Belgique : Flamands et francophones
Le Vlaams Belang
((Intérêt flamand), parti d'extrême
droite nationaliste et séparatiste belge,
est en bonne place dans les sondages pour les
élections municipales. C’est donc à nouveau l’union de la Belgique qui pourrait être remise en cause. Il faut remonter à l’origine de la création de la Belgique pour mieux comprendre cette barrière linguistique et idéologique. |
La Belgique sous l’empire romain Avant l’arrivée des Romains, des populations d’origine généralement celtique (Morins, Ménapiens, Nerviens, Trévires, Éburons, Aduatuques) occupent la Gaule Belgique, qui s’étend de la Seine au Rhin. Celle-ci est conquise par César (57-51 avant J.-C.) et organisée en province sous Auguste (capitale Reims), ultérieurement subdivisée en trois provinces : la Germanie Seconde, le long du Rhin, la Belgique Première et la Belgique Seconde, plus à l’ouest et au sud. Exposition florale sur la Grande Place à Bruxelles . By Bram Souffreau Vers
350, s’installent au nord du pays les Francs
Saliens, auxquels Julien l’Apostat reconnaît
(358) le statut de fédérés
; ils passent, sous Clovis, à la conquête
de la Gaule tout entière (vers 500). Du Moyen Âge à l’indépendance Portion du royaume franc où s’élabore la puissance des Carolingiens dès le VIIe siècle, la Belgique est divisée par Charlemagne en comtés. Le traité de Verdun (843) la partage entre les deux royaumes de France et de Lotharingie, mais celui-ci passe en 870 et 880 à la Germanie, dont l’Escaut devient la frontière. À la fin du XVIIIe siècle, en réaction contre des réformes conçues par Joseph II, sans tenir compte des particularismes locaux, le fait national belge devient réalité. La Révolution brabançonne (1789) chasse les Autrichiens, réunit à Bruxelles les états généraux, qui proclament, le 11 janvier 1790, l’indépendance des États belgiques unis. Mais
les Belges se divisent, et les Autrichiens réoccupent
leur pays (décembre 1790) ; ils en sont
chassés par les Français, victorieux
à Jemmapes (novembre 1792). Le régime français (1795-1815) unifie administrativement la Belgique. , les principes révolutionnaires (liberté individuelle, égalité de tous devant la loi), le Code civil napoléonien y sont introduits. Napoléon rétablit la paix civile et religieuse. Il restaure la prospérité économique, mais la conscription rend son gouvernement impopulaire. Bourse à Bruxelles. By Today is a good day Lors de l’effondrement de l’Empire (1814), l’Angleterre, en opposition à la France, décide le principe d’une union des Provinces-Unies, des anciens Pays-Bas autrichiens et de l’évêché de Liège en un royaume des Pays-Bas, créé au profit du prince d’Orange, devenu le roi Guillaume Ier. Mais, le 25 août 1830, exalté par la réussite de la révolution parisienne de juillet, Bruxelles s’insurge ; le 27 septembre, les troupes néerlandaises l’évacuent et, en octobre, elles abandonnent toute la Belgique, sauf la citadelle d’Anvers. Les états généraux proclament la séparation du Nord et du Sud (29 septembre 1830), et, le 4 octobre, l’indépendance de la Belgique. La coupure entre Flamands et francophones La « question royale » empoisonne les années d’après-guerre. Alors que la plupart des Flamands veulent tirer un trait sur les ambiguïtés ou les compromissions qui ont caractérisé les relations avec les Allemands, les francophones refusent le retour sur le trône de Léopold III. Le
roi renonce à régner sur une Belgique
divisée et abdique en faveur de son fils
Baudouin (1951). Bruges. Par Patrick 2978 Dès les années 1960, la coupure entre Flamands et francophones domine la vie politique belge. Certes, elle n’est pas dénuée de liens avec les conflits religieux, politiques et sociaux, puisqu’une Flandre pratiquante, conservatrice et économiquement active, se différencie d’une Wallonie déchristianisée, socialiste et victime de la désindustrialisation. Le
durcissement du conflit communautaire constitue
l’élément majeur de la situation
