Le
journal d’Hitler
« Hitlers Tagbücher Entdeckt »,
titre la une du magazine allemand Stern : «
Le journal intime d’Hitler a été
découvert ».
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Les carnets, obtenus par le magazine grâce au journaliste Gerd Heidemann, font l’objet d’un dossier de treize pages dans l’hebdomadaire américain Newsweek et, pour 400 000 dollars, le London Sunday Times, acquiert le droit d’en publier des extraits en Angleterre. Les historiens sont sceptiques car nul n’a jamais
entendu parler d’un journal intime tenu par Hitler.
Cependant, les carnets ont l’air authentiques
et Newsweek écrit que leur découverte
« empuantit l’histoire ». C’est donc la découverte historique du siècle. Enfin, on va connaître les pensées intimes d’un dictateur qui fut à l’origine de la guerre la plus meurtrière de l’histoire.
En quelques jours à peine, la vérité éclate. Lors d’une conférence de presse donnée à Hambourg, le 25 avril, l’historien David Irving pose une question qui paraît élémentaire : l’encre des carnets a-t-elle fait l’objet de tests permettant de déterminer son ancienneté ? Les représentants du Stern doivent admettre que non.
Dessin allemand caricatural d'avril 1983 intitulé:"Mein Kampf" (Mon combat) dans la vie de tous les jours Peu à peu, il apparaît que les carnets n’ont pour ainsi dire pas été soumis à de sérieuses vérifications historiques. Par exemple, personne ne peut expliquer pourquoi aucun
membre de l’entourage d’Hitler n’ait
eu connaissance de l’existence du journal. Une chose est sure : les deux hommes empochent près de 4 millions de dollars, versés par le Stern. L’expert en graphologie interrogé par
Newsweek déclare que : »non seulement ce
sont des contrefaçons, mais de mauvaises contrefaçons
».
L’écriture y est uniforme durant les douze années couvertes. Or, à partir de 1943, Hitler souffrait d’une paralysie accompagnée de tremblements. Il devint alors incapable de maîtriser le mouvement de sa main. Plus significatif : des experts allemands montrent que toutes les pièces, des rubans rouges de la couverture jusqu’à la colle utilisée pour la reliure, datent d’une époque postérieure à la guerre.
La révélation de ce faux conduit le rédacteur
en chef du Stern à démissionner. Kujau
et Heidemann sont emprisonnés. Sous la pression,
Kujau avoue avoir créé les carnets de
toutes pièces. Finalement, dans toute cette affaire, le plus consternant
n’est pas l’escroquerie par elle-même
mais bien la fascination perverse que les carnets ont
exercé à l’époque sur de
nombreux esprits. V.B (04.11.2005) Références bibliographiques Hitler Et Le Nazisme; David Claude. Collection Que sais-je ? Puf 1979 < Histoire |
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