Alamo
David Crockett a fait entrer le siège de fort Alamo dans la légende. La défense de ce fort est l’une des batailles les plus célèbres de l’histoire des États-Unis. Des générations d’écoliers américains n’ont cessé d’en embellir le contenu.
Mais quelles furent les causes de cette bataille acharnée ? Le mythe du siège du fort d’Alamo est-il réel ?
L’histoire d’Alamo
L’histoire d’Alamo commence dans les années 1820, lorsque le Mexique, confronté à des révoltes d’Indiens, décide d’ouvrir ses territoires du Nord aux pionniers américains, alors considérés comme une force stabilisatrice dans la région.
Nous sommes alors en pleine Conquête de l'Ouest en Amérique.
Bien qu’ils aient prêté serment de respecter les lois mexicaines pour pouvoir s’installer, les colons américains s’insurgent rapidement contre les levées d’impôts, l’absence de jury lors des procès et l’abolition de l’esclavage.
En 1835, ils se révoltent contre le gouvernement mexicain. Le général Antonio Lõpez de Santa Anna, président du Mexique, transfère rapidement des troupes dans la région, bien déterminé à étouffer la rébellion dans l’œuf.
Le général Santa Anna (Domaine public)
Après avoir mené une série de batailles contre les insurgés, Santa Anna se concentre sur un groupe de Texans qui occupent depuis décembre une forteresse à San Antonio : fort Alamo.
Le commandant de l’armée texane, Sam Houston, a ordonné l’abandon du fort, mais des hommes dirigés par James Bowie et William Travis ont décidé de passer outre et de le défendre coûte que coûte.
James Bowie. (Monument commémoratif d'Alamo). By The Jacobin
Le contrôle de cette région est essentiel pour les Mexicains. Aussi, dès janvier, Santa Anna arrive devant le fort avec une armée de 2 400 hommes.
Le siège de fort Alamo
Le siège commence le 23 février 1836. Les défenseurs du fort ne sont que 145. Des renforts les feront passer à 187, huit jours plus tard.
Le déséquilibre des forces est tel que défendre ce fort semble une action suicidaire. Travis s’en rend d’ailleurs bien compte car le 3 mars il offre la possibilité à ceux qui le souhaitent de quitter Alamo en se faufilant entre les lignes ennemies.
Un seul homme saisira cette chance : Louis Rose. Ce sera le seul homme survivant.
William B.Travis (Domaine public)
La légende veut que Travis ait tracé une ligne sur le sol et ait demandé à tous ceux qui acceptaient de mourir avec lui de l’enjamber.
Mais, cette anecdote n’est connue que par le récit, postérieur de 40 ans au siège, d’un homme qui l’aurait entendue de la bouche de ses parents, lesquelles l’auraient recueilli de Rose lui-même …
Canon du fort Alamo. By> Stephen Witherden . (Site de l'auteur)
Travis n’ignorait pas qu’il n’y avait aucun espoir. Une légende, invérifiable, prétend qu’il a envoyé une messagère à Santa Anna pour lui dire que les Américains acceptaient de se rendre s’ils avaient la vie sauve.
Si l’histoire est vraie, Santa Anna, a refusé l’offre, puisqu’il engagea le combat décisif dans la nuit du 5 mars.
L’assaut final d’Alamo
Les Américains réussirent d’abord à repousser les Mexicains mais, épuisés par le siège, ils ne parvinrent pas à maintenir leur effort.
Après un deuxième assaut infructueux au matin, Santa Anna en lance un troisième dans la journée.
Le 6 mars, à 21 heures, le fort est pris par les Mexicains. Officiellement, 200 Mexicains sont morts et 400 sont blessés.
Mais, ces chiffres sont contestables. Santa Anna a en effet transmis de faux rapports pour masquer les dommages subis par son armée.
Certains historiens ont avancé les chiffres de 1 600 morts et blessés.
Dessin de l'assaut final sur Fort Alamo. By Stephen Witherden
Il a été prouvé assez récemment que plusieurs Texans, dont Davy Crockett, ont survécu à l’assaut et ont été exécutés après coup.
On sait aussi que les cadavres des hommes furent dépouillés de leurs vêtements puis brûlés, et que les femmes, les enfants et l’esclave de Travis furent épargnés.
Aube sur Alamo, tableau de H.A. Mccardle (Domaine public)
Les spécialistes de l’histoire militaire considèrent aujourd’hui que la décision des Texans de défendre le fort était irréaliste. Cependant, la personnalité des combattants, Davy Crockett, James Bowie et William Travis, était si exceptionnelle que leur mort ne pouvait qu’engendrer un mythe patriotique.
Davy Crockett (Monument commémoratif d'Alamo). By The Jacobin
Leur extraordinaire vaillance contribua ainsi à galvaniser les troupes conduites par Sam Houston, le futur président de l’éphémère république du Texas. Six semaines plus tard, elles écrasèrent les forces mexicaines à San Jacinto.
En 1848, le Mexique, par le traité de Guadalupe-Hidalgo, cède à l’Union américaine le Texas mais aussi la Californie, l’Arizona, le Nevada, l’Utah et le Nouveau-Mexique.
Il est à souligner que Bowie et Crockett ont été plus glorieux, morts, que vivants. L’officier Bowie avait été dégradé et Crockett venait de perdre l’élection au Sénat du Tennessee.
La fiabilité des témoignages
Nous connaissons les détails de la bataille d’Alamo par les récits des survivants, qu’il s’agisse de civils épargnés ou de soldats mexicains.
La version des Mexicains insiste moins, bien sûr, sur l’héroïsme des Texans.
Eglise restaurée de fort Alamo. By Stephen Witherden
Parmi les récits des civils, les plus fiables sont ceux de l’esclave noir du colonel Travis, Joe, et du fils d’un soldat texan, qui était alors âgé de 8 ans.
Les femmes, pour la plupart, étaient cachées, et n’ont donc pas vu toute la bataille.
Enfin, des hommes qui errèrent autour de San Antonio des semaines après la bataille, prétendant être les seuls survivants, sont à l’origine de la plupart des légendes concernant Alamo.
V.Battaglia (4.11.2005)
Références
La conquête de l’Ouest. L’Histoire du Monde N°95. Editions Larousse 1993
Historia N° 386. 1979
Sacrificed At The Alamo : Tragedy And Triumph In The Texas Revolution Military History Of Texas Series, No - 3. Richard Bruce. Editeur : Mcwhiney Foundation Press.
2004