Chasse à l'aide d'un aigle royal
Le peuple kazakh de Mongolie pratique traditionnellement
la chasse à l’aide d’un
aigle royal (Aquila
chrysaetos). Ils utilisent toujours
des aigles femelles. La chasse au rapace
est vieille de plus de mille ans. Les Kazakhs
l’ont héritée de leurs
ancêtres du Turkestan.
Ils utilisaient déjà des aigles
royaux au 15e siècle lorsque leur
peuple s’est constitué.
Le peuple des Kazakhs
Cette région perdue est séparée du reste
de la Mongolie par la rivière Hovd et de la Chine par
les montagnes de l’Altaï.
Aucune culture n’est possible dans une région
où les précipitations n’excèdent
pas 25 cm par an.
Le peuple kazakh de Mongolie pratique traditionnellement la chasse à l’aide d’un aigle royal. By Tiarescott
Des Kazakhs se sont installés ici à la fin
du 17e siècle, fuyant des guerres internes, puis ils
ont pris le contrôle du territoire.
Les Mongols y ont été exterminés par
un empereur mandchou.
Aujourd’hui, les populations rurales musulmanes ont conservés leur langue et leurs traditions dont la chasse à l'aide des aigles royaux.
Regard perçant de l'aigle royal. By Just Chaos
Après l’effondrement de l’Union Soviétique
en 1991, de nombreux habitants ont quitté Baian-ölgi
pour rejoindre le Kazakhstan, leur mère patrie.
Il ne resterait environ que 35 000 Kazakhs dans cette région
actuellement.
La technique de la chasse à l’aigle royal
L’atout le plus précieux de l’aigle royal est sa vue. Elle est environ 8 fois plus perçante que celle de l’homme.
Les Kazakhs chassent toujours avec des aigles femelles. Ils jugent les mâles moins agressifs. Ce sont en effet les femelles qui défendent le nid. Elles pèsent jusqu’à 7 kilos, presque un tiers de plus que leur compagnon. L'aigle royal peut atteindre une envergure de 2,20 m.
Dressage d'un aigle royal en Mongolie. By Tiarescott
Le chasseur doit garder le bras ferme sous le poids de son
aigle. Ce dernier referme ses ailes de deux mètres
d’envergure.
Lorsque le rapace s’élance à la poursuite
d’un animal dans la vallée, le chasseur saute
sur son cheval. Il doit retrouver son aigle avant que celui-ci
n’abîme la fourrure de la proie ou qu’il
ne se fasse blesser par elle.
Jeune Mongol et son aigle royal. By Tiarescott
L’aigle, à l’approche de sa proie, freine
de toutes ses forces. Il peut atteindre 160 km/h en piqué.
Il s’empare alors de sa victime, un renard par exemple.
Il le paralyse avec la pointe de ses serres. Celles-ci exercent
une pression de plusieurs centaines de kilos par centimètre
carré.
Quand la victime essaye de s’échapper, l’aigle
lui flanque un vigoureux coup de patte sur la face avant de
l’achever avec son bec puissant.
Cet aigle royal apprivoisé freine aà l'approche de sa proie. By Brian Scott
A l’état sauvage, l’aigle royal chasse
de préférence de petites proies bien que sa
force lui permette d’emporter de jeunes chamois.
Mais, une fois dressé, il peut s’attaquer à
des loups ou des lynx qui sont cinq fois plus gros que lui.
Comment capturer un aigle royal
Avant de les dresser, les chasseurs doivent capturer des aigles. Ils utilisent un filet tissé à la main, sept bâtons, trois lièvres congelés et un corbeau menaçant.
L’atout le plus précieux de l’aigle royal est sa vue. By Big Kids love toys
Le chasseur suspend le filet dehors, entre les
bâtons dressés, formant ainsi un cercle autour
de son appât.
Quand l’aigle descend en piqué pour effrayer
le corbeau et ravir les carcasses de lièvres, le piège
se referme sur lui et il est capturé comme un papillon.
Le dressage de l’aigle royal par les Kazakhs
Il est plus difficile de dresser l’aigle que de le capturer. Ses pattes sont coincées dans des sangles de cuir et attachées à un bloc en bois sur une longe en peau brute.
Un aigle royal qui chasse. By Jack Spelling bacon
A chaque fois que l’aigle essaye de s’envoler, il retombe aussitôt en culbutant.
C’est une lutte de deux jours et même plus qui s’engage alors entre l’animal et l’homme. Au terme de cet exercice, l’aigle épuisé est apprivoisé ou presque …
Un entraînement avec des proies tenues en laisse le conditionne à attaquer.
V.Battaglia (04.02.2006)
Références
Les oiseaux de proie. Editions Atlas
National Geographic
octobre 1999