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Coyote
Parmi les canidés sauvages, c’est le coyote (Canis latrans) qui a su le mieux s’adapter aux persécutions humaines. Non seulement, cet animal n’a pas été éradiqué de l’ouest des Etats-Unis mais il a élargi son aire de répartition.
Aujourd’hui, on peut trouver le coyote de l’Alaska jusqu’au Costa Rica. Sur les territoires du nord de l’Amérique, depuis l’élimination systématique du loup, le coyote est devenu le chien sauvage le plus répandu.
Le coyote : aboyeur des plaines
Le mot coyote est une adaptation du mot aztèque « coyotl » signifiant « chien qui aboie ». Le coyote est l’exemple parfait de l’intelligence animale.
Il existe 19 sous-espèces de coyotes dont la robe varie du gris au roux.
Avec une longueur qui ne dépasse pas un mètre (75 à 100 cm) pour un poids de 7 à 21 kg, le coyote
sait adapter sa vie en fonction du contexte. Il
passe alternativement d’un mode de vie communautaire,
riche d’un langage complexe, à un
mode de vie solitaire.
C’est cette extraordinaire faculté
d’adaptation qui lui a permis de survivre
à toutes les persécutions.
Coyote. © dinosoria.com
Le coyote peut s’acclimater aux modifications
de son habitat et exploiter un nouveau biotope.
Ainsi, on peut l’observer dans les champs
en train de suivre les machines agricoles pour
dénicher les rongeurs souterrains.
Il hante de plus en plus la banlieue de Los Angeles.
Poubelles et animaux domestiques lui procurent
une nourriture abondante. Il va jusqu’à
vider les écuelles des chiens ou à voler
les tourteaux de soja donnés par les éleveurs
à leur cheptel.
On connaît au moins un cas d’une attaque
mortelle sur un enfant.
Vidéo partenariat coyote et blaireau
Son ouie et son odorat lui permettent de détecter les rongeurs sous la neige. Il se fige alors et bondit en l’air comme un ressort en suivant un angle de 45° puis retombe pattes et gueule en avant.
Coyote qui chasse. By sara.atkins
Le coyote prolifère et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
C’est un opportuniste qui sait tout mettre à son profit.
Par exemple, il peut s’associer au blaireau. Le coyote localise
un terrier et sa proie puis le blaireau creuse avec ses puissantes
griffes.
Le coyote s’approprie alors la victime à son seul profit.
Il n’hésite pas à rester à l’affût près des loutres qui pêchent de nombreux poissons pour leur voler leur pêche.
Vidéo Coyote vole un poisson à une loutre
Cet animal très intelligent suit les trains car il sait qu’ils font détaler les écureuils terrestres camouflés.
Un animal pas si solitaire
L’image traditionnelle du coyote, véhiculée par les westerns, est celle d’un animal solitaire aboyant au crépuscule.
En réalité, notre coyote a mis en place un langage très élaboré et divers rituels en vue d’établir les rangs hiérarchiques au sein des groupes.
Le coyote est un opportuniste très rusé © dinosoria.com
S' il aime marauder seul, le coyote chasse fréquemment en groupe. C’est de là que proviennent les litiges avec les éleveurs. Effectivement, les hordes s’attaquent volontiers au bétail.
Le coyote solitaire se nourrit de petites proies et de charognes
mais un groupe peut s’attaquer à un cerf ou un wapiti.
Le groupe de 4 à 6 adultes peut atteindre 65 km/h et cela
sur une distance de 400 m environ. Ils se relayent pour éviter
de s’épuiser.
L’hiver, alors que les proies se font plus rares, cette chasse
collective est le seul moyen pour eux de survivre.
Coyote photographié dans le parc de Yellostown. By Tomas Caspers
C’est au Canada et en Alaska que le coyote se heurte à
la concurrence du loup. Intelligent, il y survit car il a adopté
pour la circonstance un mode de vie familial.
De plus, pour lutter contre les rigueurs du froid, son pelage s’épaissit
pour atteindre 10 cm de longueur. Il est doublé d’un
sous-poil bien dru de 5 cm d’épaisseur.
Vidéo Un coyote chasse dans la neige
Le coyote est fidèle à sa cellule familiale. Le marquage
du territoire permet d’éviter les conflits.
Son domaine vital peut atteindre entre 8 et 80 km². Les plus
vastes domaines appartiennent aux meutes qui sont une famille élargie
formée d’un couple, des petits et des jeunes des portées
précédentes ayant atteint leur maturité.
Un jeune coyote. By Paraflyer
Les coyotes sont plutôt monogames. Ils forment des couples parfois unis pour la vie. Le départ des jeunes d’une famille dépend de l’abondance du gibier.
Quand plusieurs familles s’unissent, on parle de clan. On retrouve alors le même type d’organisation que chez les loups.
Les coyotes sont plutôt monogames. By emdot
Le couple dominant est le seul à se reproduire.
Le statut des autres dépend de leur rôle
dans l’éducation des petits.
Les membres d’une meute sont tous issus
du même couple et partagent donc le même
bagage génétique.
En participant aux soins prodigués aux
frères, sœurs et cousins, ils perpétuent
les gènes du clan comme si ils se reproduisaient
eux-mêmes.
