2012
Film réalisé par Roland Emmerich
Date de sortie : 11 Novembre 2009
Avec John Cusack, Chiwetel Ejiofor, Amanda Peet
Film américain. Genre : Science fiction
Distribué par Sony Pictures Releasing France. Site officiel du film
2012 est le prochain film de Roland Emmerich, bien connu pour ses blockbusters tels que Le jour d’après ou Independence Day.
Cela n’étonnera donc personne que le calendrier Maya et sa célèbre prophétie sur la fin du monde le 21 décembre 2012 ait inspiré cet habitué des films catastrophes sur fond d’observations scientifiques.
Synopsis
2012 relate la fin de l’humanité et le combat d’une poignée de survivants suite à un cataclysme planétaire. Si j’en juge par la bande annonce et les quelques vidéos visibles sur le Net, nous allons avoir droit à bon nombre de clichés.
Le super-volcan de Yellowstone se réveille suite à l’impact et se transforme en une véritable bombe nucléaire puissance 1000, des tsunamis dévastateurs rasent tout sur leur passage et les buildings s’écroulent comme des châteaux de carte.
Mais, heureusement pour notre espèce, de braves américains se sortent de tous ces pièges.
Il reste encore un petit espoir car le gouvernement a prévu la catastrophe et a pris soin de construire des vaisseaux.
La bande-annonce en jette un maximum mais attention, ça aussi, c’est une habitude de ce réalisateur. Il est très doué pour nous appâter avec des effets spéciaux de toute beauté ; le problème, c’est qu’une fois passée l’intro, la suite est plutôt creuse.
Dans le Jour d’après, on a eu droit à 10 mn de feu d’artifice puis à 2 h d’ennui. Non parce que franchement, ces clichés psychologiques à trois balles, c’était d’un chiant !
© Sony Pictures Releasing France
Je crains d’ailleurs qu’on nous ressorte les mêmes clichés réchauffés dans 2012 avec le bon père de famille qui se bat pour protéger les siens, l’adolescent à problème qui gonfle tout le monde et le chien perdu qui se fait écraser ce qui fait toujours craquer les abonnés de 30 millions d’amis.
Quoique depuis la sortie de Home, l’ours polaire soit plus à la mode.
Mais, moi, je vous parie que tout ça se terminera par un happy end autour du drapeau américain, une autre mauvaise habitude d’Emmerich.
Quand la planète X rencontre le calendrier Maya
R. Emmerich a repris sa bonne vieille recette déjà utilisée dans le Jour d’après. Rappelez-vous, il s’agissait du combat héroïque d’un petit groupe de survivants suite à un changement climatique brutal.
Dans 2012, on remet le couvert mais cette fois, on assiste à la concrétisation de la prédiction des Mayas.
Comme vous le savez certainement, leur calendrier prévoit la fin du monde ou plutôt, la fin d’un monde ou d’un cycle, le 21 décembre 2012.
D’après l’interprétation que l’on peut faire de leur message, il s’agirait d’une menace venue du cosmos.
Et Emmerich a bien rebondit sur cette interprétation plausible en mettant en scène la planète X qui devient l’outil destructeur de notre civilisation.
© Sony Pictures Releasing France
La planète X est également connue sous le nom de 12e planète. C’est Zecharia Sitchin qui a été le précurseur des théories sur le rôle joué et à jouer par cette planète.
Il a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet dont notamment « La 12e planète » en 1976.
Il faut quand même savoir que nous n’avons jamais eu de preuve formelle sur l’existence de cette planète contrairement à ce qui est dit sur le site officiel du film.
Emmerich semble s’être beaucoup inspiré des écrits de Sitchin pour construire son scénario. En effet, outre le calendrier Maya, il fait référence à la Bible et aux prophéties de l'Apocalypse selon Saint-Jean.
A cet égard, Zecharia Sitchin écrit :
« D’une incroyable manière, plus s‘accroît notre savoir sur la Terre et tout ce qui y vit, plus la science moderne corrobore ce que le livre de la Genèse nous a toujours conté…
Il y a à peine plus de cent années que furent mises au jour, en Mésopotamie, des tablettes d’argile couvertes d’écriture.
