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Cryptozoologie
Découvertes d'animaux prétendument mythiques
Depuis déjà plusieurs années, les médias se sont emparés de la cryptozoologie afin d’orchestrer des émissions à grand spectacle où le mot « monstre » revient régulièrement. Il est vrai qu’un bon gros monstre que l’on jette en pâture au grand public a de grandes chances de faire monter l’audimat.
Pour peu que l’on possède une mauvaise photo, qui s’avère de surcroît un canular, et le pas est vite franchi de tout rejeter en bloc en criant au fou !
Il est grand temps de réhabiliter la cryptozoologie qui n’est pas, malgré ce qui a pu être dit à la télévision, une science d’illuminés à la recherche de dragons légendaires.
Qu’est-ce que la cryptozoologie ?
C’est
littéralement l’étude des
animaux cachés. Qui dit caché, dit
inconnu de la science.
Mais le fait qu’une espèce soit inconnue
et donc non répertoriée, ne signifie
pas qu’elle soit « monstrueuse »
ou préhistorique.
Que signifie d’ailleurs ce mot « monstre
» que l’on emploie à tour de
bras à propos de tout. Initialement, ce
mot est employé pour décrire un
être fantastique des légendes et
des traditions populaires. Il peut s’agir
également d’un être dont la
morphologie s’écarte de celle qui
est naturelle à son espèce ou son
sexe.
Il est donc peu approprié d’employer
ce terme pour décrire des animaux inconnus
qu’ils existent réellement ou non.
Parmi les grandes découvertes dans lesquelles
la cryptozoologie a joué un rôle,
citons le coelacanthe, l’okapi, le soala
ou le requin grande gueule.
Ces animaux sont aujourd’hui officiellement
reconnus mais cela n’a pas toujours été
le cas. Eux aussi ont été qualifiés
de monstres avant d’être répertoriés
car on ne les connaissait qu’à travers
des « légendes » locales.
Okapi. © dinosoria.com
Les
témoignages des populations locales ne
sont jamais pris en compte par les scientifiques.
Qui pourrait croire qu’un dinosaure hanterait
encore le bassin du Congo ?
Qui pourrait prêter foie aux racontars de
ces guides africains qui font souvent froid dans
le dos ?
Il ne s’agit forcement que de mythes pour attirer les touristes.
La
communauté scientifique a longtemps souri
aux histoires des marins et de leur soi-disant
« monstres marins ». Le calmar géant
existe pourtant bel et bien.
Il est toujours difficile de convaincre les scientifiques
de l’existence d’animaux non répertoriés.
Pour les convaincre, il faut leur apporter la
« bête » morte ou vive sur un
plateau. Cette attitude peut se comprendre car
la science ne peut avancer qu’avec des preuves
solides.
Coelacanthe. (DP)
Cependant, il faut aussi parfois de la fantaisie et de l’imagination pour sortir des schémas traditionnels et faire avancer la science en empruntant des chemins différents.
En savoir plus sur le coelacanthe
Ce sont ces chemins qui ont permis à des scientifiques et des non-scientifiques de faire de belles découvertes.
Saola : la légende devient réalité
L’histoire
du saola est celle de toutes les espèces
qui ne sont pas censées exister. La légende
se situe au Vietnam et a été colportée
par quelques aventuriers pendant longtemps.
Les indigènes parlaient d’un animal
de couleur fauve, très étrange qui
ressemblait à la fois à une chèvre
et une antilope.
Le portrait-robot prêtait à sourire
:
- Un long cou
- Une petite tête
- 1,50 m de long
- 90 cm au garrot
- Environ 100 kg
L’animal est rare et craintif et se cache dans les forêts difficilement accessibles.
Quel
beau mythe ! Un animal aussi bizarre qui n’aurait
pas été découvert dans un
pays comme le Vietnam, colonisé par les
Français !
Le pays entier a été quadrillé
et un inventaire très précis de
la faune a été effectué.
Il ne pouvait donc s’agir que de racontars.
Seulement
voilà, la légende s’est avérée
vraie. En 1993, la très sérieuse
revue scientifique Nature fit un article sur cette
affaire.
Des chercheurs se sont donc lancés à
la poursuite de la bête dans les montagnes
du nord du Vietnam, entre 1000 et 1 600 m dans
la cordillère Annmitique.
Cette zone s’étend de part et d’autre
de la frontière entre le Laos et le Vietnam,
dans les provinces de Nghe An et Ha Tinh.
