Le
droit de vote des femmes
Le 21 avril 1944, une ordonnance du gouvernement provisoire, signée à Alger par le général de Gaulle, accorde le droit de vote aux femmes. Cette ordonnance fait des Françaises des citoyennes à part entière ; elles peuvent voter mais également être élues. Presque un siècle après avoir établi
définitivement le suffrage universel masculin,
en 1848, et avec un retard considérable
sur la plupart des pays occidentaux, la France
reconnaît enfin aux femmes le droit de décider
en matière politique.
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C’est le Conseil national de la Résistance
qui prend l’engagement, en 1943, d’accorder
aux femmes le droit de vote. Il s’agit donc plus d’une récompense que de la reconnaissance d’un droit naturel. 25 ans auparavant, à la fin de la Première
Guerre mondiale, les mêmes causes avaient failli
avoir les mêmes effets. Le Sénat avait repoussé ces projets
en 1922 en évoquant les plus classiques arguments
misogynes.
Dans le gouvernement du Front populaire, en 1936, trois femmes sont secrétaires d’Etat dont Irène Joliot-Curie à la Recherche scientifique, Suzanne Lacore à la Santé publique et Cécile Brunschwig à l’Education nationale. Le paradoxe est vraiment remarquable. Ces femmes, qui n’ont pas le droit de voter, peuvent prendre des décisions politiques.
En avril 1945, les femmes se rendent en masse aux
urnes pour les élections municipales puis pour
la désignation de l’Assemblée
constituante en octobre.
Affiche électorale de l'Union des femmes françaises en 1945 Durant les trois décennies suivantes, le vote des femmes reste toujours plus conservateur. Il bénéficie en particulier au général de Gaulle, qui recueille encore 62% des voix féminines en 1965. D’une manière générale, les femmes ont tendance, plus que les hommes, à personnaliser leurs choix politiques. Ce n’est qu’à partir du milieu
des années 1970, que le vote féminin
commence à se rapprocher statistiquement du
vote masculin.
La différence marquante au début des
années 1990, entre le vote féminin et
le vote masculin, est la répugnance des femmes
à voter pour les partis extrémistes.
A la fin des années 1980, les femmes représentent encore 53% du corps électoral. Puis, leur nombre diminue inéluctablement. Les femmes militent moins que les hommes et sont moins souvent candidates et donc élues en moins grand nombre. Il n’y a qu’au niveau des instances locales où elles sont vraiment présentes. Dans les années 1990, 16,4% des conseillers
municipaux et seulement 5,4% des maires sont des femmes.
Les nouvelles électrices s'informent en avril 1945 Ce désintérêt est tel qu’en
1982, un projet de loi projetait d’instaurer
un système de quotas rendant obligatoire la
présence d’un pourcentage de femmes sur
les listes des candidats des partis aux différentes
élections. Cette loi n’aurait d’ailleurs probablement
rien changé à la situation française.
En tant que femme, je ne pense pas que l’éventuelle
misogynie des élites soit la cause réelle
de ce désintérêt.
Une nouveauté: des talons et des bas sous le rideau de l'isoloir en 1945 Pourquoi ? C’est là une question délicate. Il est évident que le poids de tant d’années d’oppression et d’inégalités ne peut disparaître en un clin d’œil. L’inégalité devant l’éducation supérieure a également marqué de nombreuses générations. Si aujourd’hui, tous les métiers sont
accessibles aux femmes, ce n’était pas
le cas, il y a encore moins de 20 ans.
En France, il reste toujours deux domaines où il n’y a guère eu de changement : la politique et les tâches ménagères. La France se situe très en deçà de la majorité des pays européens pour ce qui est du nombre de femmes élues députés. Il a fallu la révision constitutionnelle du 28 juin 1999 concernant les partis politiques pour faire progresser l’idée que les femmes devaient partager avec les hommes tous les pouvoirs. Mais cette réforme n’a pas eu les effets qu’on pouvait espérer : aux élections de 2002 le pourcentage des femmes parmi les députés est passé de 10,9 % à 12,3 %. En revanche, dans les conseils municipaux, elles ont presque atteint la parité avec 47 % de conseillers. (Source : ministère des affaires étrangères) Enfin, il reste encore bien des progrès à faire pour le partage des tâches ménagères. Quand on demande quelle innovation a le plus changé la vie quotidienne des femmes, ces dernières plébiscitent en premier le lave-linge et les couches jetables alors que les hommes évoquent en premier le micro-ondes et les surgelés …. (Source : ministère des affaires étrangères)
Les pays anglo-saxons sont les premiers à avoir accordé le droit de vote aux femmes :
Réunion politique à Trafalgar Square en 1908. Les suffragettes anglaises réclament le droit de vote. Cette association, fondée par Emmeline Pankhurst, n'hésitera pas à utiliser la violence pour faire triompher ses idées Aux Etats-Unis :
Europe Centrale et pays nordiques:
La queue du peloton:
En Suisse, la plupart des femmes peuvent voter à partir de 1971. Mais, l’irréductible canton d’Appenzell Rhodes persiste à refuser ce droit naturel jusqu’en 1990. V.Battaglia (11.01.2006) < Histoire |