Datant de plusieurs millénaires, elles ébranlèrent les convictions scientifiques, culturelles et religieuses du 19e siècle : en effet, elles montraient sans l’ombre d’un doute, que les histoires bibliques concernant la création de la Terre et de la vie, la création de l’Homme, le Jardin d’Eden, le Déluge, la Tour de Babel…étaient en fait des récits écrits pour la première fois par des Sumériens, il y a 6000 ans, en Mésopotamie. »
Sitchin est convaincu que les récits mythologiques des Sumériens, des Babyloniens et des Assyriens étaient en fait des archives de ce qui s’est déroulé sur Terre.
Il est également convaincu de l’existence de cette planète X qui d’après lui a permis aux Anunnakis « Ceux qui des cieux vinrent sur Terre » de se rendre sur Terre pour y édifier nos civilisations.
© Sony Pictures Releasing France
En résumé, il croit qu’une race extraterrestre est à l’origine de notre présence sur Terre et que nous en sommes donc les descendants.
Zecharia Sitchin est un écrivain très attiré par l’occultisme qui maitrise le sumérien ainsi que d’autres langues anciennes.
Il s’est appliqué à traduire de nombreux artefacts pour élaborer ses théories. Inutile de préciser que ses théories ne sont pas du tout reconnues par la communauté scientifique.
Il faut dire qu’il ne manque pas d’imagination et qu’il a construit une rocambolesque théorie d’un clonage entre cette race extraterrestre et notre bon vieil Homo erectus pour créer Homo sapiens.
Aux dernières nouvelles, Zecharia Sitchin a annoncé la fin du monde pour 2085. Moi, à choisir, je préfère nettement cette date.
Cependant, malgré ses égarements, Sitchin n'a pas dit que des bêtises. Certaines de ses hypothèses se sont révélées justes. Je suis honnête et je rends à César ce qui lui appartient.
Que pense la science de la planète X ?
Emmerich et le site officiel prennent de sacrés raccourcis en affirmant que les astrophysiciens reconnaissent la présence d’une planète cachée au sein de notre système solaire.
L’affaire n’est pas si simple et pour tout dire très controversée.
La recherche de la planète X a débuté dès le début du 20e siècle. Le premier à s’y être intéressé est Percival Lowell en 1909.
Puis en 1919, suite à des anomalies constatées dans les orbites d'Uranus et de Neptune, William Henry Pickering supposa qu'il existait une planète à l'origine de ces anomalies.
John Cusack © Sony Pictures Releasing France
En 1978, les astronomes de l'observatoire de la Marine US à Washington, Richard Harrington et Thomas Van Flanders, établirent que les orbites de Neptune et Uranus avaient subi des perturbations venant de l'attraction gravitationnelle d'un corps céleste, baptisé Planète X.
Là où ça devient vraiment intéressant c’est quand on aborde l'hypothèse Némésis. C’est à partir de cette hypothèse qu’Emmerich a certainement eu l’idée de son scénario.
En effet, en 1984, Richard A. Muller (Université de Berkeley) émet l'hypothèse que les extinctions d’espèces sur Terre sont cycliques et sont dues à des pluies de comètes. C’est la naissance de l’hypothèse Némésis.
L’hypothèse Némésis est reprise par D. Whitmire, J. Matese et Luis Walter Alvarez pour expliquer notamment l’extinction des dinosaures.
Une planète serait à l’origine de ces catastrophes. Elle reviendrait périodiquement près de la Terre en nous bombardant de météorites.
Je vous invite à lire mon dossier sur la théorie des cycles concernant les extinctions de masse qui, sans vouloir m’avancer, me parait nettement plus réaliste.
On sait aujourd’hui, grâce à la sonde Voyager 2, qu’une erreur avait été commise sur la masse de Neptune, ce qui expliquait ces anomalies.
L’orbite de cette planète n’a en fait rien de mystérieux et aucun objet caché ne vient la contrarier.
Grâce au progrès technique, nous sommes certains qu’il n’existe aucune planète inconnue dans notre système solaire. Cependant, que nous soyons bien clairs sur les termes employés. Il n'existe pas de corps à la masse équivalente à celle d'une planète.