Cette région est couverte d’une épaisse
jungle. De plus, elle est habitée par des
indigènes qui se sont longtemps livrés
à des guerres tribales.
Saola. © WWF-Canon / David Hube
Ce
n’est qu’en 1994 qu’un chasseur
de tortues a finalement capturé par hasard
une jeune femelle.
Brun, tacheté de blanc et doté de
ses petites cornes, l’animal a été
exposé dans un parc botanique de Hanoi.
Les autorité l’ont baptisé
« Vu quang », du nom d’un parc
naturel vietnamien où survivraient les
derniers survivants.
Le soala a été chassé par les indigènes à raison d’une cinquantaine de spécimens par an. C’est énorme quand on sait que la population est estimée à quelques centaines.
Saola © Bachma.vnn.vn
Suite
aux premières découvertes, le soala
a été étudié et répertorié
sous le nom de Pseudoryx nghetinhensis.
Pseudoryx car ses cornes ressemblent à
celles de l’oryx et le second nom se rapportant
à la région où on l’a
découvert.
Ce bovidé se situe effectivement à
mi-chemin entre la chèvre et l’antilope.
C’est aujourd’hui l’un des animaux
les plus rares qui pourrait bien disparaître
si son habitat n’est pas préservé.
Des animaux de légende bien vivants
Les
océans recouvrent les ¾ de notre
planète. Nous avons effectué des
vols vers la Lune ou Mars. Peut-on pour autant
prétendre que nous connaissons parfaitement
l’univers ? Voire même notre système
solaire ?
Il est donc tout autant absurde de penser que
nous n’avons plus rien à découvrir
des fonds marins.
Le requin grande gueule, qui lui aussi a fait
l’objet de témoignages prétendument
farfelus, n’a été décrit
officiellement qu’en 1983.
Requin grande gueule. U.S. National Archives
Le
coelacanthe, pêché depuis bien longtemps
par les habitants des îles Comores, a été
officiellement répertorié par la
science en 1938.
Mais, il a fallu toute l’opiniâtreté
d’un scientifique pour que cette découverte
soit reconnue.
Il est évident que les plus belles découvertes qui nous restent à faire proviendront sans doute des profondeurs marines.
En savoir plus sur le requin grande gueule
Cependant, sur terre, nous sommes loin d’avoir exploré chaque recoin.
L’okapi,
qui mesure 1,80 m au garrot, n’a été
découvert qu’en 1901. L’animal
n’était officiellement qu’une
légende colportée par les pygmées
du Congo belge.
Ce « cheval des forêts » se
cache toujours craintivement dans la forêt
tropicale de l’Ituri au nord-est du Zaïre.
En savoir plus sur l'okapi
Soyons rationnels mais pas obtus
Bernard Heuvelmans a souvent été décrié par les scientifiques et les sceptiques. Il est vrai qu’il a commis de nombreux excès et n’a pas toujours apporté les preuves de ce qu’il avançait. Cependant, sa démarche peu orthodoxe s’est également parfois avérée juste.
Il
avait raison, par exemple, quand il prétendait
que des varans géants vivaient dans les
marais du sud de la Nouvelle-Guinée.
Cela fut confirmé par deux naturalistes
au début des années 1970. Cet homme
n'était pas un farfelu et il faut aussi
commettre des erreurs pour faire avancer la science.
Okapi. © dinosoria.com
Chaque
année, on découvre des centaines
de nouvelles espèces mais cela concerne
des insectes, des poissons et des petits oiseaux.
Des animaux d’aussi petite taille n’intéressent
pas le grand public.
Il
est certain que le dragon de Komodo découvert
en 1912 a eu plus de succès auprès
des foules.
Soulignons d’ailleurs que lui aussi, avant
sa découverte officielle, n’était
que le fruit de l’imagination de quelques
navigateurs et indigènes locaux.
Dragon de Komodo. © dinosoria.com
Il reste de nombreuses créatures à découvrir. Parmi celles qui font fantasmer, le serpent de mer n’est certainement pas une légende si l’on en juge par les tonnes de rapports le concernant.
Dans l’immensité des océans, des créatures étranges peuvent évoluer sans avoir une chance sur mille d’être repérées.
Si
nous voulons vraiment faire avancer la science,
il nous faut ouvrir notre esprit sans préjugés.
Après tout, nous savons bien que toute
légende contient une part de vérité.
V.Battaglia (19.12.2006)