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Histoire et Ancêtres des Camélidés
Chameau. Dromadaire
Le chameau fait partie de la famille des Camélidés. Cette famille comprend également le dromadaire ou le lama.
Aujourd’hui, le chameau vit dans des conditions climatiques difficiles. Grâce à son extraordinaire physiologie, un chameau peut vivre pendant deux mois en broutant uniquement de l’herbe sans boire la moindre goutte d’eau.
En Amérique du Sud, le lama ou la vigogne supportent également un environnement hostile. Ces animaux vivent à haute altitude dans les Andes.
On pourrait en conclure que les Camélidés d’aujourd’hui sont prédisposés aux conditions extrêmes. En réalité, il n’en est rien. Chameaux, dromadaires ou lamas sont les survivants d’un groupe autrefois beaucoup plus diversifié.
L’histoire des Camélidés
Les Camélidés sont apparus à l’Eocène supérieur, il y a 40 millions d’années, non pas en Afrique ou en Asie, mais en Amérique du Nord.
Ils ont atteint leur apogée au Miocène supérieur, il y a à peu près 10 millions d’années.
Ce n’est qu’au Pliocène, 5 millions d’années plus tard, qu’ils ont migré vers l’Eurasie et l’Afrique, et que les lamas ont atteint l’Amérique du Sud.
Des lamas. © dinosoria.com
Pendant la période glaciaire du Pléistocène,
il y a 2 millions d’années, ils peuplaient toute
l’Amérique du Nord, de la Floride à l’Alaska.
A cette époque, ils avaient franchi l’isthme
de Panama, le pont continental entre les deux Amériques,
et s’étaient répandus en Asie par l’isthme,
alors existant, de Béring.
Comme d’autres animaux ayant existé principalement en Amérique du Nord, les chevaux par exemple, les Camélidés se sont éteints sur ce continent vers le Pléistocène supérieur, il y a environ 12 000 ans.
Les ancêtres du chameau s’installèrent dans les steppes herbeuses de Mongolie, puis colonisèrent peu à peu cette latitude en direction de l’Ouest.
Squelette d'un chameau actuel. Illustration © Elisabeth Smith
En Amérique du Sud, les restes de Camélidés découverts aux abords du lac Titicaca, dans la cordillère des Andes, remontent à 70 siècles derrière nous.
Il est impossible d’évaluer avec précision l’époque de la séparation génétique entre le chameau et le dromadaire.
La famille des Camélidés
Les Camélidés sont des Artiodactyles (pieds à deux doigts). C’est au cours de l’Éocène que les Artiodactyles vont se décomposer en trois familles, dont les Tylopodes, sous-ordre auquel appartiennent les Camélidés.
Les Tylopodes se caractérisent par des sabots atrophiés ressemblant plutôt à de gros ongles. Chez les premiers Camélidés, les membres antérieurs se terminaient par quatre doigts qui touchaient tous le sol, mais le 2e et le 5e doigt des membres postérieurs étaient déjà à l’état de vestige.
Pied d'un chameau. Illustration © Elisabeth Smith
Chez les Camélidés, seul l'avant du sabot touche le sol. Ils possèdent des doigts élargis et un coussinet plantaire charnu.
C’est grâce à ces caractéristiques que les chameaux
se déplacent avec une telle facilité sur le
sable mou du désert.
Illustration © Elisabeth Smith
Aujourd’hui, il existe 3 genres répartis en 6 espèces::
Chameau de Bactriane (Camelus bactrianus) : il a deux bosses et un pelage long et épais. Il vit en Asie.
Chameau domestiqué. Licence
Dromadaire (Camelus dromedarius) : il a une bosse et un poil assez ras. Il vit en Afrique.
Dromadaires en Egypte. © dinosoria.com
Quatre espèces en Amérique du Sud:
Lama (Lama glama)
Lama. © dinosoria.com
Alpaga (Lama pacos)
Guanaco (Lama guanicoe)
Guanaco. © dinosoria.com
Vigogne (Vicugna vicugna)
Des Vigognes. © dinosoria.com
Jusqu'à récemment, on pensait que le lama et l'alpaga domestiques étaient issus du guanaco sauvage. Des études moléculaires suggèrent que l'alpaga serait le produit d'un croisement entre le lama et la vigogne sauvage.
Lamas et alpagas, élevés depuis des millénaires, n'existent plus à l'état sauvage.
Aujourd’hui, il existe deux types de « chameaux » :
- Camelus bactrianus, le « vrai » chameau à deux bosses
- Camelus dromadarius, le dromadaire à une bosse
Crâne d'un chameau. Illustration © Elisabeth Smith
Des chameaux sauvages vivent encore dans le désert de Gobi, mais l’espèce africaine a été introduite sur ce continent par l’homme, il y a à peine 2 500 ans.
Des dromadaires ont également été introduits en Australie il y a un peu plus de 100 ans.
Les ancêtres des camélidés
En 12 millions d’années, durant l’Oligocène, deux rameaux s’écartèrent du tronc principal :
- Les sveltes et légers chameaux-gazelles (Stenomylus)
- Les chameaux-girafes (Alticamelus)
(Le terme chameau-girafe n'implique pas que les Camélidés fassent partie de la même famille. La girafe est aussi un Artiodactyle mais de la famille des ruminants)
La lignée évolutive principale des Camélidés, représentée par Procamelus, se développa alors jusqu’à ses formes actuelles.
Le Cénozoïque démarre après l’extinction
de la fin du Crétacé et notamment celle des
dinosaures.
Cette période s’étend de 65 millions d’années
à nos jours. Elle comprend le Tertiaire et le Quaternaire.
