Toujours en usage dans de nombreux peuples, la circoncision est un rituel qui remonte bien avant l’apparition des premières religions monothéistes. La plus ancienne représentation connue de la circoncision orne un tombeau de Saqqarah, en Égypte, et remonte à environ 2300 ans avant notre ère.
On ne connaît pas la raison d’être à l’origine de la circoncision. Par contre, cette pratique est un rite religieux essentiel dans le judaïsme, ou elle est le signe de l’alliance du peuple de Dieu avec Yahvé.
La circoncision est également pratiquée au sein de l’Islam. Non obligatoire, elle constitue une étape initiatique à l’orée de la vie adulte.
La circoncision de Jésus n’a jamais été réfutée par l’Église bien que cette pratique ait été abandonnée.
Enfin, précisons que la circoncision peut également être réalisée pour des raisons d'hygiène, voire médicales, l'ablation du prépuce évitant l'accumulation de sécrétions sous le prépuce, parfois source d'infections.
La circoncision dans l’Égypte ancienne
Sur
le tombeau du noble Ankhmahor à Saqqarah,
figure la représentation d’un garçon,
debout, qui est opéré par un prêtre.
Ce dernier incise le prépuce à l’aide
d’un couteau de silex ovale. Ensuite, un
personnage enduit la blessure d’un onguent.
Bas-relief du tombeau d'Ankhmahor. © dinosoria
Le temple de Mout, à Karnak, montre une scène identique. Mais, cette fois, il s’agit du futur pharaon Thoutmosis IV.
Couteau de circoncision avec la figure du dieu Anubis (Paris, musée du Louvre) . © dinosoria
Tous les pharaons ne subissaient pas la circoncision.
Cette dernière n’avait pas lieu après
la naissance mais à partir de l’âge
de 10 ans.
Cette pratique touchait toutes les classes sociales
mais sans être systématique.
Elle est ensuite devenue obligatoire pour les prêtres, principalement pour des raisons de pureté rituelle.
Couteaux utilisés pour la circoncision. Musée Afrcain. By Erin . (CC BY-NC-ND 3.0)
Nous ne savons pas pourquoi les Egyptiens ou les peuples du Proche-Orient pratiquaient la circoncision. S’agissait-il d’un rite magique, d’une cérémonie tribale, d’un rituel de fertilité masculine ou d’une intervention destinée à prévenir les maladies infectieuses ?
Circoncision et christianisme
On
prête à Saint Paul d’être
à l’origine de l’abandon de
la circoncision, contre l’avis des judéo-chrétiens.
Jusqu’en 1970, la Circoncision de Jésus
était une fête catholique pratiquée
le 1er janvier.
Le Saint-Prépuce fut d’ailleurs une
relique vénérée.
Dans le Nouveau Testament, Luc, l’un des quatre évangélistes évoque la circoncision du Christ. (II:21) :
« Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception. »
La Circoncision de Jésus (fresque de Jean Canavero, XVe siècle, église Notre-Dame-des-Fontaines. © dinosoria
Par contre, dans les Épîtres de Saint Paul, la circoncision est remise en cause :
« La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien; ce qui compte, c’est de garder les commandements de Dieu. » (Corinthiens, VII:19).
L'Église chrétienne copte pratique toujours le baptême par immersion et avec la circoncision.
La circoncision chez les Hébreux
Pour
les Hébreux, la circoncision est un véritable
acte religieux. Cet acte est accompli pour obéir
à Dieu et s’affirme également
comme le signe de l’appartenance à
une nation.
Dans un passage de l’Ancien Testament, rédigé
à la fin du Vie siècle avant notre
ère, Dieu ordonne à Abraham, premier
patriarche, de faire circoncire à l’âge
de huit jours tous les nouveau-nés mâles
de son peuple.
L’opération qu’il exige consiste à enlever le prépuce c’est-à-dire la peau mobile qui recouvre le gland de la verge.
L’emploi
d’un couteau de silex est recommandé
dans un autre texte de la Bible : »Fais-toi
des couteaux de silex et remets-toi à circoncire
les fils d’Israël ».
Cela démontre que la circoncision remonte
à une époque où l’on
ne connaissait pas le métal, c’est-à-dire
la préhistoire.
Circoncision représentée sur le vitrail d'un cloître. By Audrey Sol . (CC BY-NC-ND 3.0)
C’est le père de famille qui doit se charger de l’opération. En principe, la mère ne doit pas assister à l’intervention.
Grâce
à d’autres textes hébreux,
on sait que plus tard, la circoncision est confiée
à un spécialiste appelé mohel
lors de la cérémonie
dite Berith mila (communément écrit
brith mila). Berith signifie « alliance
» en Hébreux.
Le mohel incise le prépuce et le déchire
puis étanche le sang qui coule en le suçant.
Enfin, il applique sur la plaie un emplâtre
à base d’huile, de vin et de cumin.
Le couteau en silex a été remplacé
par un couteau en métal.
Des prières accompagnent le rituel.
Cérémonie du Berith mila. © Encyclopédie Larousse
Ce
rituel qui vient du fond des âges est devenu
pour les Hébreux une alliance entre Dieu
et le peuple élu.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard
si la circoncision est devenue ce symbole pendant
l’exil des Hébreux à Babylone.
Ils viennent alors au milieu de peuples qui ne
pratiquent pas la circoncision. Cette intervention
marque alors leur différence et leur appartenance
à la nation juive.
C’est d’ailleurs après l’exil, à la fin du VIe siècle avant notre ère, qu’est rédigé le texte dans lequel Dieu annonce que la circoncision sera le signe de l’alliance avec son peuple.
Instruments de circoncision de l'hôpital Juif de Berlin. By Checco . (CC BY-NC-ND 3.0)
Le
symbolisme de cette intervention est si fort que
les Hébreux sont prêts à risquer
leur vie pour la pratiquer malgré les interdictions.
Mais, toutes les répressions n’ont
jamais fait disparaître cette pratique millénaire.
Après l’émergence du christianisme, la circoncision a permis de différencier les fidèles de la nouvelle religion des adeptes du judaïsme.
La circoncision et l’Islam
Appelée khitan en arabe, la circoncision n’est pas préconisée par le Coran. Cependant, elle est largement pratiquée dans la plupart des pays musulmans.
Contrairement
aux Hébreux, cette pratique est plus assimilée
à l’entrée du jeune garçon
dans le monde des adultes ainsi que dans la communauté
des croyants qu’à un rituel religieux.
Nul besoin d’être circoncis pour être
musulman.
Ce rituel « initiatique » est accompagné d’une grande fête, mais d’aucune prière. L’âge de l’enfant au moment de l’intervention est très variable, du jour même de la naissance à 7 ou 8 ans.
V.Battaglia (19.04.2007)
Références
Malek Chebel. Histoire de la circoncision, Perrin.
La circoncision chez les Hébreux, Mémoire de l’humanité, éd. Larousse 1995
Sami Aldeeb Abu-Sahlieh, Circoncision. Le complot du silence, éd. L'Harmattan, 2003