Les
Galères sous Louis XIV
Dans
l’Antiquité, la galère était
un bâtiment de combat gréé
d’un mât unique et d’une voile
carrée. Elle était manœuvrée
essentiellement à l’aviron. |
L’absolutisme de Louis XIV Louis XIV, (1638-Versailles 1715. Roi de France de 1643 à 1715), écrira dans ses Mémoires : « Ce qui fait la grandeur et la majesté des rois n’est pas tant le sceptre qu’ils portent que la manière de le porter. C’est pervertir l’ordre des choses que d’attribuer la résolution aux sujets et la déférence au souverain. C’est à la tête seule qu’il appartient de délibérer et de résoudre et toutes les fonctions des autres membres ne consistent que dans l’exécution des commandements qui leur sont donnés. » La
doctrine politique de ce roi, l’absolutisme,
est inscrite dans ses formules. Autoritaire et
égoïste, le Roi-Soleil entendait bien
imposer sa volonté sur tous. Si les galères sont redevenues à la mode sous son règne, ce n’est que par rapport à cette soif de gloire. Louis XIV (1701. Hyacinthe Rigaud. Musée du Louvre, Paris) En
effet, après avoir connu son heure de gloire
à la bataille de Lépante en 1571,
la galère est un outil déjà
archaïque au XVIIe siècle, époque
où triomphe le vaisseau à voiles
et à haute coque. Au nom d’un égocentrisme poussé à l’excès, les galères vont user des dizaines de milliers d’hommes, attachés à leur banc le plus souvent jusqu’à leur mort. Qui étaient les galériens ? Les
condamnés aux galères sont en priorité
ceux qui bravent l’autorité de Louis
XIV : déserteurs, contrebandiers, faux-monnayeurs.
Après la révocation de l’édit
de Nantes, en 1685, les protestants sont systématiquement
condamnés. Bien
sûr, parmi tous les condamnés qui
se succèdent sur les bancs des galères,
on trouve également des voleurs, des assassins,
ainsi qu'une forte proportion de vagabonds. Les galériens sont, à proprement parler, des esclaves du roi, des «esclaves d'État»; on trouve d'ailleurs parmi eux quelques esclaves, tout à fait officiels: Maures razziés, orthodoxes, Polonais, voire Indiens Iroquois. Une mort sociale Le premier voyage qu'effectuent les galériens est celui qui les conduit des grandes villes du royaume où ils ont été condamnés jusqu'à Marseille, le grand et unique port des galères. Enchaînés, marqués au fer rouge sur l'épaule gauche des trois lettres d'infamie « GAL », les galériens sont alors sous la responsabilité d'entrepreneurs privés sans scrupule. L'embarquement des galériens dans le port de Gênes (Alessandro Magnasco 1667-1749) Le
trajet est long et pénible. Bien des condamnés
meurent avant même d'être arrivés
sur le lieu où ils doivent purger leur
peine. Les galériens ont le crâne
rasé et sont vêtus de guenilles écarlates. Les brimades, les rixes, les épidémies, notamment de typhus, laissent à peine un condamné sur deux en vie au terme de sa peine, si tant est qu'il soit un jour libéré. Galériens (Illustration d'un manuel d'histoire de l'entre-deux-guerres) Car la durée légale de la peine prononcée par les tribunaux importe en réalité peu. Seul le roi peut libérer un galérien, et il oublie d'autant plus volontiers de le faire que la flotte de galères manque le plus souvent d'effectifs. La carence est telle que Louis XIV tente un moment de convaincre le roi d'Angleterre Jacques II d'envoyer dans les galères françaises ses propres hérétiques. Quelques exceptions à la règle L'essentiel de la vie du galérien se déroule heureusement à terre, où les condamnés sont employés aux travaux de l'arsenal. Là, la discipline se relâche quelque peu. Certains galériens sont employés chez des artisans ou des bourgeois de la cité. La
pègre locale ne manque pas de nouer des
accointances avec ceux qui travaillent près
des embarcadères. La Galère de Cléopâtre d'après Henri PICOU (Gravure de GAUTIER - 1875) Ce sont là évidemment des situations exceptionnelles, mais elles forcent à nuancer le sombre tableau du monde des galériens. Les galères prennent fin en 1748. Cette année-là, près de 7 000 galériens deviennent bagnards à Marseille, à Toulon ou à Brest, tandis que les bâtiments sur lesquels ils ramaient sont désarmés. Les bagnes, qui sont des mouroirs, vont prendre le relais. Puis, au XIXe siècle, viendra la « mode » de la déportation outre-mer, en Australie ou en Guyane. Le XXe siècle verra l’institution des camps de concentration toujours étroitement liés aux régimes totalitaires. V.Battaglia (17.11.2006) Référence Les Galères, Mémoire de l’Humanité, Editions Larousse < Histoire |