Le
Drame du Heysel
Quand le football devient un exutoire à la violence Le 29 mai 1985, lors d’une rencontre de football au Heysel, le stade de Bruxelles, des supporters anglais attaquent une tribune italienne. Rouant de coups les spectateurs, ils créent
une véritable panique dans la foule, provoquant
la chute d’un mur. En quelques minutes,
des centaines de personnes sont piétinées. |
Le drame se produit 25 minutes avant le coup d’envoi du match qui oppose l’équipe de Liverpool à la Juventus de Turin pour la finale de la coupe d’Europe des clubs champions. Depuis une demi-heure, les supporters anglais balancent
boites de boisson non alcoolisées et projectiles
divers par-dessus le grillage haut de trois mètres
qui les sépare de la tribune des Italiens. Soudain, des dizaines de hooligans se ruent sur ce grillage, qui cède. Aussitôt, c’est la panique. Les supporters italiens essayent de résister et d’échapper à leurs agresseurs, qui les coursent avec des barres de fer. Pour quitter au plus vite la tribune, certains Italiens
n’hésitent pas à empoigner à
pleine main les barbelés fixés au mur
d’enceinte. C’est la panique la plus totale et au milieu des hurlements, un des murs qui est situé en contrebas cède sous la pression. C’est une véritable marée humaine qui vient s’écraser sur ce muret protégé par un grillage. Un quart d’heure après le début du drame, la police se décide à intervenir.
Le coup d’envoi du match est d’abord repoussé. Puis, les dirigeants de l’Union Européenne de Football (U.E.F.A) décident qu’il est impossible d’annuler la rencontre sous peine d’une émeute encore plus grave. Le match se joue donc alors que des tentes sont installées
à côté du stade pour soigner les
premiers blessés et accueillir les cadavres. Les Italiens remportent le match par un but à zéro, 38 morts et 454 blessés. Le traditionnel tour d’honneur, coupe en main, n’aura pas lieu. Des mesures de sécurité avaient bien
été prises mais c’était
sans compter sur les 20 000 faux billets mis en circulation.
Quelques temps après le drame, certains hooligans sontidentifiés et 24 d’entre eux sont déférés devant les tribunaux belges. Mais, comme pour tous les drames, celui-ci est déjà retombé dans l’oubli et l’opinion publique a cessé de s’y intéresser. Parallèlement au procès, un autre drame se déroule. Sur le stade de Sheffield, la violence des hooligans provoque la mort de 95 personnes. Au final, 14 des hooligans du Heysel sont condamnés à 18 mois de prison ferme. Quels sont vraiment les coupables ? Les hooligans à la violence meurtrière ou une société incapable d’apporter aux plus démunis un autre exutoire que la violence à leur mal de vivre ? Les stades de football sont devenus de véritables terrains de guerre. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau puisque dès 1880, de véritables émeutes se produisaient en Angleterre à l’occasion des matchs de football. Les hooligans anglais ont exporté leurs méthodes chez les autres supporters, notamment les Allemands et les Belges.
Les évènements du Heysel ne sont pas
uniques. Au Pérou, en 1967, 320 personnes meurent
à cause d’un but refusé au Pérou. La liste est assez longue, malheureusement. On peut se demander si le sport n’est pas devenu un alibi pour la haine et le besoin de violence. La violence sur les stades continue. Dernièrement
en France, un arbitre a été roué
de coups par les supporters mais également
les joueurs. Où est le respect des règles de l’olympisme
édictées par Pierre de Coubertin ?
A travers ce dossier, il ne s’agit nullement
de faire le procès du football ou de tout autre
sport. Ceux qui se rendent régulièrement
sur les stades objecteront que les incidents sont
rares en rapport avec le nombre de matchs joués
chaque année. Cependant, il est primordial pour l’avenir du sport mais surtout celui de l’humanité de ne pas banaliser des comportements intolérables. Une famille doit pouvoir se rendre sur un stade sans aucun risque. Et ce risque à 0% n’existe pas actuellement. Depuis 20 ans, la société et les médias
qui s’en font le relais banalisent agressions
verbales et physiques. Insulter et agresser son professeur devient une habitude ; de même que de balancer des bouteilles sur les supporters adverses ou l’arbitre n’est plus considéré comme un délit mais comme des débordements propres au phénomène collectif de la foule. V.B (12.01.2006) Références bibliographiques Le drame du Heysel, Les grandes tragédies. Mémoire de l'Humanité. Editions Larousse 1994
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