Hermine
L’hermine (Mustela erminea) fait partie de la famille des Mustelidae au même titre que la belette, le putois, la martre, le glouton, le blaireau ou le vison.
Tous ces mammifères carnivores ont en commun un profil de chasseur vorace, capable de s’attaquer à une proie plus grosse que lui.
L’hermine est connue pour son beau pelage qui devient blanc l’hiver. Son pelage soyeux lui a d’ailleurs valu d’être impitoyablement chassée par l’homme.
Portrait de l’hermine
L’hermine vit en Amérique du Nord et en Eurasie. Elle évolue dans les toundras et forêts jusqu’à environ 40° de latitude Nord.
En Europe, elle est surtout présente dans les régions tempérées du Nord. Elle est très bien adaptée aux zones situées au-delà du cercle arctique.
Hermine et sa robe d'hiver. By Birdfreak.com. (CC BY-SA 3.0)
Au nord de leur habitat, les hermines deviennent blanches en hiver ; au sud, elles restent brunes.
Dans les régions intermédiaires, leur sensibilité génétique déclenche l’éclaircissement des flancs quand la température tombe en dessous de 2 °C, de la tête et de tout le corps quand elle atteint –1 °C.
Donc, si la température fluctue autour de 0 °C, l’hermine peut rester pie.
Le poids de l’hermine varie de 25 à 116 g pour une longueur maximum de 33 cm. Le mâle est deux fois plus gros que la femelle.
Comme les autres mustélidés, le corps est allongé et les membres courts. La mâchoire inférieure est courte, assurant un fort effet de levier et des morsures profondes.
Hermine et sa robe d'été photographiée au Canada. © dinosoria.com
Les canines sont perçantes comme des dagues. Les dents carnassières peuvent cisailler la peau ou la chair.
La vision de l’hermine est excellente et ses mouvements très rapides témoignent de sa grande souplesse.
L’hermine est capable de poursuivre sa proie dans son terrier. C’est également une excellente nageuse qui peut coloniser des îles.
Chaque pied possède cinq orteils terminés par des griffes puissantes.
En Amérique du Nord, l’hermine partage son territoire avec la belette à longue queue. On confond souvent les deux espèces.
Il est vrai que l’hermine et la belette possèdent une morphologie très proche.
Belette. By Keven Law. (CC BY-SA 3.0)
On peut reconnaître l’hermine au pinceau de poils noirs qui termine sa queue, même lorsque sa fourrure devient totalement blanche.
L' hermine en Nouvelle-Zélande
Les belettes et les hermines ont été introduites en Nouvelle-Zélande à la fin du 19e siècle. Elles sont en partie responsables de l’extinction de plusieurs espèces locales d’oiseaux.
Cependant, les premiers coupables sont les chiens et les rats introduits également par l’homme.
Depuis 1981, toutes les hermines de l’île Adèle ont été chassées pour donner aux colonies d’oiseaux une chance de survivre.
Maladie
L’hermine, comme la belette, est souvent parasitée par un ver (Skrjabingylus nasicola) qui infecte ses sinus et affecte le cerveau.
Le parasite forme des nœuds étroits et déforme peu à peu les cavités crâniennes jusqu’à y faire des trous.
La mort survient après des irritations, des douleurs et des troubles mentaux.
Mode de vie
L’hermine est un animal solitaire qui occupe un territoire farouchement défendu. La taille de ce domaine vital dépend de l’abondance des proies et varie de 10 ha à 20 ha environ. Les mâles ont un territoire plus grand.
Chaque domaine est imprégné de l’odeur de son occupant. Pendant la saison des amours, les mâles circulent plus librement à travers les territoires en quête de femelles consentantes.
Hermine en pleine chasse. By Keven Law. (CC BY-SA 3.0)
Quand une femelle est enceinte, la hiérarchie change et les futures mères acquièrent un statut comparable à celui des gros mâles en devenant dominantes.
Elles étendent alors considérablement leur territoire nourricier pour assurer un bon approvisionnement en proies. Elles le protègent des prédateurs, mais aussi des mâles qui peuvent devenir cannibales avec les nouveau-nés.
L’hermine utilise les abris naturels et les terriers de rongeurs pour s’y reposer. La tanière est douillettement aménagée avec de la végétation, des poils et des plumes des proies.
L’inconvénient est qu’elle hérite des parasites des anciens occupants, notamment les puces spécifiques aux rats et aux écureuils.
Très propre, l’hermine utilise des cavités proches de la tanière pour y stocker de la nourriture et y déposer ses excréments.
Techniques de chasse
L’hermine est un prédateur audacieux qui pratique une chasse en solitaire. Chasser représente une grande perte d’énergie qui doit être fréquemment renouvelée d’où l’appétit insatiable de l’hermine et des autres mustélidés.
Elle prend souvent des risques en s’attaquant à de grosses proies. Par exemple, la ruade d’un lièvre peut briser le cou d’une hermine.
Crâne d'hermine. By Eli Hodapp . (CC BY-SA 3.0)
Elle concentre donc ses efforts sur des proies correspondant à ses capacités. Cette technique permet également d’éviter toute concurrence avec d’autres mustélidés de taille différente, mais également entre individus de la même espèce, mais de sexe différent.
