Jean
Jaurès
Alors
que la Première Guerre mondiale est sur
le point d’éclater, Jean Jaurès,
tribun socialiste, est assassiné par un
nationaliste, Raoul Villain. |
Jaurès et l’Internationale ouvrière Jaurès
est l’un des fondateurs de la S.F.I.O (Section
française de l’Internationale ouvrière)
constituée en 1905. Jean Jaurès Jean
Jaurès a, lui, une vision beaucoup plus
globale et pressent déjà que l’unité
socialiste passe par l’internationalisme. Si
effectivement, dans chaque pays, les socialistes
condamnent leurs gouvernements, le consensus est
loin de se faire quand il s’agit de mettre
en place des solutions pour éviter la guerre. Discours de Jaurès en mai 1913 Assez paradoxalement, tous sont convaincus que le capitalisme est un fléau qui, par pur intérêt financier, risque d’entraîner les peuples dans la guerre. Mais, ils sont incapables de se mettre d’accord quant au choix des moyens d’action. Le nationalisme prime sur l’internationalisme. A ce propos, Jaurès écrit : "Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène ". Le projet d’ "armée nouvelle" Jean
Jaurès propose un projet dans lequel il
préconise un système de milice pour
remplacer le service militaire qui est passé
de deux ans à trois ans. Il propose un service militaire de 6 mois suivi de huit périodes de rappel. L’idée est qu’une milice pourra défendre efficacement une portion de territoire mais le principe restant défensif. L’ "armée nouvelle" est donc une déclaration de « la guerre à la guerre » en valorisant l’action défensive au détriment de l’action agressive. Suite à ses déclarations, les nationalistes le considèrent comme un traître et même un agent de l’Allemagne. Un nationalisme exacerbé Si
nous trouvons que certains propos actuels sont
parfois choquants, les attaques politiciennes
et journalistiques d’aujourd’hui semblent
bien tièdes en comparaison avec celles
de cette époque. Ce
n’est plus de la propagande mais un appel
au meurtre. Le plus incroyable c’est que
cette haine vis-à-vis d’un homme
qui ne fait que défendre ses convictions
est partagée par des écrivains et
des poètes. En parallèle, le 28 juin 1914, l’attentat de Sarajevo lance l’engrenage de la guerre. Un conflit suicidaire bien préparé Le 28 juin, alors qu’il passe en revue les troupes impériales, François-Ferdinand de Habsbourg, l’archiduc héritier d’Autriche-Hongrie, est assassiné avec son épouse à Sarajevo, en Bosnie (territoire autrichien). L’assassin
est un terroriste bosniaque. Cet attentat n’est
pas le premier et pourrait être presque
considéré comme un « incident
» parmi beaucoup d’autres. Assassinat de François-Ferdinand de Habsbourg A
partir de là, c’est le jeu des alliances
qui va précipiter le monde dans l’une
des plus grandes tueries de l’histoire de
l’humanité. L’Europe se divise alors en deux camps :
Avec le jeu des alliances, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie puis à la France. La Grande-Bretagne soutient son allié français. En déclarant la guerre, l’Allemagne souhaite surtout assouvir son désir de conquêtes notamment en matière coloniale. L’assassinat de Jaurès En
ce 31 juillet 1914, la chaleur est suffocante
à Paris. La population est dans l’attente
de la déclaration de guerre contre l’Allemagne. Jean
Jaurès n’est, quant à lui,
pas du tout convaincu que cette guerre est inévitable.
Il s’emploie au contraire à l’éviter. Illustration de l'assassinat de Jaurès Raoul
Villain, l’assassin, est étudiant
en architecture. Influençable et très
porté sur l’absinthe, Villain est
le type même du nationaliste enflammé
par les propos haineux des journaux, et notamment
à l’encontre de Jaurès. Villain
sera incarcéré pendant toute la
durée du conflit et ne connaîtra
donc jamais l’horreur vécue par les
soldats dans les tranchées. C’est
là que l’on constate que la justice
n’est juste que par son nom. Villain aurait
dû en principe, selon les lois de l’époque,
être condamné à mort. Leur
erreur a été probablement, étant
donné le contexte d’après-guerre,
de porter le débat sur un terrain politique. Le juré déclare donc Raoul Villain non coupable. En clair, personne n’a tué Jean Jaurès. Il est tout simplement relaxé. Bien sûr, des manifestations sont organisées pour protester contre cette injustice et des poilus viennent rendre hommage à cet homme qui aurait peut-être pu leur éviter tant de souffrance. Mais, d’une certaine manière, Jaurès est assassiné une seconde fois au nom de la raison d’Etat. Jaurès aurait-il pu éviter le déclenchement de la Grande Guerre ? Jaurès
comptait surtout sur une alliance des partis ouvriers
pour sauvegarder la paix. Malheureusement,
cette propagande bien orchestrée et largement
relayée par les journaux a fonctionné. Tableau de John Singer qui montre les ravages causés par la guerre des gaz Avec
la mort de Jaurès, ce sont les derniers
espoirs de paix qui ont disparu. Le lendemain
de sa mort, la mobilisation générale
a été décrétée
en France. La suite, nous la connaissons …. Personnellement,
je doute que Jean Jaurès ait pu éviter
le déclenchement de la guerre. Tout au
plus, aurait-il pu retarder l’entrée
dans le conflit de la France. Statue de Jean Jaurès. Monument à Carmaux Comme l’a écrit Jaurès lors
de son discours à la jeunesse en 1903 : Il n’a pas été entendu en 1914 et il ne le saura pas plus en 1939. V.Battaglia (23.04.2007) |