Le cri du coyote
Canis latrans signifie « chien aboyeur ». Il est vrai
que l’étendue du langage utilisé par le coyote est
très important.
Pas moins de 11 types de vocalises de base ont été
recensés dans les relations orales entre coyotes mâles.
Les nouveau-nés en maîtrisent déjà la
plupart : jappement, gémissement, aboiement, hurlement ou
grognement.
Canis latrans signifie « chien aboyeur ». © dinosoria.com
Le hurlement est un signe de reconnaissance qui permet à chaque individu de retrouver la trace d’un congénère ou d’avertir d’un danger imminent.
Hurlement du coyote (Son MP3)
Quand un coyote hurle, il obtient une réponse d’un membre dominant du clan. Si le clan hurle de concert, cela signifie que le territoire est déjà pris.
Outre le langage sonore, le coyote utilise également le
langage « gestuel ». On a comptabilisé huit positions
faciales de base et quatre postures principales.
Ce langage corporel sert à exprimer le degré de soumission,
d’agressivité ou de sympathie avec de nombreux degrés
intermédiaires.
La reproduction
Entre 9 et 10 mois, une femelle atteint sa maturité
sexuelle. Quand elle décide de s’accoupler,
elle est courtisée par plusieurs mâles.
Sa période de fécondation est longue,
entre deux et trois mois. Cette période
lui laisse le temps de bien choisir son partenaire.
Les couples de coyotes sont unis parfois pour la vie. By sinoda
L’époque du rut se situe entre janvier et mars. Les mâles s’intimident mais les vrais combats sont très rares. D’ailleurs, la femelle ne choisira pas forcément le gagnant.
Un seul mâle s’accouplera et le couple restera uni pour chasser et voire même vivre ensemble toute leur vie.
La femelle met au monde en moyenne cinq à sept petits ( jusqu'à 19) qui
naissent aveugles au printemps, après 50 à 65 jours de gestation.
La femelle choisit la tanière et l’aménage avec
des végétaux. Peu avant la naissance des petits, le
mâle s’isole dans un terrier voisin mais veille à
apporter de la nourriture à sa compagne tant qu’elle
s’occupe des petits.
Dès trois semaines, les jeunes commencent à manger de la viande régurgitée par les parents. Vers 8 semaines, ils commencent à apprendre à chasser et atteignent leur taille adulte vers 9 mois.
Le mâle s'occupe de sa partenaire et des petits. By justinjohnsen
Selon la richesse du territoire, les jeunes partiront dès leur 9ème mois pour s’établir sur un autre domaine ou resteront plusieurs années au sein du clan.
Un coyote vit en moyenne 10 ans en liberté. En captivité, il peut atteindre 18 à 20 ans au maximum.
Qui est pris, qui croyait prendre
Le coyote est devenu l’animal le plus chassé d’Amérique du Nord. Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de coyotes sont abattus.
Le coyote est l'ennemi public N°1. By Michael (mx5tx)
Mais, cette politique n’a donné aucun résultat. Cette tentative d’éradication a au contraire encouragé le coyote à se reproduire de manière beaucoup plus intensive.
Pour pallier à la menace humaine, les femelles sont sexuellement matures plus jeunes et mettent au monde plus de petits. Certaines femelles peuvent mettre au monde jusqu'à 19 jeunes.
Le problème c’est que ce réflexe naturel d’autoprotection créé un nombre croissant d’animaux pour un biotope qui lui n’est pas plus riche. De ce fait, le coyote ne trouvant pas de proies à l’état sauvage, se rabat sur les troupeaux.
Insolite photo de ce coyote en compagnie de bovins. By John-Morgan
De plus, ils deviennent de moins en moins farouches et s’approchent
des zones urbaines. C’est à Los Angeles que l’on
dénombre le plus de coyotes au kilomètre carré.
Au Canada, les coyotes se sont accouplés avec des chiens
domestiques et ont créé une nouvelle race hybride
plutôt redoutable.
Les « coy-dogs », fruits de ces unions, se reproduisent très vite et sont bien plus agressifs et nuisibles.
Le coyote est pourtant bien utile à l’équilibre de l’environnement. Il devrait faire l’objet d’une prévention intelligente plutôt que ces tentatives massives et maladroites d’abattage.
Coyote intrigué par les touristes sur une route de Californie. By Willem van Bergen
Grâce à lui, les populations de rongeurs n’augmentent pas. Il évite une recrudescence de lièvres et de lapins et élimine les bêtes malades dans les grands troupeaux d’ongulés.
Il est évident que l’Homme, une fois encore, a joué à l’apprenti sorcier et ne sait plus aujourd’hui comment rétablir l’équilibre.
Classification: Animalia. Mammalia. Carnivora. Canidae. Canis
V.Battaglia (05.2005) M.à.J 03.2008
Références
Sillero-Zubiri & Hoffmann (2004). Canis latrans. 2006 IUCN Red List of Threatened Species. IUCN 2006. Retrieved on 05 May 2006. Morey, Paul. 2004. "Landscape use and diet of coyotes, Canis latrans, in the Chicago metropolitan area", Masters Thesis, Utah State University . Voigt, D. R., and W. E. Berg. 1999. "