Les époques du Cénozoïque sont : Paléocène,
Eocène, Oligocène, Miocène, Pliocène,
Pléistocène et l’Holocène (notre
époque).
Les ancêtres des Camélidés ont vécu de l’Eocène à la fin du Pléistocène qui marque la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 10 000 ans.
Protylopus (Eocène supérieur)
Comme la plupart des ongulés, les premiers Camélidés
étaient de la taille d’un lapin. Les membres
antérieurs, plus courts que les membres postérieurs,
étaient munis de quatre doigts touchant le sol. Les
2e et 5e doigts étaient réduits
à des ergots.
Contrairement aux Camélidés actuels, ils possédaient
des sabots et non de larges soles cornées.
Il est peu probable que Protylopus soit l’ancêtre
direct des chameaux actuels. Il vivait pendant l’Eocène
supérieur en Amérique du Nord et a donc cohabité
avec les premiers « vrais » chameaux.
Il mesurait 50 cm de long.
Poebrotherium (Oligocène)
A l’Oligocène, il y a 35 millions d’années,
les forêts denses du Dakota (Amérique du Nord)
se sont clairsemées, laissant la place à un
paysage plus dégagé.
Les Camélidés prospérèrent et
se mirent à ressembler davantage à leurs descendants
actuels.
De la taille d’un mouton, Poebrotherium avait un museau
étroit, semblable à celui du lama.
Par contre, la dentition a commencé à évoluer.
Sur la dentition, encore complète, commençait
à apparaître le diastème.
Crâne de Poebrotherium wilsoni daté de l'Oligocène. By Grand
On pense que Poebrotherium est sans doute l’ancêtre de différentes lignées de Camélidés.
Procamelus (Miocène supérieur au Pliocène inférieur)
Procamelus est l’ancêtre direct des chameaux actuels ou en tout cas un cousin très proche. Beaucoup plus grand que tous les chameaux l’ayant précédé, il atteignait 1,50 de long.
La structure de la patte était pratiquement identique à celle du chameau actuel. L’étalement des doigts laisse à penser que Procamelus disposait déjà d’une sole cornée.
Procamelus grandis (University of California Museum of Paleontology)
Il vivait en Amérique du Nord.
Titanotylopus (Pliocène au Pléistocène)
Au Pliocène, il y a entre 5 et 2 millions d’années,
un certain nombre de très grands chameaux vécurent
en Amérique du Nord.
Ces géants étaient probablement très
proches de Procamelus dont ils pourraient même être
les descendants.
Le Titanotylopus est le plus grand représentant du genre Camelops. Il mesurait 3,50 mètres au garrot.
Il fait partie de la lignée qui s’est éteinte en Amérique du Nord.
Sous bien des aspects, ce géant était très
proche des chameaux d’aujourd’hui. Il possédait,
lui aussi, un museau étroit dépourvu d’incisives
supérieures.
Ses doigts formaient une sole cornée.
Malgré les points communs, Titanotylopus était
dépourvu de la fameuse bosse. En effet, cette bosse
de graisse est la solution trouvée par les Camélidés
pour survivre dans leur environnement hostile.
Au Tertiaire, le climat se rafraîchissait et
devenait plus sec. Toutefois, les conditions étaient
encore suffisamment favorables et Titanotylopus n’avait
pas besoin de stocker de la graisse et de l'eau.
Oxydactylus (Miocène inférieur)
Poebrotherium a donné naissance à une lignée de chameaux ressemblant à des girafes, dotés de pattes et d’un cou très longs, leur permettant de brouter les plus hautes feuilles des arbres.
Au Miocène inférieur, les prairies dégagées du centre de l’Amérique du Nord se prêtaient très bien à la survie d’un tel animal.
Les doigts très étroits se terminaient par des sabots fins semblables à ceux de l’antilope, et non par des soles cornées.
Stenomylus (Miocène inférieur)
Un certain nombre de lignées secondaires de Camélidés vécurent pendant le Miocène avant de s’éteindre peu après.
Stenomylus et ses cousins proches étaient de petits animaux ressemblant à des gazelles. Sans doute avaient-ils un mode de vie semblable à celui des gazelles africaines actuelles, broutant en troupeaux l’herbe des prairies.
Stenomylus possède un cou allongé et léger
ainsi que des pattes élancées faites pour la
course.
Les pattes se terminent par des sabots comme chez les Cervidés.
Les fossiles ont été retrouvés en Amérique
du Nord.
Aepycamelus (Miocène moyen au Miocène supérieur)
La lignée des chameaux ressemblant à des girafes atteint son apogée avec Aepycamelus et ses 3 mètres de haut, autrefois appelé Alticamelus en raison de sa très grande taille.
Cet animal possède des pattes ressemblant à des échasses terminées par de minuscules soles cornées.
Les chameaux, les dromadaires ainsi que les girafes sont les seuls animaux qui marchent l’amble, c’est-à-dire que les pattes avant et arrière du même côté avancent en même temps.
On a une preuve quasi irréfutable qu’ Aepycamelus se déplaçait de la même façon grâce à des traces de pas laissées par des chameaux du Miocène.
Camelops (Pléistocène)
Camelops, un autre géant de 2 mètres au garrot,
de la fin de l’ère Cénozoïque est
contemporain des premiers hommes.
Il semble avoir été le dernier chameau du continent
nord-américain.
Dent de Camelops trouvée en Floride ( Humbolt State University)
V.Battaglia (21.03.2006)
Chameau. Dromadaire: les Pionniers du Désert . Chameau
Bibliographie
Encyclopédie des animaux de la préhistoire, éditions Könemann 2000. Le Chameau, Editions Marshall Cavendish 1994. Le Livre de la Vie de Stephen Jay Gould, éditions Seuil 1993