Seconde Guerre mondiale est un thème surexploité dans les jeux vidéo. Nous ne comptons plus le nombre de fois où nous avons débarqué en Normandie. Il s’agit en général de FPS (First Person Shooter). Medal of Honnor : Débarquement allié est le premier FPS qui a lancé la grande mode de la Seconde Guerre mondiale. J'irai revoir ma Normandie !!! Le premier Call of Duty a poursuivi dans la même voie et cette licence est l’une des plus lucratives de toute l’histoire du jeu vidéo. Si on devait faire un comparatif entre ces deux licences et la production cinématographique, ils se rapprochent beaucoup plus du « Jour le plus long » que de « Il faut sauver le soldat Ryan ». Le camp des gentils est prédéfini : ce sont les Américains. La guerre devient une sorte de space opera où l’on ne meurt jamais. Et non désolée mais ces jeux n’immergent pas le joueur dans une ambiance de guerre réaliste. Le débarquement, un grand moment de Medal of Honnor Afin d’éviter tout amalgame, des drapeaux arborant la croix gammée identifient clairement l’ennemi. On ne se bat pas contre la Wehrmacht mais contre les Nazis. Call of Duty Il serait tout de même temps de rappeler que cette légende a été créée de toutes pièces par les Américains eux-mêmes. Return to Castle Wolfenstein Je passe sur les nombreuses supercheries mis en œuvre par l’Etat-major de l’US Army afin de réécrire l’histoire et également sur les stratagèmes politiques anglais et américains afin de mettre en exergue la lutte contre le bolchévisme et de justifier l’élargissement de l’OTAN. Que dire également de la stratégie mise en œuvre par le haut commandement américain lors du débarquement ? A part que ce fut un véritable désastre. Contrairement au Wargame, le FPS ne fait pas de vous un stratège en herbe mais juste un héros sans peur, ni reproche. Le sommet dans la propagande de mauvais goût est Command and Conquiers Generals développé par EA. Ce jeu oppose trois camps : les Etats-Unis, la Chine, le troisième est un amalgame de tout ce que les Etats-Unis combattent au Moyen-Orient. Quand l’actualité devient un jeu L’overdose gagnait sans doute les développeurs qui ont décidé de moderniser le thème. Exit la Seconde Guerre mondiale. Modern Warfare 2 nous relate, à sa manière, un conflit bien contemporain : la lutte contre le terrorisme. Modern Warfare 2 Nous sommes tous d’accord sur le fait que le terrorisme est un fléau mondial qu’il faut effectivement combattre. L’action est bien enlevée et sans temps mort mais le discours est plutôt nauséeux. Modern Warfare 2 . Chasse aux terroristes dans les favelas Les développeurs ont dû hiberner car ils ne semblent pas être au courant que l’administration Bush a été remplacée. Pour ceux qui ont également hiberné, sachez quand même que les favelas brésiliennes sont surtout remplies de gens qu’on y a entassé et qui vivent largement sous le seuil minimum de la pauvreté. Sachez également, que de par sa position stratégique en Asie centrale, le Kazakhstan était très convoité par les Soviétiques. Ce pays a été intégré, par la force, à l'Union en 1920 et n'a obtenu son indépendance qu'en 1991. Quant à l’Afghanistan, il s’agit d’un sujet d’actualité très brûlant qui aurait mérité un traitement un peu plus subtil. Mais, décidemment, les Américains sont incorrigibles. Dans Homefront, les Etats-Unis sont envahis par la Corée du Nord et vous voilà à lutter bravement contre l’ennemi de toujours : le communisme. Homefront Bref, on peut se demander si le maccarthysme est bien mort. Une chose est sûre, des jeux comme Modern Warfare 2 sont bien plus subversifs que des jeux comme GTA IV, Alien versus Predator interdit à la vente en Allemagne ou Fallout 3 interdit en Australie. La propagande devient pitoyable dans certains jeux . Par exemple, Le jeu Mercenary 2 a provoqué une polémique au Venezuela. L'action met en scène un mercenaire luttant contre un dictateur voulant s'approprier tout le pétrole, difficile de ne pas y voir un thème d'actualité ou une tentative de diabolisation. Hugo Chávez n’a pas du tout aimé. La guerre n’est pas un jeu et si les développeurs souhaitent apporter une plus grande maturité à leurs jeux, il leur faudra apprendre à véhiculer des discours plus objectifs et sans idéologie partisane. V. Battaglia (02.01.2010) Liens Je profite de ce dossier pour saluer une bonne initiative. Pedagojeux.fr est un nouveau site qui propose d’informer et de sensibiliser les parents sur le contenu et la bonne utilisation des jeux vidéos. Mercenary 2: un jeu si innocent sur venezuelatina.com Command and Conquiers Generals sur clubic.com |