Cartouche En 1721, la foule parisienne assiste au supplice, sur la place de Grève, d’un chef de bande devenu une célébrité. La gloire de Cartouche survivra longtemps à son exécution. Cartouche, voleur des riches, est devenu un héros de la littérature populaire. |
Le bandit d’honneur Par le caractère exceptionnel de ses exploits, Louis Dominique Cartouche est devenu le criminel le plus célèbre de son époque. Il a su profiter de la corruption de l’époque de la Régence pour trouver sa vocation. Fils d’un tonnelier parisien, Cartouche fut un temps racoleur militaire pour l’armée. Il fait sa première expérience de la délinquance dans les tripots. Sa dextérité au jeu en fait vite une vedette. Après l’austérité du règne de Louis XIV, la faiblesse du nouveau roi permet de donner libre cours à tous les excès. L’économie française est au plus mal et la spéculation naît avec l’émission du papier-monnaie. Ce système proposé par l’Ecossais Law aboutit à la création de compagnies de commerce au capital divisé en actions. En s’attaquant à ces profiteurs, Cartouche s’attire la sympathie populaire. Le chef de bande recrute ses hommes parmi d’anciens soldats. Cartouche arrive ainsi à former une véritable troupe qui dans les derniers temps a atteint les 2000 hommes.
L’organisation de la bande s’inspire de celle de l’armée, avec une discipline sévère et une hiérarchie. Cartouche possède des indicateurs et créé un réseau efficace de receleurs et d’armuriers. Les cartouchiens enchaînent les attaques de diligence, les coups de main contre les hôtels particuliers ou les pillages de bijouteries. Le peuple est aux anges mais les autorités veulent mettre fin à ses exactions qui ridiculisent le pouvoir royal. L’arrestation de Cartouche Le 14 octobre 1721, en pleine nuit, le bandit qui tenait en haleine les autorités depuis plus de quatre ans, est arrêté sur la dénonciation d’une femme. Il n’a pas le temps de réagir et se retrouve pieds nus conduit dans la prison du Châtelet. Afin de prévenir toute fuite, l’homme est retenu dans une cage, enchaîné. L'arrestation de Cartouche (gravure du 18e siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France) Le Tout-Paris élégant défile devant Cartouche, curieux de voir l’ennemi public N°1. Le Régent, lui-même, lui rend visite. Le théâtre s’en mêle et la Comédie-Italienne représente un Cartouche. Le procès de Cartouche L’homme arrêté nie être Cartouche. Il dit ne savoir ni lire, ni écrire et feint de ne pas reconnaître sa mère. Il s’agit du seul système de défense que le bandit a trouvé. Les mondanités qui se déroulent au Châtelet finissent par irriter le Parlement qui fait transférer le prisonnier à la Conciergerie. Cartouche subit le supplice des brodequins. Dans ses jambes, le bourreau enfonce huit coins de fer qui broient ses chairs. Son courage aura été vain car les juges, qui ont déjà pris leur décision, le condamnent à être roué vif sur la place de Grève. L’exécution de Cartouche Le jour de son exécution, Cartouche, entouré de 200 archers, espère un miracle. Il pense que ses hommes vont intervenir. Malheureusement, personne ne bouge. Il déclare qu’il accepte de faire des aveux. Ramené devant les juges, il reconnaît être Cartouche et donne les noms de ses complices. 18 heures durant, on fait défiler les hommes devant lui qu’il dénonce. Cette dénonciation ne le sauvera pas. Aussitôt après, il est reconduit place de Grève. Après avoir rompu ses membres avec une masse de fer, le bourreau place son corps ensanglanté sur une roue fixée au sommet d’un poteau. La légende de Cartouche ne fait que commencer. Sa mort en a fait un héros martyr du pouvoir royal et des riches. Cette image flatteuse de redresseurs de torts n’est sans doute pas usurpée. Son idéal n’était de toute évidence pas partagée par ses hommes, des mercenaires prêts à tout pour s’enrichir. V.Battaglia (8.08.2005) Bibliographie principale Les grands procès Editions Larousse 1995 < Histoire |