1936
: Le Front Populaire
Le 3 mai 1936 marque un tournant décisif
en France. Les élections donnent une large
victoire au Front populaire. C’est le premier
gouvernement socialiste en France. Alors que les
Français ne croient plus guère en
la capacité des hommes politiques à
redonner un élan au pays, en quelques mois,
le Front populaire avec à sa tête
Léon Blum, va voter des réformes
inimaginables à l’époque.
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Le 6 février 1934, des manifestants de droite menacent d’envahir le Palais-Bourbon, siège de l’Assemblée parlementaire. Aucun n’y pénètre mais leur attitude suffit à évoquer le spectre d’un coup d’état fomenté par les ennemis de la démocratie. Les partisans de la République se mobilisent alors et notamment les forces de gauche. C’est l’origine de la victoire du Front populaire aux élections deux ans plus tard. La crise du 6 février s’explique par le climat de tension qui règne en France depuis le début des années 30. Une série de scandales a terni l’image de la démocratie. Le plus récent est l’affaire Stavisky. Les manifestants de droite veulent impressionner le gouvernement et l’émeute fait 15 morts. Cette émeute aboutit au changement de gouvernement et à la démission du radical Edouard Daladier, président du Conseil. La rue a imposé sa loi contre le vote populaire qui avait écarté la droite en 1932. C’est l’occasion pour les socialistes
de la S.F.I.O et aux militants communistes de
crier qu’on a assisté à une
tentative de putsch fasciste.
L’alliance socialistes-communistes est bientôt rejointe par les modérés. Derrière ce rassemblement, se cache la peur du fascisme qui trouve de nombreux échos à droite. Le 14 juillet 1935, une manifestation scelle
la création du « Rassemblement »
ou « Front populaire » qui comprend
les socialistes, les communistes et les radicaux. Léon Blum en 1936 Le Front populaire a alors un programme assez modéré. Ses propositions les plus hardies sont la semaine de 40 heures sans diminution de salaire et la nationalisation des usines d’armes. C’est donc un programme issu des radicaux qui est adopté car socialistes et communistes craignent d’inquiéter la petite bourgeoisie contre des projets trop avant-gardistes.
Les législatives, qui se déroulent
les 26 avril et 3 mai 1936, donnent la victoire
au Front populaire. Le gouvernement s’installe le 4 juin. A
la même date, un mouvement de grève
sans précédent a commencé. Le tout se passe dans une ambiance bonne enfant
avec en arrière fond des airs d’accordéon
et des bals populaires.
En réalité, ce mouvement est exceptionnel
dans le sens où il ne remet pas en cause
le gouvernement mais au contraire exprime un immense
espoir de changement. Pourtant, ce peuple est bien méprisé. La droite de l’époque ne se prive pas de se moquer des aspirations de ces « prolétaires » un peu « crasseux » : »Front populaire ? La semaine des deux dimanches ! Ou Papier gras sur les plages ! » En 1936, la réaction du peuple est noble. Rien à voir avec les mouvements soi-disant populaires d’aujourd’hui, entachés d’actes de vandalisme perpétrés entre deux diffusions d'une téléréalité indigeste. Le mouvement de grève a été
déclenché suite au licenciement
de cinq ouvriers qui avaient chômé
le 1er mai. Affiche du Front populaire: le serment d'union contre les ligues Les occupations restent pacifiques et l’on déplore que de très rares incidents. Il y a des bals dans les usines, l’alcool reste interdit, les femmes peuvent rentrer chez elles le soir et les catholiques aller à la messe le dimanche.
Cette situation permet à Léon Blum
d’aller au-delà du programme sur
lequel le Front populaire a été
élu. Le 7 juin, patrons et syndicats s’accordent sur l’élection de délégués du personnel, la levée de toute sanction pour faits de grève et une hausse de 7 à 15% des salaires. Des lois très importantes sont votées :
D’autres mesures sont plus symboliques comme la nomination de trois femmes comme sous-secrétaires d’Etat alors que le droit de vote est toujours réservé aux hommes. C’est dans la nuit du 7 au 8 août
que l’accord est conclu. Trois jours plus
tard, Léon Blum demande aux ouvriers de
reprendre le travail. Malgré tout, la France qui rêvait d’une meilleure qualité de vie a obtenu le droit aux « loisirs ». Un été en 1936, c’est l’image
d’une famille qui part vers le soleil en
fredonnant un air de Charles Trenet, la casquette
de travers avec l’espoir de jours meilleurs.
L’euphorie sera de courte durée. Dans les mois qui suivent, le Front populaire se défait. Il ne peut intervenir pour aider la démocratie dans la guerre civile espagnole. De plus, les difficultés économiques lui imposent en février 1937 une pause des réformes. Les radicaux s’inquiètent du coût
des mesures sociales et le Sénat refuse
d’accorder les pleins pouvoirs financiers
à Léon Blum. Que reste t-il alors du Front populaire ? Une époque mythique pour toute la gauche.
Des réformes révolutionnaires arrachées
sans violence par le peuple. Propagande de l'opposition contre le Front populaire :"Si vous votez pour le Front populaire soutenu par Moscou, c'est la guerre" Léon Blum déclara, à Riom, en 1942, devant les juges de Pétain : « Tout cela me donne le sentiment que, par l’organisation du travail et du loisir, j’avais malgré tout apporter une espèce d’embellie, d’éclaircie, dans des vies difficiles et obscures… » Oui, Monsieur Léon Blum, vous avez permis à tout un peuple de découvrir la vie, autrement qu’au fond d’une mine ou derrière une machine. Vous avez insufflé à un peuple l’espoir que tout est permis et que l’on peut réécrire son destin. Vous avez eu l’humilité de vous
interroger sur votre capacité personnelle
à prendre le pouvoir. Combien d'hommes politiques peuvent en dire autant ?
Vous symboliserez encore pour très longtemps
l’archétype de l’homme d’Etat,
le vrai, un homme honnête aimant avant tout
son pays et son peuple.
Propagande des républicains espagnols pour inviter à la mobilisation générale mais l'Europe n'interviendra pas dans le conflit
Hitler inaugure les Jeux de Berlin C’est lors de ses Xe Jeux que Jesse Owens remporta la médaille d’or du saut en longueur face à un athlète allemand. Jesse Owens remporte 4 médailles d'or Furieux, le Führer quitta la tribune pour
éviter de serrer la main à un homme
de couleur.
V.Battaglia (27.04.2006) Bibliographie Principale Les grands évènements de l'histoire du monde, éditions Larousse 1991. Chronique du XXe siècle, 1985 Jacques Legrand SA, éditions Chronique . Le Nouvel Observateur, article sur le Front populaire réalisé par Agathe Logeart, N°2164 < Histoire |