Le mâle chasse de plus grosses proies que la femelle.
Les campagnols sont un menu de choix ainsi que les lapins.
Ce sont des chasseurs essentiellement nocturnes. Quand les petits mammifères viennent à manquer, l’hermine se rabat sur les oiseaux, les œufs, les batraciens, les poissons ou les insectes.
Dans les régions les plus froides, elle chasse le lemming.
Hermine qui vient de tuer un rongeur. © dinosoria.com
L’hermine doit manger quotidiennement pour contrebalancer l’énorme perte de calories.
Elle peut se faufiler dans les abris et les galeries souterraines.
Sa technique de chasse se décompose en plusieurs étapes. Tout d’abord, elle explore son environnement à la recherche d’une proie, elle approche silencieusement, elle poursuit la proie puis la capture et la met à mort.
Elle peut consommer immédiatement sa victime ou la stocker.
L’odorat, l’ouïe et la vue jouent des rôles essentiels. Ses capacités athlétiques font le reste puisqu’elle peut courir, sauter, grimper ou faire volte-face très rapidement.
L’attaque est rapide et la mise à mort également. L’hermine maintient sa proie au sol et plante ses crocs dans la nuque à la manière d’un félin.
Si la proie est plus importante comme un lapin, elle roule au sol avec lui en essayant de porter un coup fatal.
Plusieurs morsures viennent à bout de la proie.
Reproduction
Mâles et femelles ne se fréquentent qu’au moment de la reproduction qui s’effectue au début de l’été.
L’hermine a développé deux astuces pour profiter des années où les proies abondent. Tout d’abord, dans une année pauvre en proies, la plupart des œufs de la femelle ne seront pas fécondés, ou seront avortés, ou encore les petits mourront au stade de l’allaitement.
Seuls les plus robustes survivent.
La seconde astuce est la gestation différée qui permet de faire coïncider la mise bas avec une phase d’abondance des proies.
Le développement des ovules fécondés démarre normalement pendant les deux premières semaines puis s’interrompt durant 9 à 10 mois. Ainsi, pour un accouplement intervenu en début d’été, la mise bas ne se produira effectivement qu’au printemps suivant, après la reprise de la gestation durant au total environ 28 jours.
Les portées de la femelle hermine peuvent aller jusqu’à 20 petits, qui se disputeront les 4 ou 5 paires de mamelles.
La portée moyenne est de 7 petits.
La Dame à l'hermine. Peinture de Léonard de Vinci (Museum Czartoryskich). By Allie Caulfield . (CC BY-SA 3.0)
Les nouveau-nés sont sourds, aveugles et édentés et pèsent environ 2,5 g. Ils sont totalement dépendants de leur mère les premières semaines. Elle les élève et les nourrit seule.
Les jeunes grandissent vite et peuvent déjà chasser avec leur mère à 2 mois.
L’hermine a une espérance de vie très courte en liberté. Une femelle peut survivre 2 ans, mais meurt souvent peu après la première mise bas.
Les nouveau-nées femelles restent près du territoire maternel qui deviendra le leur au décès de leur mère.
Les mâles, moins précoces, s’attardent sur le territoire de leur mère jusqu’à la fin de leur premier hiver.
Une femelle peut se reproduire dès l’âge de 3 mois alors que le mâle doit attendre sa deuxième année.
Le record de longévité connu en liberté est de 7 ans. En captivité, une hermine peut vivre une dizaine d’années.
L’hermine et l’homme
Tous les mustélidés ont un fort instinct carnassier qui les rend peu populaires auprès des fermiers et des gardes-chasse.
Les hermines peuvent s’attaquer à des enclos de gibiers à plumes, tuant adultes et juvéniles sans distinction.
L’hermine accumule les handicaps, car non seulement c’est une chasseuse invétérée, mais en plus elle arbore une fourrure attractive.
300 peaux sont nécessaires pour confectionner un seul manteau d’hermine.
Pourtant, les mustélidés tuent bien plus de nuisibles comme les rongeurs que des animaux d’élevage.
Depuis le 19e siècle, le piégeage excessif pratiqué en Sibérie, en Alaska, au Canada ou en Scandinavie a entraîné une régression importante des populations d’hermines.
Le commerce des peaux a dû être règlementé pour ne pas que l’espèce s’éteigne.
Ancienne publicité pour l'achat d'un manteau avec un col d'hermine. By stevechasmar . (CC BY-SA 3.0)
L’homme a pourtant bien besoin des mustélidés pour réguler les populations de rongeurs et de lagomorphes.
Malgré tout, l’hermine continue à être chassée, empoisonnée ou piégée sur l'ensemble de son aire de distribution.
Le piège à mâchoires est interdit dans beaucoup de régions. Cette méthode cruelle inflige une énorme souffrance à l’animal qui agonise pendant des heures avant de mourir.
Cette espèce ne bénéficie d’aucune protection. Elle n’est cependant pas actuellement considérée comme étant menacée bien que dans quelques régions, la chasse excessive mette en péril les populations.
Classification: Animalia. Vertebrata. Mammalia. Carnivora. Caniformia. Mustelidae. Mustela
V. Battaglia (12.07.2009)