contemporaine. Arche du cinquantenaire . Par Tanukisan Elle trouve sa traduction la plus claire dans la fixation définitive de la frontière linguistique en 1963. Objet de marchandages complexes, elle laisse des insatisfaits dans les deux camps, notamment du côté wallon, ou les Fourons (près de Liège) sont rattachés à la Flandre contre la volonté de la majorité de leurs habitants. Plusieurs crises y auront leur origine, notamment celle de 1986, lorsque le bourgmestre José Happart est destitué pour méconnaissance de la langue néerlandaise. Seule, Bruxelles, ville flamande à l’origine mais fortement francisée depuis lors, conserve un statut de bilinguisme. Bruxelles . By Lasagna Boy Une fois la frontière linguistique fixée, les trois grands partis organisent une « table ronde » pour envisager une révision de la Constitution, mais ils ne parviennent pas à un accord. On trouve là néanmoins le point de départ d’une évolution qui conduit à la régionalisation puis à la fédéralisation de la Belgique. La Belgique : un Etat fédéral Quatre réformes de la Constitution ont été nécessaires pour aboutir à un fédéralisme qui laisse les Flamands mécontents. En 1970 sont constituées les Régions de Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale et les Communautés flamande, française et germanophone. Ce n’est qu’en 1993 que la Belgique devient officiellement fédérale. By Flayas Divisions administratives actuelles : 3 régions administratives : la Flandre, la Wallonie et Bruxelles (région-capitale) Moins peuplée que la Flandre, la Wallonie se caractérise par un niveau de vie inférieur. Cette disparité renforce les dissensions entre les deux communautés. La Belgique en crise Le conflit communautaire a refait surface suite à des crises successives : L’« affaire Dutroux « en 1995. Ce fait divers tragique sur le viol et l’assassinat de plusieurs jeunes filles a pris la dimension d’une affaire d’État au fur et à mesure que s’accumulaient les révélations sur les dysfonctionnements des services de police et de la justice En septembre 1998, le décès d’une expulsée africaine fait tomber le ministre de l’Intérieur En mai-juin 1999, la contamination des poulets à la dioxine provoque la démission des ministres de l’Agriculture et de la Santé publique En
juillet 1999, après les élections,
législatives, pour la première fois
depuis quarante ans, le nouveau gouvernement de
coalition, formé de six partis et dirigé
par le libéral Guy Verhofstadt, ne comprend
pas de démocrates-chrétiens. Port d'Anvers . By e 3000 Un
éclatement de la Belgique poserait évidemment
de nombreux problèmes, et pas seulement
financiers. La monarchie ne constitue plus un
ciment aussi fort que par le passé. La question de Bruxelles apparaît plus délicate : les Flamands y ont symboliquement conservé le siège de leurs institutions mais un rattachement à la Flandre paraît impensable pour une région qui est francophone à 85 % environ. Bruges et ses canaux . By Joe the Lion L'extrême
droite flamande met en avant pour ces élections
municipales ses deux thèmes de prédilection:
l'immigration et l'antagonisme supposé
entre la Flandre au nord et la Wallonie au sud. L’art du compromis, dans lequel les Belges sont passés maîtres, devra donc plus que jamais être mis à contribution pour maintenir l’existence même du royaume. Résultats des élections municipales (09.10.2006) Le
Vlaams Belang s'est imposé comme le premier
parti dans sept municipalités flamandes. Sur les 55 sièges du conseil municipal, les socialistes en recueillent 22 et le Vlaams 20. Lors des précédentes municipales de 2000, le parti d'extrême droite était arrivé en tête à Anvers avec un tiers des voix, mais il avait été écarté du pouvoir par un "cordon sanitaire", coalition disparate de partis opposés à cette formation xénophobe et séparatiste. Filip
Dewinter, chef du Vlaams à Anvers, a reconnu
que les résultats de son parti étaient
décevants dans la ville, mais les a attribués
au vote des immigrés. V.Battaglia (08.10.2006) Crédit photographique Toutes les photos, sauf mention contraire, étaient sous Licence creative commons Attribution-Non Commercial-No Derivs 3.0 Unported au moment de la mise en ligne de ce dossier et proviennent du site FlickR |