Par contre, il est impossible d'affirmer qu'in n'existe pas un corps inconnu dont la masse serait beaucoup plus petite. En dehors de notre système solaire, c'est la grande inconnue ce qui laisse la porte ouverte à toutes les suppositions. Mais "supposer" n'est pas "prouver" et la science a besoin de preuves pour avancer.
Critique du film
2012 est à l’image que je m’en étais fait dès les premières news. Cependant, résumer ce film à un gros blockbuster pour neuneus serait très réducteur.
Le film commence en fanfare avec la destruction de Los Angeles. Il faut reconnaître que le spectacle est apocalyptique et les effets spéciaux de toute beauté.
Le héros est un bon père de famille ce qui n’étonnera pas les habitués. D’ailleurs, avez-vous remarqué que dans tous les films d’Emmerich, les actes héroïques se déclinent au masculin ?
A croire que le réalisateur a arrêté son compteur dans les années 1960. Une fois de plus, les femmes sont cantonnées dans des rôles secondaires et sans grande envergure.
Passons sur ce machisme typiquement hollywoodien.
Affiche du film. © Sony Pictures Releasing France
Notre héros se nomme Jackson Curtis. Ce romancier, séparé de sa femme, va devoir rassembler sa tribu pour quitter Los Angeles en plein chaos. Il faut traduire qu’il traîne derrière lui sa femme et sa fille, aussi actives que des moules et casse-pompon à souhait, tout en transmettant à son fils, un jeune padawan, style tête à claques, les vraies valeurs du Jedi.
Alors que la ville tombe en sucette, notre surhomme qui est le jumeau de Bruce Willis, se joue de tous les dangers. Rien ne lui résiste et ce ne sont pas quelques volcans en éruption, des tours qui s’écroulent ou des failles qui s’ouvrent sous ses pieds qui l’empêcheront de sauver son clan.
L’apocalypse s’est déchainée sur Terre : les plaques tectoniques s’entrechoquent entraînant éruptions volcaniques, tremblements de terre, tsunamis et engloutissant au final notre belle civilisation.
J’ai adoré la scène de l’engloutissement dans les eaux de l’Himalaya.
Tsunami dévastateur. © Sony Pictures Releasing France
Sur fond de désastre planétaire, Emmerich égratigne au passage les puissants de ce monde. Sur les 6 milliards d’êtres humains, une poignée doit être sauvée : les plus riches et les plus influents.
En secret, l’élite mondiale et surtout américaine a construit des vaisseaux en prévision du grand chambardement.
Les thèmes philosophiques et politiques abordés sont traités avec autant de finesse qu’un tir de la grosse Bertha.
Plus fort que Bruce Willis ! © Sony Pictures Releasing France
Emmerich nous ressort la bonne vieille soupe habituelle et qui fait toujours recette. En bref, tous les politiciens sont véreux et plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par le devenir de l’humanité. Les hommes influents, tous au CAC 40, se moquent royalement de nous autres, pauvres mortels, du moment qu’ils peuvent continuer à roupiller sur leur gros magot, caché dans un paradis fiscal quelconque.
Je suis persuadée que le message va passer 5 sur 5 dans le contexte morose actuel.
En résumé
Si vous aimez les films bourrés d’effets spéciaux, 2012 vous ravira.
Si vous recherchez des explications scientifiques fiables pouvant accréditer ou non la prédiction Maya, inutile de vous déranger.
Par rapport à "Le Jour d’Après», l’action est plus soutenue et le rythme beaucoup moins lent. On ne s’ennuie pas mais à l’issue de la longue séance, on a bien du mal à retraduire clairement le message si important qu’était sensé nous faire passer R.Emmerich.
J’ai aimé
Les effets spéciaux
Pouvoir manger du pop-corn, au milieu du tintamarre, sans déranger mes voisins
Je n’ai pas aimé
Les relations sentimentales et psychologiques mièvres
Le scénario cucul la praline
Les prétendues théories scientifiques à trois balles
V. Battaglia (01.07.2009). M.à.J 11.11.2009